Escale sur la côte TurquoiseCarolyne Parent[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Carolyne Parent
Le minaret tronqué dans le centre historique d’Antalya. À une heure de vol d’Istanbul, entre les monts Taurus et la Méditerranée, les villages et les vestiges antiques de la Riviera turque sont bien invitants !
Antalya – Mon projet d’escapade sur la côte méditerranéenne au départ d’Istanbul comportait plusieurs contraintes. Primo, me poser dans un lieu possédant un minimum de charme. Secundo, meubler quatre petites journées autrement qu’en me faisant dorer le loukoum au soleil. Tertio, me passer d’une voiture. Et c’est ainsi qu’une improvisation sur le thème de la grande bleue me mena à Antalya, au terme d’une brève envolée et pour le prix d’un billet d’autobus Montréal-Drummondville.
Chef-lieu de la province du même nom, Antalya est la porte d’entrée de la Riviera turque sur l’Akdeniz, la « mer blanche », par opposition à la Noire du Nord, mais dans les faits, parfaitement turquoise. C’est la plus populaire des stations balnéaires du pays. C’est aussi le Puerto Plata de la République d’Atatürk. Même que, l’an dernier, Antalya se targuait d’être en troisième place parmi les villes les plus visitées du monde (touristes internationaux), devant New York !
La destination tout-compris sur plage, où se ruent annuellement 10 millions de touristes, majoritairement russes et allemands, en cache toutefois une autre : Kaleiçi, son coeur historique.
Je suis arrivée à Antalya la nuit, par un grand boulevard Taschereau turc, quand soudain, droit devant, les restes illuminés de la muraille romaine ceinturant Kaleiçi me sont apparus tel un fabuleux décor d’opéra. La case « un minimum de charme » pouvait donc immédiatement être cochée. Fiou !
De beaux restesAttaleia a été fondée au iie siècle avant notre ère par Attale II, roi de Pergame. Comme pour tant d’autres cités turques, elle a connu bien des occupants : les Romains, les Byzantins, les Seldjoukides, qui l’ont baptisée de son nom actuel, et les Ottomans. Et c’est évidemment à Kaleiçi, ou « à l’intérieur du château », qu’on trouve les traces de leurs passages successifs au détour de venelles en bataille.
Car si elles étaient les fils d’un tapis, les étroites ruelles du quartier protégé dessineraient un motif drôlement alambiqué. Des hauteurs de la ville, elles courent en tous sens, s’élançant vers la porte d’Hadrien, inaugurée par l’empereur lui-même ; vers le minaret cannelé, emblématique de la cité ; vers le minaret tronqué, adossé aux ruines d’une mosquée, elle-même vestige d’une église byzantine érigée sur le site d’un ancien temple romain.
Elles dévalent aussi vers un bijou de port, le plus important de la Méditerranée orientale sous les Ottomans, grimpent jusqu’aux bars en terrasse qui le surplombent, croisent des hammams et des bazars, et sont pour la plupart peuplées de konak.
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Le port romain d’Antalya, au pied de Kaleiçi Ces konak sont d’anciennes résidences de marchands ottomans construites aux XVIIIe et XIXe siècles. Plusieurs d’entre elles ont été converties en hôtels-boutiques ou en restaurants élégants.
D’autres présentent les créations d’artisans dans leurs jardins intérieurs plantés d’orangers. En passant, cet espace de la maison voué à la relaxation est ici appelé sofa, et on y trouve bien sûr des divans, autre mot d’origine turque !
Rappelant la vieille Cartagena colombienne, Kaleiçi est bel et bien une splendeur. Dommage tout de même qu’on y entende plus souvent wunderschön que güzel (« magnifique » en turc), clientèle des colonies vacancières oblige…
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Kaleiçi, le quartier historique d’Antalya L’extrême popularité d’Antalya nous vaut par contre une infrastructure touristique bien développée, dont un grand choix d’excursions d’une journée dans les antiques Lycie et Pamphylie. Meubler quatre petites journées ? No problema ! Même que, faute de temps, j’ai dû faire une croix sur la fameuse croisière en gület (voilier traditionnel en bois) proposée entre Fethiye et Myra (Demre).
La Cité enfouieMais je l’ai quand même vue de près, la deniz, en voguant vers Simena et l’île de Kekova. Connu sous le nom de Cité engloutie, c’est un site impressionnant de la côte Turquoise, où les restes des maisons des Lyciens sont visibles sous l’eau claire.
Ce littoral est par ailleurs semé de leurs sarcophages de pierre, qui ressemblent étrangement à des boîtes à lunch rétro. À Myra, les Lyciens ont aussi sculpté des tombeaux dans une falaise, la transformant en une époustouflante nécropole verticale. Protecteur de la Russie et des enfants, et « ancêtre » du père Noël, saint Nicolas attire également quantité de pèlerins à Myra, dans l’église qui lui est dédiée.
À l’est d’Antalya, dans l’ex-Pamphylie, ce sont d’anciennes cités hellénistiques et romaines qui sont au menu des excursions. Sidé, belle bourgade de bord de mer, dont les ruines romaines se découpent sur les flots. Pergé et les fabuleux vestiges de ses thermes et de son agora. Aspendos et son théâtre, le mieux préservé du monde romain, selon mon guide, et où chaque année en juin se tient un festival d’opéra.
Bref, il y a tant à faire autour d’Antalya que quatre jours, c’est bien trop court si on veut en plus faire une randonnée sur une partie de la voie lycienne, longue de 500 kilomètres, ou en montagne, à Termessos, ou encore, simplement, se faire dorer le loukoum sur la plage sauvage de Patara, à distance respectable de Vincent, Werner, Olga et les autres.
En vracS’envoler pour Istanbul de mai à octobre en vol direct avec Air Transat et sur Antalya avec Pegasus Airlines, au départ de l’aéroport international Sabina Gökçen. Des autocars font la navette entre la banlieue asiatique d’Istanbul où est située l’aérogare et le centre-ville européen.
Dormir chez Alp Pasa, une belle konak située au coeur de Kaleiçi. Demandez une chambre avec terrasse, de laquelle vous aurez à la fois vue sur les monts Taurus et la mer.
Se faire un raki-balik : le raki, c’est la boisson nationale, une eau-de-vie parfumée à l’anis ; le balik, c’est du poisson, servi en mezzés ou en plat. Et sur toutes les côtes turques, l’un va rarement sans l’autre, l’autre étant souvent du levrek, ou loup de mer. Pour s’en régaler, cap sur Arma (Iskele Caddesi no 75), un resto sur la corniche d’Antalya avec vue sur le port. Vous êtes plus kebab et plus resto pop que chic ? À Kaleiçi, vous serez bien servis chez Hasanaga (Mescit Sokak no 15).
S’émouvoir : au musée d’Antalya devant les statues de marbre exhumées de divers sites archéologiques, dont Pergé.
Faire peau neuve : disposant de salles de bains à domicile depuis des décennies, les Turcs vont au hammam pour la même raison qui nous mène au spa : le plaisir ! À Kaleiçi, chez Sefa, on a droit à un récurage en règle dans des salles d’eau authentiquement XIIIe siècle.
Lézarder près d’Antalya : sur la plage de Konyaalti, vers l’ouest, celle de Lara, vers l’est, ou celle, minuscule, de Mermerli, à côté du port de Kaleiçi. Quant à la plage de Patara, elle se trouve à 140 km d’Antalya. Avis aux skieurs : en mars et en avril, on peut, dans la même journée, s’élancer sur les pistes de Saklikent et se baigner dans la mer.
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Le Devoir