Vivre dans des îles flottantes Michel Laliberté, collaboration spéciale
Le Soleil[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Les îles sont fabriquées avec de la tortora, un roseau que l'on retrouve en
abondance sur les rives du lac. Cette plante multifonctionnelle sert aussi
bien de nourriture que de matériel pour construire les maisons des insulaires
et de petits bateaux pour la pêche et pour promener les touristes.
PHOTOS MARIE-FRANCE-LOU LEMAY, COLLABORATION SPÉCIALE (Lac Titicaca, Pérou) Chaque matin, des dizaines de bateaux remplis de touristes quittent le port de Puno en direction des îles flottantes d'Uros, la plus importante attraction touristique du lac Titicaca. Ils iront à la rencontre des habitants de ce mystérieux archipel. Si ce paysage de carte postale a tout d'idyllique, le réalisme de ce mode de vie marginal peut toutefois être mis en doute.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Certaines huttes ont des panneaux photovoltaïques pour alimenter en
électricité des téléviseurs qu'on retrouve dans les chambres.
PHOTO AP Situées à 5 km à l'est de Puno, ces îles flottantes logent des indigènes aymaras, descendants des Uros. Elles sont entièrement fabriquées de tortora, un roseau qui pousse en abondance le long des berges. Afin d'éviter qu'elles ne dérivent, elles sont retenues au fond de l'eau par des piquets. On compte des dizaines de ces petites îles.
Manne touristiqueAprès une trentaine de minutes de trajet à vitesse de tortue, le bateau s'approche des lieux. Au loin, on voit des femmes vêtues de jolis costumes traditionnels colorés. Elles accueillent les touristes par des chants. De jeunes enfants les accompagnent.
«Ils habitent ici à longueur d'année, assure le guide. Ils vont sur le continent une fois par semaine pour acheter des légumes, des fruits et du riz.» Le reste du temps, poursuit-il, les insulaires s'adonnent à la pêche et certains s'occupent de leur bétail dans des îlots situés non loin.
Le choc est énorme en les apercevant; ils vivent dans un autre monde! Malgré tout, les objets modernes du «monde extérieur» sont bien visibles. On voit plusieurs insulaires avec des téléphones cellulaires; certaines huttes ont des panneaux photovoltaïques installés sur le toit pour alimenter en électricité des téléviseurs qu'on retrouve dans les chambres. Les résidants font visiter leur habitation avec fierté.
Selon le guide, les entreprises de croisière visitent chaque semaine des îles différentes afin que toutes les familles puissent profiter de la manne touristique. Toutefois, on remarque qu'aucun bateau de touristes n'a accosté aux îles flottantes dans le secteur ouest. On n'aperçoit non plus aucun insulaire dans cette partie de l'archipel; les îles sont toutes désertes. Pourtant, ils étaient fort nombreux, à l'est, où les touristes se trouvaient. «Ce n'est pas leur semaine pour les touristes», explique un jeune Belge qui participe à un programme communautaire d'enseignement. «Ce sera leur tour la semaine prochaine.»
D'hier à aujourd'huiL'histoire veut que des paysans uros fuyant l'invasion des Incas dans les années 1400 aient fabriqué ces petites îles sur le lac Titicaca, dans le sud du Pérou. Ils s'y sont établis de manière permanente en développant un mode de vie basé sur la pêche. Les derniers Uros ont disparu autour de 1950. Depuis, ce mode de vie a été récupéré par les Aymaras à des fins commerciales.
Certains résidants n'habiteraient pas les îles en permanence. Ils vivraient à Puno et se rendraient sur place aux aurores afin de satisfaire la curiosité des touristes et, surtout, pour gagner leur vie en vendant leur artisanat (poteries, textile, bijoux).
En fait, ces Péruviens recréent un mode de vie qui se pratique toujours sur le lac, mais dans un secteur où très peu de touristes osent s'aventurer.
Taquile et AmantaniLe lac Titicaca cache d'autres îles, celles de Taquile et d'Amantani notamment, qui ne font pas partie des îles d'Uros. On rejoint celle de Taquile, au terme d'une lente traversée de trois heures après un arrêt dans les îles d'Uros.
Environ 2000 personnes vivent dans l'île de Taquile, où les signes d'une vie au quotidien sont bien réels. Le paysage y est magnifique. Les petites embarcations de pêcheurs amarrées aux quais, les maisons colorées des habitants qui débordent de vie, leurs champs cultivés et le bétail qui broutent un peu partout prouvent que des activités s'y déroulent à l'année, saison touristique ou pas.
Une visite dans l'île d'Amantani (population d'environ 4000 habitants) inclut presque toujours une nuit chez l'habitant, qu'il faut bien sûr réserver. Le visiteur est aussi invité à donner un coup de main dans la préparation du repas familial. Il faut s'attendre à des installations très modestes. Les habitants exécutent parfois des danses traditionnelles et invitent les visiteurs à vêtir leurs costumes. Une expérience d'humilité assurée.
Conseils pratiquesLe meilleur moment pour visiter la région du lac Titicaca?Entre les mois d'avril et de juin, juste avant l'arrivée de l'hiver austral. La température peut grimper jusqu'à 20 ºC. La nuit, toutefois, le mercure descend assez rapidement. Il peut approcher du point de congélation. Sur le lac, n'oubliez surtout pas votre crème solaire, votre chapeau et vos vêtements chauds.
Combien ça coûte?Pas très cher. Le coût de la vie est ridiculement bas si on compare avec celui des pays occidentaux. Un bon repas coûte moins de 5 $. Les moyens de transport (autobus et taxis) sont également peu chers. Notons que les réseaux sont très bien organisés.
Où se loger?Plusieurs petits hôtels offrent des chambres austères et sans chauffage, mais propres, à très bons prix (entre 20 $ et 30 $ la nuit). Souvent, le petit-déjeuner (pain, confiture et thé pour lutter contre le mal de l'altitude) est inclus dans le prix.
Source:
Cyberpresse