GTD n’a pas renouvelé son permis! Est-ce la fin?
Go Travel Direct n’a pas renouvelé son permis d’agence de voyages qui arrivait à échéance le 1er mai. Le bureau de Montréal est fermé et le site internet a été mis en veilleuse. Même si, sur la page d’accueil, une mention laisse entendre qu’on prépare la programmation de la prochaine saison d’hiver, il est impossible de rejoindre qui que ce soit au sein de l’entreprise.
À moins d’un revirement de
dernière minute (appréciez le clin d’œil!), il semble que le réseau de détail traditionnel a gagné la partie contre le
Attila de la vente en direct. Mais à quel prix?
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]À l’
Office de la protection du consommateur (
OPC), le porte-parole,
Jean-Jacques Préaux, a confirmé que le permis n’avait pas été renouvelé. Il a également indiqué que l’Office n’avait pas désigné d’administrateur temporaire pour gérer les dossiers en cours, pour la bonne raison… qu’il ne restait pas de dossiers en cours.
M. Préaux a également employé l’expression « suspension des opérations », laissant entendre qu’il se pourrait que GTD renaisse de ses cendres. Sur le site Web, seule la page d’accueil peut être consultée. On peut y lire, en petits caractères, la mention : « Nous préparons déjà notre offre de forfaits vacances pour la saison
automne-hiver 2009-2010. Nos forfaits seront disponibles très bientôt. »
Bureaux fermésUne visite éclair aux bureaux montréalais de la rue Émery nous a permis de constater que les locaux étaient fermés. À travers la vitrine, on remarque que si les meubles sont encore en place, toute la paperasse a été remisée dans des boîtes qui sont empilées et prêtes à être enlevées.
La ligne téléphonique a été décrochée. Deux appels sur la ligne
800 (1-866-749-3344) se sont soldés par de longues attentes (respectivement 20 et 13 minutes) au son du message (« Nous regrettons de vous faire attendre, blablabla… »), sans qu’aucun préposé ne finisse par prendre la ligne.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Nous avons appris que le vice-président marketing et ventes de GTD,
Dan Brennan, n’était plus à l’emploi de l’entreprise depuis la fin avril. Son remplaçant indique, pour sa part, sur sa boîte vocale, qu’il est absent jusqu’au 26 mai. Quant au président,
Hugh Boyle, il n’a pas retourné nos appels.
Ces derniers mois…On se souviendra que la compagnie sœur de GTD,
Zoom Airlines avait fermé ses portes en août 2008, après avoir lancé une série de liaisons aériennes entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Go Travel Direct avait poursuivi ses activités, en faisant transporter ses passagers sur
Skyservice. En septembre dernier, le spécialiste de la vente en direct avait annoncé qu’il commercialiserait 40 000 sièges au cours de la dernière saison
automne-hiver, au départ de Montréal et Ottawa.
GTD avait de nouveau fait couler de l’encre en annonçant qu’il avait conclu une entente avec le transporteur finlandais
Finair pour exploiter une série de liaisons au départ de Montréal et Ottawa vers Londres et Paris.
Le 28 janvier, l’
Agence canadienne des transports (
ACT) lui avait servi un avertissement sévère, lui enjoignant de cesser de commercialiser ces vols. L’agence avait indiqué que Finair ne détenait pas les droits de desservir des routes Canada-Royaume Uni et que, d’ailleurs, elle n’avait reçu aucune demande du transporteur en ce sens.
La petite histoire[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]GTD et Zoom Airlines avaient investi le marché d’Ottawa en 2000. Les frères Hugh et J
ohn Boyle, propriétaires des deux entreprises, avaient fait fortune au Royaume-Uni, où ils avaient lancé le grossiste
Direct Holidays, qui devait plus tard servir de modèle à GTD. Ils avaient revendu Direct Holidays, qui faisait alors voyager 280 000 personnes annuellement, à
Airtour (aujourd’hui une des compagnies du groupe
Thomas Cook) pour la somme de 200 M$.
Hugh Boyle était venu s’installer à Ottawa, d’où il avait lancé Zoom et GTD. Même si la concurrence de GTD avait fait des ravages à Ottawa et dans l’Outaouais, ce n’est qu’à la suite de son implantation sur le marché montréalais, au début de l’automne 2004, que GTD avait commencé à faire les manchettes et est devenu la bête noire du réseau de distribution traditionnel. Ses premières publicités soulignaient notamment qu’en se passant d’agent de voyages, les consommateurs réaliseraient de substantielles économies.
Hugh Boyle invoquait deux facteurs pour justifier ces économies. Le premier était la vente
en direct, sans intermédiaire (l’agent de voyages, selon lui, faisant grimper les prix de 20 %). L’autre était Internet, qui canalisait 70 % des ventes en 2005-2006. Hugh Boyle s’était fixé un objectif de 80 % des ventes sur Internet.
En entrevue à
Tourisme Plus, M. Boyle avait déclaré que GTD avait vendu 62 000 forfaits pendant l’année 2005-2006, et ce, avec un effectif variant de 20 à 25 employés. « Pour le même volume, un grossiste traditionnel a besoin d’un personnel de 50 personnes », avait-il soutenu.
Les grossistes aussi avaient pris la mouche. Ainsi, en septembre 2004, GTD proposait un hôtel de Puerto Plata à 999 $ pour un départ de janvier.
Nolitours commercialisait le même hôtel pour 1 379 $ et
Tours Mont-Royal le vendait à 1 289 $. Autre exemple : le
Secret Excellence, sur la Riviera Maya, que GTD offrait pour 800 $ de moins que
Vacances Transat…
La victoire? Et à quel prix?Ces disparités ont amené
Transat Tours à adopter une stratégie de réduction des prix. ce qui a naturellement eu un impact majeur sur la rentabilité des agences. Bref, celles-ci ont peut-être fini par remporter une victoire, mais celle-ci leur a coûté et leur coûtera encore bien cher!
André Désiront