Cuba aux mille visages

Cuba aux mille visages
Gérard Coderre, collaboration spéciale
Le Soleil

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Rues pavées, toits de tuiles, fenêtres aux grilles ouvragées, Trinidad, ville
inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, est un des incontournables de Cuba.
Photo: Gérard Coderre, collaboration spéciale

Cuba ne se compare à aucun autre pays d'Amérique latine. Les Cubains ne se comparent à aucun autre peuple. L'île est à la fois antillaise, africaine et américaine. Cuba vit au ralenti, mais pas tout à fait comme aux Antilles. Cuba vit aux couleurs et aux rythmes d'Afrique, mais on n'y est pas encore. Cuba, c'est aussi, avec ses belles voitures d'autrefois, une certaine Amérique.

Le 1er janvier 1959, Fidel Castro prenait le pouvoir à Cuba. Même si aujourd'hui on pourrait croire que l'île ne peut être que castriste, elle a été pendant des siècles la porte d'entrée du Nouveau Monde. Pirates, esclavagistes, colonisateurs et révolutionnaires ont façonné non seulement le paysage, mais l'âme de ses habitants pour en faire un peuple diversifié et unique qui a forgé son identité à travers des siècles d'une histoire peu commune, et ce, bien avant l'arrivée de Fidel.

Déjà au début du XVIe siècle, la musique, la langue et les races se fondent pour créer une nouvelle nation composée de gens d'origine espagnole, d'esclaves noirs et de mulâtres qui pensent différemment, qui pensent cubain. Un peuple était né.

Après la longue période coloniale, les États-Unis prennent la relève des Espagnols à l'aube du XXe siècle et font de Cuba leur succursale. La Havane, avec ses casinos et ses boîtes de nuit, a des airs de Las Vegas. Corruption, prostitution et drogue sont alors le lot de la capitale.

La guérilla des barbudos (barbus) a finalement raison du régime de Batista et de l'hégémonie américaine au début de 1959. Et, 50 ans plus tard, Cuba n'a pas encore tourné la page. Les photos de Che Ghevara font toujours partie du paysage politique et on conserve bien vivants dans les musées du pays les souvenirs de la révolution. Ni l'embargo américain instauré en 1961 pour étouffer la révolution cubaine, ni la chute de l'empire soviétique au début des années 90 n'ont réussi à mettre Cuba à genoux.

Le tourisme, dans un tel contexte, est apparu comme une bouée de sauvetage et est devenu, au cours des dernières années, la principale industrie de Cuba. Les médecins deviennent chauffeurs de taxi et les institutrices s'improvisent femmes de chambre dans les hôtels.

La propagande du gouvernement au pouvoir est forte, même si le système craque de partout. Il n'y a pas de McDonald's ni de réclames publicitaires, mais les photos du Lider et du Che sont partout. Vamos bien! (Nous allons bien!) dit la publicité pour essayer de s'en convaincre.

Cuba colonial

La Havane, Trinidad, Cienfuegos, Santa Clara, Bayamo, Las Tunas, Sancti Spiritus, Camagüey et Santiago de Cuba sont des incontournables pour qui s'intéresse à la période coloniale du pays. Plusieurs de ces villes existaient déjà lorsque Jacques Cartier plante une croix à Gaspé, en 1534.

La Havane n'est peut-être pas la plus belle ville au monde, mais il s'en dégage une ambiance unique. Corrompue, fardée et meurtrie du temps où les Américains y avaient le haut du pavé, La Havane a mal vieilli, mais elle n'a jamais vraiment perdu son âme. Elle a toujours un charme fou et de la classe malgré ses murs décrépis. La capitale cubaine, en raison de son passé colonial, s'est méritée une place sur la liste des sites du patrimoine mondial.

On s'attardera également à Cienfuegos pour son théâtre et son centre historique, à Sancti Spiritus pour son pont de pierre donnant sur le centre colonial et à Santa Clara pour le mausolée de Che Guevara. Les centres historiques de Camaguey, de Bayamo, de Las Tunas et de Santiago de Cuba, plus à l'est de l'île, ne manquent pas d'intérêt non plus. Santiago a notamment joué un rôle non négligeable dans l'histoire de la révolution castriste et c'est là qu'est né, à la suite d'une tentative de coup d'État le 26 juillet 1953, le Mouvement du 26 juillet - aujourd'hui jour de fête nationale - , qui devait mener à la victoire de Castro et des barbudos en 1959.

Cuba de la canne à sucre

Trinidad est un incontournable de Cuba. Située à quelques heures de route de la capitale, Trinidad connaît une grande prospérité au XIXe siècle autour de la canne à sucre. Puis, par un revers de fortune, la ville sombre dans l'oubli et le temps s'arrête comme si elle était tombée dans une léthargie. Le XXe siècle passe sans la toucher. L'isolement a permis de garder la ville intacte.

Ville endormie dans le temps, Trinidad est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Rues pavées, toits de tuile, fenêtres aux grilles ouvragées, Trinidad est une ville musée. Les églises de la Popa, Santa Ana et Santissima, et le couvent San Francisco sont toujours là. Mais ce sont les demeures privées qui racontent le mieux les véritables préoccupations de l'époque. Quarante-cinq maisons classées font partie du centre colonial inscrit au patrimoine de l'humanité. Elles rappellent la vie fastueuse de l'aristocratie déchue des Caraïbes.

Trinidad a un charme fou. De dimensions humaines, on ne peut se lasser de circuler dans ses rues où même les maisons les plus humbles et accolées les unes aux autres racontent sans prétention deux siècles d'histoire. C'est sans contredit la plus belle et la plus photogénique des villes cubaines.

La vallée de Los Ingenios a fait la fortune de Trinidad et des planteurs de canne à sucre de l'époque. La vallée des quelque 80 sucreries - dont les moulins à sucre tournaient alors à plein régime et ont été abandonnés depuis - , est aujourd'hui également inscrite au patrimoine mondial.

Le pays du tabac

Vinales, à l'est de La Havane, est le pays du tabac. Située au coeur d'une vallée entourée de mogotes - ces pains de sucre de calcaire qui rappellent la région de la rivière Li en Chine - , Vinales est un arrêt incontournable pour qui veut prendre le pouls de la campagne cubaine. L'accueil y est exceptionnel. Lorsqu'on décide de découvrir la campagne environnante à pied à travers les champs de tabac, de maïs et de yuccas, et de jeter un coup d'oeil à l'intérieur des casas de tabaco, ces granges spécialement conçues pour le séchage du tabac, on ne peut garder l'anonymat bien longtemps. Les paysans sont toujours intéressés à expliquer comment ils fabriquent leurs cigares et tout ce qui entoure leur quotidien.

À Vinales, de nombreuses maisons traditionnelles en bois et aux couleurs éclatantes accueillent les routards du monde entier dans un décor bucolique. Dans la vallée de Vinales, c'est au chant du coq qu'on se lève le matin. On travaille dans les champs le jour et on passe la soirée sur son balcon pour profiter de la fraîcheur qu'apporte la fin du jour.

Repères

Population : L'île de Cuba compte plus de 10 millions d'habitants.

Formalités : Aucun visa n'est requis. Un passeport en règle suffit. Les autorités américaines refusant l'accès aux États-Unis aux voyageurs qui affichent dans leur passeport un tampon d'entrée à Cuba de moins de six mois, un carton indiquant la date d'entrée à Cuba sert de preuve d'entrée et doit être conservé jusqu'à la sortie du pays. Ambassade de Cuba : 388, rue Main, Ottawa (Ontario), K1S 1E3. Tél. : 613 563-0141.

Argent : Après avoir mis de côté le dollar américain, le gouvernement cubain a instauré une monnaie (peso convertible ou CUC) qui s'échange au pair avec le dollar américain. Cette monnaie, conçue à des fins touristiques et utilisée de plus en plus dans les échanges commerciaux entre les Cubains eux-mêmes, rend le peso cubain (25 pesos cubains pour un peso convertible) de plus en plus inutile. Le voyageur qui opte pour la formule tout inclus utilisera le peso convertible. Le voyageur autonome utilisera le peso convertible pour payer sa chambre chez l'habitant (casa particular), prendre l'autocar (Astro ou Viazul), payer ses courses en taxi ou manger dans la plupart des restaurants. Il utilisera le peso cubain pour acheter des fruits au marché, manger dans les gargotes donnant sur la rue ou dans les restaurants d'État, prendre l'autocar en région ou l'autobus local.

Les banques retiennent au moins 10 % de commission pour retirer de l'argent avec une carte de crédit et 20 % pour changer des dollars américains. Il est donc avantageux d'apporter avec soi des dollars canadiens ou des euros (argent comptant).

Transport : Vols réguliers entre les différentes villes du pays. Compter environ 150 $ pour un billet La Havane-Santiago (16 heures en autocar - 75 $). Les compagnies Astro et Viazul assurent un transport rapide en autocar entre les différentes villes du pays. Les taxis, souvent de belles américaines des années 50, assurent le transport à l'intérieur des villes.

Hébergement : De nombreux hôtels confortables un peu partout au pays. Loger chez l'habitant (casa particular) est la formule la plus économique à Cuba et permet de rencontrer des Cubains dans leur quotidien. On trouve des chambres avec salle de bains attenante, ventilateur et air climatisé pour 20 à 30 dollars par jour.

Sécurité : En prenant les précautions d'usage, Cuba est certainement l'un des pays les plus sûrs de la planète. C'est également le pays d'Amérique latine où les contacts sont les plus faciles avec les gens.

Source: Cyberpresse.ca

Merci Nicole...tres intéressant. Hummm je crois que j'aurai toujours un faible pour ce peuple
Bonne Semaine

Moi aussi!!! C'est un peuple que je trouve digne et fier!