Montréal) Les taxes qui gonflent les billets d'avion au Canada font fuir les visiteurs.
Il s'agit pas d'une déclaration des aéroports ou des transporteurs canadiens, mais de Giovanni Bisignani, directeur général et chef de la direction de l'Association internationale du transport aérien (IATA).
«Lorsque je me suis joint à l'IATA en 2002, le Canada était au 8e rang des pays les plus visités du monde, a déclaré M. Bisignani hier, dans un discours prononcé devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM). Aujourd'hui, c'est le 15e. L'aviation est le moteur du tourisme, qui a représenté 650 000 emplois au Canada en 2009 et des dépenses de 71 milliards de dollars. Mais, au lieu de politiques pour attirer plus de visiteurs, les taxes excessives du Canada les font fuir.»
Il a ajouté qu'un rapport du Forum économique mondial sur la compétitivité dans le secteur du voyage et du tourisme plaçait le Canada au 106e rang des pays les plus compétitifs en ce qui concerne les coûts, loin derrière le Japon au 86e rang, l'Inde au 46e rang et la Chine au 20e rang.
M. Bisignani s'est notamment attaqué au loyer que doivent payer les aéroports canadiens au gouvernement fédéral. «Cette facture, qui a atteint 257 millions de dollars en 2009, constitue un désavantage concurrentiel inutile, a soutenu le grand patron de l'IATA. Aucun autre pays n'utilise ce procédé archaïque dans son infrastructure fiscale.»
Il a affirmé que non seulement ce fardeau fiscal faisait fuir les visiteurs, mais qu'il encourageait de plus les Canadiens à utiliser les aéroports américains situés près de la frontière pour prendre la voie des airs.
Ces propos ont eu l'heur de plaire au président-directeur général d'Aéroports de Montréal, James Cherry.
«Dans la plupart des pays, on voit l'aviation comme un catalyseur de l'économie, a-t-il déclaré aux journalistes après le discours de M. Bisignani. Ici, c'est vu comme une vache à lait. Cela affecte de façon significative notre capacité à garder nos coûts à un niveau raisonnable.»
M. Bisignani a indiqué aux journalistes que le gouvernement néerlandais avait fait marche arrière l'année dernière après avoir imposé une nouvelle taxe sur le transport aérien. La taxe en question devait générer des recettes de 300 millions d'euros. Elle a plutôt entraîné un manque à gagner de 1,2 milliard d'euros dans l'économie. Le gouvernement l'a éliminée.
M. Cherry se montre cependant peu optimiste en ce qui concerne le loyer que doivent payer les aéroports canadiens. «Nous demandons sa disparition depuis 2001, alors que les gouvernements engrangeaient de gros surplus, a-t-il soupiré. S'ils n'étaient pas capables d'agir alors, je ne les vois pas agir maintenant.»
Les défis de la compétitivitéM. Bisignani quittera son poste en juin prochain. Dans son discours d'hier, il a abordé des sujets qui lui sont chers, comme la compétitivité globale de l'industrie aérienne. «Les sociétés aériennes ne peuvent pas concurrencer comme des entreprises normales parce que les gouvernements sont beaucoup trop impliqués dans l'industrie», a-t-il déploré.
Il a rappelé que les transporteurs ne pouvaient pas vendre leur produit à l'étranger sans un accord formel de gouvernement à gouvernement, et qu'ils ne pouvaient pas se consolider au-delà des frontières en raison de restrictions en fait de propriété étrangère.
«Le résultat, c'est 60 années à enregistrer des marges de moins de 1%», a-t-il lancé.
Le directeur général de l'IATA a également abordé la question de la sécurité aérienne, réclamant une approche globale de la part des gouvernements, davantage basée sur le risque que présente tel ou tel passager.
«Il faut utiliser les renseignements obtenus des sources gouvernementales et des transporteurs pour adapter les procédures de fouille au risque réel que présentent les passagers», a-t-il déclaré.
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