Le choléra refait surface à Cuba

Le choléra refait surface à Cuba

La maladie n'avait pas été diagnostiquée sur l'île depuis la fin de la révolution de 1959. Trois patients en seraient déjà morts.


Quelques jours après la mort de trois malades du choléra dans le sud-est de Cuba, la maladie a atteint la capitale, La Havane. Sur l'île, 50 patients seraient infectés et quelque 1 000 personnes seraient sous surveillance. Du jamais-vu depuis la fin de la révolution de 1959, selon le ministre de la Santé.

Si les autorités ont affirmé que l'épidémie était "sous contrôle", quatre hôpitaux sont malgré tout prêts à accueillir des patients en isolement. Les Cubains seraient tombés malades après avoir bu l'eau d'un puits contaminé, même si l'origine du choléra n'est pas encore très claire. Principale piste retenue par les épidémiologues : la possibilité que la maladie vienne d'Haïti, où des milliers de personnes ont été infectées après le séisme dévastateur de 2010. La plupart des cas recensés à Cuba l'ont en effet été dans le sud-est de l'île, dans la province de Granma, à quelque 750 km de La Havane, où des centaines de Cubains médecins ou infirmiers ont été envoyés à Haïti pour soigner les populations meurtries.

Une maladie loin d'être éradiquée

Depuis plus d'une semaine donc, les médecins de La Havane sont particulièrement attentifs aux symptômes du choléra, à savoir de sévères diarrhées et des déshydratations. Si la maladie est réapparue dans cette région du monde, c'est sans doute notamment car le choléra n'y est justement pas endémique, explique Kate Alberti, d'Epicentre, le centre d'épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF). "Le corps médical n'est pas formé à le diagnostiquer, à le soigner, ni même à mettre en place des mesures simples pour éviter la contagion", explique l'épidémiologue.

Des cas très différents de ceux recensés à l'est de la République démocratique du Congo par exemple, où le personnel médical et la population savent bien interpréter les symptômes et les prendre en charge. "Si le choléra est pris en charge à temps, une solution de réhydratation, voire une perfusion pour les cas plus sévères, peut suffire à éviter la dégradation de l'état de santé du patient. En quelques jours, la maladie peut avoir totalement disparu", précise Kate Alberti.

De simples mesures - en apparence - suffiraient à endiguer le choléra, puisqu'il s'agit essentiellement d'un problème d'accès et d'assainissement de l'eau. Même s'il semble donc improbable qu'une épidémie mondiale se déclare, le problème reste entier dans les pays où le système sanitaire n'est pas au point. En Côte d'Ivoire, une épidémie sévit depuis mi-mars et aurait déjà tué 34 personnes. Dans le nord du Mali, qui est contrôlé depuis plus de trois mois par des groupes armés dominés par des islamistes, le choléra a également refait son apparition, et tué deux personnes cette semaine. La maladie, qui se soigne bien - pour peu qu'on en ait les moyens -, est donc loin d'être éradiquée et s'apprête à faire de nombreuses victimes.

Source: Le Point

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