Du bon temps à La HavaneTexte: Kenneth Bagnell, collaborateur spécial Sun Media
Photos: Barbara Bagnell[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le soir approche, le soleil est toujours haut et je traîne sur le bord de la piscine du toit d'un hôtel de La Havane, observant les derniers rayons de lumière du jour.
Plus bas, la façade de pierre de la galerie d'art de La Havane prend lentement une couleur dorée. Le grand boulevard de la ville, le Prado, est silencieux, un peu comme si, à l'image des Cubains, il se demandait ce qu'il en est de la santé déclinante de Fidel Castro. Mais de telles questions ne me privent guère du plaisir de la scène.
Je me sens comme un homme qui a été témoin de ce moment il y a longtemps et qui a décidé que cela lui ferait oublier tout ce qu'il a déjà vu dans le passé.
Le charme de la Habana ViejaJ'ai passé avec ma femme Barbara plus d'une semaine à La Havane, dans la vieille cité - Habana Vieja- une enclave de 5 km carrés où les trottoirs sont remplis de nids-de-poules et où certaines maisons semblent sur le point de s'écrouler, mais où on trouve aussi des centaines d'immeubles charmants plusieurs fois centenaires, de galeries, de musées et de cathédrales. Un véritable festin pour les yeux.
Le musée de la RévolutionNous avons fait plusieurs visites, dont une tombée à point nommé, soit celle du Musée de la Révolution, qui propose une vision du passé cubain qui ne peut pas vraiment être reléguée au passé.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La plupart de ce qu’on y expose touche les années Castro et tous les maux qu'il a tenté de transformer en bien, incluant cette époque où les gangsters américains ont fait de La Havane ce que l'auteur de renommée mondiale Gabriel Garcia Marquez a surnommé «le bordel de luxe des États-Unis».
Parmi les objets exposés, un m'a semblé étrange pour un homme égalitaire comme Castro: la toge qu'il portait en octobre 1953 alors qu'il donnait sa fameuse défense: «l'Histoire m'absoudra». Peut-être, peut-être pas, tout dépendra de qui écrira l'histoire.
Sur les traces d'HemingwayLe premier hôtel où nous avons séjourné, Ambos Mundos - dans les profondeurs de la vieille ville; on peut réserver avec l'agence de voyage Sunwing - est bien connu pour la chambre dans laquelle Ernest Hemingway est resté à la fin des années 1920, et que nous avons visitée.
Au moment même de notre visite, de la musique nous est parvenu de plus bas. Il s'agissait d'un groupe de jeunes Cubains, montés sur des échasses, qui paradaient comme au temps du carnaval. À leur vue, nous nous sommes demandé s'ils avaient lu «Pour qui sonne le glas», écrit par Hemingway lorsqu'il habitait au Ambos Mundos.
Les rues de la Vieille Havane sont la preuve vivante que la révolution n'a pas mis fin à la riche vie sensuelle des Cubains. Sur la rue Obispo, où j'ai marché en compagnie de Barbara, de jolies filles déambulent, vêtues de t-shirts sur lesquels sont imprimés d'audacieux slogans: «Invitez-moi à sortir», ou «Je viens de le faire».
Le fameux club Tropicana[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tropicana est un souvenir joyeux d'une autre époque de La Havane. Ce n'est pas osé, puisque même si les filles y dansaient jadis les seins nus, un puissant bureaucrate a cru bon y mettre fin, estimant que cela nuisait à l'image du socialisme cubain. Le spectacle vaut la peine d'être vu, les chorégraphies sont précises, la mise en scène est mémorable.
À propos de FidelNotre guide connaissait bien La Havane. Diplômé de l'Université de La Havane, Onelio Rodriguez, une personne brillante, nous a emmené ici et là, et était de compagnie plaisante. Les conversations déviaient naturellement sur Castro - sa maladie, l'avenir.
Contrairement à certaines personnes que j'ai rencontrées et qui ne voulaient pas discuter de Fidel Castro, Onelio, dans toute son affabilité, n'y voyait pas d'inconvénient.
«Nous sommes très confiants de le voir prendre du mieux. Les médecins d'Espagne qui l'ont examiné croient cela. Mais tout le monde meurt, et lorsque cela va arriver, son frère Raul sera là. Et Raul est très accessible, facilement approchable.»
Quant la question des relations avec les États-Unis et l'embargo commercial, il affirme: «Je crois, si les Américains élisent un président démocrate, qu'il y aura une légère amélioration, puis davantage d'améliorations. C'est comme ça que ça va se développer. Le changement arrivera petit peu par petit peu par petit peu.»
À propos du tourismeDans les années suivant l'écroulement de l'Union soviétique, le principal soutien de Cuba, le pays s'est tourné vers le tourisme. Les Canadiens s'y sont envolés. Plus d'un demi-million y vont chaque hiver, la plupart pour des vacances à la plage. «C'est super qu'autant de personnes viennent, note Onelio Rodriguez, pas seulement une fois, mais régulièrement.»
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En conséquence, les hôtels, dont ceux de La Havane, s'améliorent grandement. Mais la nourriture reste un problème. Nous avons mangé dans plusieurs restaurants, dont deux rendus célèbres par Ernest Hemingway: La Bodeguita, où il a aimé le mojito, et El Floridita, où il préférait le daiquiri. Les verres sont toujours aussi bons, mais malheureusement, Cuba n'est généralement pas encore une place de réputation culinaire _ la nourriture n'a pas assez de saveur et la préparation n'est pas assez imaginative.
Nos meilleurs repas ont été ceux que nous avons pris au luxueux hôtel Parque Central. Là, dans une salle à manger resplendissante, à une table sur le bord d'une fenêtre -à travers laquelle un piéton nous a dessiné pour ensuite nous soutirer un peso - nous avons vraiment apprécié la cuisine.
Mais de toute façon, aucun repas ne pourrait jamais égaler le plaisir que nous avons eu à simplement regarder la vue de La Havane depuis la piscine du toit du Parque Central.
Source: Canoe.ca