Y a-t-il un médecin dans l'avion?

Y a-t-il un médecin dans l'avion?
Marie-Eve Morasse
La Presse


Qu'est-ce qui se passe quand un passager tombe malade en plein vol? Si tous les appareils doivent être dotés d'une trousse médicale, rien n'assure qu'un médecin soit monté à bord. Mais même laissés à eux-mêmes, les agents de bord ne sont pas complètement démunis.

L'avion avait quitté le froid québécois de février pour aller se poser au Mexique et voguait à son altitude de croisière quand l'appel pour un médecin s'est fait entendre.

Olivier Ouellet n'avait pas prévu travailler pendant ses vacances au soleil, mais en sa qualité de médecin, il a répondu à l'appel.

Dans l'appareil d'Air Transat, une jeune femme s'était évanouie et avait été prise de convulsions. Quelques instants plus tard, une autre s'évanouissait à son tour.

Heureusement, un autre médecin s'était porté volontaire pour aider la première femme en détresse. Dans l'étroite allée de l'avion, penché sur la seconde patiente, le Dr Ouellet a vécu sa première expérience de médecine d'avion.

«C'est particulier parce qu'on est un peu déboussolé, on n'est pas dans son élément et on n'a pas d'aide, dit l'urgentologue. C'est un peu de la médecine de brousse, on se débrouille avec ce qu'on a.»

Ce que le Dr Ouellet avait sous la main, c'est la trousse médicale qui doit se trouver à bord de chaque appareil, en conformité avec la réglementation canadienne.

«Le minimum requis selon la réglementation est très minimaliste, il y a peut-être une dizaine d'articles dedans, explique Christiane Raspa, directrice des services en vol chez Air Transat. Dans la nôtre, il y a une quinzaine de médicaments d'ordonnance, tout ce qu'il faut pour intuber et faire des intraveineuses. Notre trousse a grossi au fil des ans, en fonction des besoins.»

Chez Air Canada, on assure également que la trousse est «très complète» et qu'elle permet de donner des premiers soins avancés.

De l'aide venue de la terre ferme

En 2011, l'industrie aérienne du monde a vu défiler 2,7 milliards de passagers. Normal que dans le lot, des gens tombent malades, en vol.

Les agents de bord ont beau être formés en secourisme et en réanimation cardiorespiratoire, quand un incident survient à haute altitude, ils doivent parfois faire appel à un médecin.

«L'agent de bord administre les premiers soins, selon ses connaissances. À la minute où ça sort de son champ de compétence ou qu'il sent qu'il ne contrôle pas la situation, il doit faire appel à un médecin», dit Christiane Raspa.

Parce qu'il n'y a pas toujours un docteur dans l'avion, les grands transporteurs aériens font appel à un service médical au sol.

Avec les informations qui leur sont transmises, ces entreprises jugent la situation et formulent des recommandations. Parallèlement, les agents de bord peuvent appeler un médecin à bord. Si les médecins au sol ou en vol recommandent la diversion de l'appareil, c'est le commandant de bord qui a le dernier mot.

En 2011, l'entreprise américaine MedAire, qui compte Air Transat parmi ses clients, a reçu 22 500 appels pour des urgences médicales survenues en vol. De ce nombre, 525 ont nécessité une diversion de l'appareil.

De tous les problèmes médicaux qui peuvent survenir dans un avion, l'arrêt cardiorespiratoire demeure l'expérience la plus stressante pour un équipage, dit Christiane Raspa. «Ce n'est pas un truc que les agents de bord aiment beaucoup faire, mais ils sont bien formés et le font très bien. On a défibrillé avec succès quelques passagers au fil des ans.»

À l'issue de sa première expérience de médecine à bord d'un avion, Olivier Ouellet la compare à celle du transport en ambulance. «Il faut prendre les signes vitaux du patient, mais c'est très difficile parce qu'avec le bruit de l'avion, on n'entend rien. On cherche les médicaments dans la trousse, on est pris par terre dans une allée d'avion et tout le monde semble scandalisé», dit-il.

Malgré tout, le Dr Ouellet n'hésitera pas à se porter volontaire si la demande pour un médecin survient à nouveau au cours d'un vol. Après tout, il a prêté le serment d'Hippocrate. «Professionnellement, quand on est médecin, on ne peut pas dire «je ne travaille pas, je suis en vacances»...»

Source: Cyberpresse.ca