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| Sujet: Sur Qatar Airways, on ne badine pas avec l'autorité Jeu 1 Mar 2012 - 22:25 | |
| Sur Qatar Airways, on ne badine pas avec l'autorité Benjamin Barthe
S'il est quelqu'un que le miracle qatari, avec ses tours de bureaux futuristes, son équipe de foot parisienne et sa future Coupe du monde de football, ne fait franchement pas rêver, c'est Louis Thévenin. Directeur de l'Alliance française de Cebu, la deuxième ville des Philippines, ce trentenaire a passé trente heures dans une prison de Doha, pour une simple altercation verbale avec l'équipage d'un vol de la compagnie Qatar Airways. Une plongée expresse dans l'envers du décor qui vaccine définitivement contre tout accès de qatari-mania. "Non mais, c'est quoi ce pays où l'on jette les gens en taule parce qu'ils ont simplement élevé la voix ?", s'insurge-t-il.
L'incident commence quelque temps après le décollage du vol QR 657, le 16 février, qui relie Cebu à Doha. M. Thévenin, un habitué des lignes Qatar Airways, qui dispose d'une carte Gold et voyage en classe affaires, est réveillé par des éclats de rire. "Le commandant de bord avait quitté son poste et il draguait les hôtesses, une bière à la main dans l'espace où l'on prépare les repas", assure M. Thévenin.
La petite sauterie de l'équipage s'éternisant, il se plaint auprès d'un steward. "Vous n'avez qu'à changer de siège, vous mettre plus loin", s'entend-il répondre. Le ton monte, le chef de cabine arrive à son tour et explique au passager qu'il n'y peut rien, "car c'est le commandant de bord". Furibard, M. Thévenin rétorque qu'il s'en "contrefout" et menace de faire "un scandale" si le pilote ne cesse pas son raffut. Il obtient gain de cause et parvient finalement à s'endormir.
GEÔLE SANS FENÊTRE
C'est à l'atterrissage que l'affaire se corse. M. Thévenin, qui devait continuer son voyage en direction de Dubaï puis de Paris, est intercepté par des policiers qui le conduisent au commissariat central de Doha. Accusé d'avoir eu une attitude menaçante à l'encontre des agents de Qatar Airways, il est privé de son téléphone et incarcéré dans une geôle sans fenêtre, avec un matelas crasseux en guise de lit.
Ses compagnons de cellule sont les "intouchables" de la société qatarie : la main-d'oeuvre immigrée, qui représente 85 % de la population du pays et n'a le droit que de travailler et de se taire. "Deux Népalais étaient là depuis longtemps : l'un avait été arrêté parce qu'il sortait avec une femme sans être marié avec elle et l'autre parce qu'il avait écrit "fuck you" sur sa page Facebook. Il y avait aussi un Syrien qui avait un jour de retard dans le renouvellement de son visa. J'ai cru que j'allais moisir des mois, comme eux, en prison."
Heureusement pour M. Thévenin, les relations franco-qataries sont excellentes. Il est relâché le 18 février, à 4 heures du matin, après un rapide passage au tribunal et le paiement d'une amende de 500 riyals (100 euros). "Si je n'avais pas été européen, je serais encore dans ma cellule", dit-il, froidement réaliste. A l'aéroport, une ultime déconvenue l'attend. Ses billets pour Dubaï et Paris ont été annulés par Qatar Airways. Fermée le vendredi et le samedi, la compagnie n'a pas donné suite à nos demandes d'explication. "J'ai perdu près de 15 000 dollars dans cette histoire", peste M. Thévenin. Welcome in Qatar !
Source: Le Monde.fr | |
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