L'île au tourisme vertLio Kiefer [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Comité du Tourisme de la Réunion/ STUDIOLUMIÈRE
La Réunion, c’est le paradis du randonneur tout terrain, l’éden du grimpeur de falaises à
mains nues, le sanctuaire des «parapenteux» et le nirvana du vulcanologue. Aller à La Réunion pour ses plages, c'est comme si on voulait aller aux Pays-Bas pour skier. On peut le faire, mais il faut chercher longtemps. C'est qu'on confond souvent La Réunion avec sa voisine l'île Maurice, dont les plages de sable sont paradisiaques. Et cela a pris des années pour donner à La Réunion sa véritable identité: le tourisme vert.
La Réunion — Beaucoup de visiteurs étaient déçus de se retrouver sur un caillou perdu en pleine mer et de ne pouvoir s'allonger tout de suite sur des plages de sable blanc, où des formes graciles ont l'habitude de s'étendre avant de batifoler dans les eaux turquoise de la région.
Lorsqu'on arrive à La Réunion, c'est plutôt le vert qui domine. Celui des pitons endormis ou des volcans qui s'agitent, celui des cirques qui cultivent les fameuses lentilles de Cilaos ou des sentiers qui se perdent vers la mer.
La Réunion, c'est le paradis du randonneur tout terrain, l'éden du grimpeur de falaises à mains nues, le sanctuaire des «parapenteux», le nirvana du vulcanologue... Tout cela au milieu d'une population des plus métissées. Si l'on y parle créole partout, on trouve aussi en ville des Tamouls, des Chinois, des Africains, des musulmans et une masse de gens déracinés qui ont déjà fait dans la France profonde ou la Hollande de la Gironde, par exemple.
Cela donne des odeurs de cuisine, des bâtisses de formes diverses et des bagarres de bars où la raison du plus soûl n'est pas toujours la meilleure. Ajoutez des rivières et des cascades, des policiers surmenés par la corruption et du sable qui joue avec les coquillages, et vous avez une idée globale de ce qui vous attend. La Réunion n'est pas une destination facile, elle se mérite.
Des efforts sont requis pour la découvrir: ici, la nature et les gens ne se laissent pas aussi facilement aborder. On peut commencer par ce qu'il y a de moins évident: les côtes...
La côte sous le vent, à l'ouest, longe Saint-Denis, la capitale du Nord. En descendant côté ouest, on se retrouve sur la partie la plus balnéaire et la plus touristique de l'île. Boucan-Canot, près de Saint-Gilles, considérée comme la plus belle plage de l'île, attire aussi bien les mordus du surf que les obsédés du bronzage. Mais le vert n'est pas loin, car, lorsqu'on se retourne, on sent la fraîcheur des Hauts, où le Maïdo et ses 2000 mètres d'altitude offrent une récompense: celle de dominer de ce piton la vue sur Mafate, un des trois cirques de l'île. Quant à Saint-Denis, c'est surtout le Petit Marché qu'il faut y visiter, une explosion quotidienne d'odeurs et de couleurs: légumes variés, gargotes créoles où il faut boire un café en compagnie des bazardiers, qui ont tous des histoires à la Capitaine Bonhomme à raconter.
À 80 kilomètres de Saint-Denis, Saint-Pierre est resté profondément colonial. La capitale du Sud a conservé ses églises et ses rues pavées, et elle cultive sa créolité parmi ses maisons colorées. À quelques lieues de là, Saint-Philippe possède une superbe baie entourée de cocotiers. C'est le point de départ de nombreuses excursions au pied du volcan, qui marque la côte de son empreinte rageuse. C'est ici que la lave a atteint pour la première fois la mer en 1976, ajoutant une trentaine d'hectares à la superficie de l'île. Plusieurs chemins forestiers zigzaguent dans la forêt, dont un qui mène au jardin des Parfums et des Épices, où sont réunis, avec explications à la clé, plantes médicinales, arbres fruitiers de Madagascar, bois d'ébénisterie et espèces odoriférantes.
L'Est, dépourvu de plages, soumis à de nombreuses pluies, est souvent oublié par les organisateurs de voyages. Et c'est tant mieux, car on y croise moins de monde. À quelques kilomètres de Saint-Benoît, il y a la forêt humide de Ravenales (cocotier coiffé d'un large éventail de palmes), un véritable décor de jungle. On trouve ici des sentiers de randonnée pour tous les niveaux et on y découvre la rivière des Marsoins. Cascades et lianes se suivent et ne se ressemblent pas jusqu'à la centrale hydroélectrique. De là, on peut suivre des chemins minuscules et abrupts pour atteindre un minuscule barrage.
Et bien sûr les pitons, cirques et autres manifestations de la colère terrestre. Cilaos, l'un des trois cirques de La Réunion, est accessible par la fameuse route des 300 virages. Celle-ci monte vers le village thermal, à plus de 1000 mètres d'altitude. On peut grimper jusqu'à la cascade de Bras Rouge et continuer à travers des parois d'escalade et des sites de canyoning avant de rejoindre Îlet à Cordes, où quelques familles vivent toujours de la culture des fameuses lentilles de Cilaos. Il existe une route des cirques qui s'effectue en quatre jours; elle passe par les trois cirques (Salazie, Cilaos Marla) et le piton des Neiges.
Pour découvrir le cirque de Mafate, il y a deux moyens: la marche et l'hélicoptère. Paysages somptueux, îlets exceptionnels, autochtones d'une gentillesse étonnante. Pour visiter à pied, il faut être en santé... Je l'ai fait en hélicoptère, où on voit bien les reliefs très accidentés et la densité des arbres, des roches; on observe une terre ingrate pour y implanter une maison qui se tienne debout.
Tous ceux qui vont à Salazie y vont avant tout pour la cascade du Voile de la mariée et pour y pratiquer le rafting et le canoë-kayak. Une curiosité: Grand-Îlet, qui semble s'être arrêté dans le temps. Protégé par ses remparts montagneux, le village a tout juste un sentier pour en sortir et se traîner jusqu'aux contreforts du hameau du Bélier, d'où part une superbe route forestière qui permet de jouir de magnifiques coups de Kodak sur Salazie.
Enfin, nous voyons le piton de la Fournaise, image mythique de La Réunion. Il s'agit d'un volcan toujours actif, qui peut être approché sans danger. Il faut se lever aux aurores pour bénéficier de la plus belle lumière au sommet du volcan. Entre les fumerolles et les grondements de la terre, le soleil qui se lève et les rapaces qui planent, on a l'impression d'assister à un film. On ne maîtrise en rien la réalisation, mais le décor et les acteurs sont fabuleux... un des musts à visiter à La Réunion.
Et quelquefois, lorsqu'on tend l'oreille, un rythme créole vient percuter le vent, rebondit sur le piton et envahit nos tympans... Un rayon de soleil fait alors une double boucle piquée, alors qu'un moustique inquiétant plonge dans les arbres. Tout cela organisé de main de maître par le Monsieur Loyal de l'endroit: la nature... ou le cirque vert.
Pour se déplacer: les routes sont plutôt bonnes à La Réunion, même si c'est un peu plus difficile en montagne. Il faut impérativement jouer du klaxon dans les virages. Certaines agences de location de voitures peuvent casser les prix en proposant des véhicules de «cent cinquantième main». Faire toujours attention au moment de la prise en charge.
Le bus est un moyen de transport idéal, tant le réseau est dense et efficace. Il faut pourtant distinguer les lignes côtières, qui sont rapides, des lignes des Hauts, aléatoires mais sympathiques. Un truc pour que le chauffeur sache que vous voulez descendre: claquer dans ses mains.
Des minibus partent des gares routières, une fois remplis seulement, et relient les différents villages: la manière la plus économique de voyager pour les randonneurs qui n'ont pas de rendez-vous précis avec les différents cratères. Enfin, il y a le taxi, qui est extrêmement rare et super cher, et qui n'existe qu'à Saint-Denis pour se rendre à l'aéroport.
Pour se loger: en dehors des hôtels, il existe les pensions et les gîtes de montagne. L'afflux de touristes randonneurs ces dernières années a fait naître de nombreuses vocations hôtelières chez les Réunionnais. Tous ces gîtes proposent un dîner à leurs hôtes, et plus généralement un petit-déjeuner. Ces repas doivent être réservés auprès des gardiens des gîtes. Si vous ne voulez pas manger avec l'autochtone, préparez-vous à acheter des provisions dans les villages de bonne importance, car les dépanneurs de montagne vendent plus de cordes et de bougies que de victuailles.
Des noms à retenir: la pension Zoulekhan Limbada à Saint-Denis; le Dodo Spot à Saint-Leu; Chez Papa Daya à Saint-Pierre. Pour les gîtes ruraux: Sylviane Robert à Saint-Denis; L'Amicale à Saint-Pierre, Gîte du pas de Bellecombe à Plaine-des-Cafres. Pour la montagne de Cilaos, la Maison de la montagne doit être réservée, sous peine de dormir sous les fougères (tél.: 31 71 71).
Pour les hôtels: la Villa du Soleil à Boucan-Canot, Le Petit Randonneur à Cilaos, L'Armaony à Saint-Benoît, Le Baril à Saint-Philippe, l'Hôtel de la Plage à Saint-Gilles-les-Bains et L'Océan à Saint-Denis sont les plus sympas de l'île. Pour le camping, il y a une seule adresse, celle du site exceptionnel de Grande-Anse, à Saint-Gilles.
Pour la nourriture créole, avec quelquefois dégustation de steak de tortue ou de fricassée de zendettes (larve de guêpes), les adresses sont nombreuses: Chez Paul, Le Cyclone et Le Canton à Saint-Denis; Chez Angelo et Les Tipaniers à Saint-Gilles; Les Sentiers et La Lentillère à Cilaos; Les Lilas à Salazie; Le Bouvet à Saint-Benoît; Le Soffleur à Saint-Leu; Les Bons Enfants à Saint-Pierre.
Pour sortir le soir, le Rallye, le Banana Café et le Saint-Hubert à Saint-Denis, le Jungle Bar et la Rhumerie à Saint-Gilles, le Gin Pub à Cilaos, l'Aquarhum et l'Ananas Café à Saint-Pierre proposent souvent des orchestres live avec cocktails décapants à la clé.
Pour les amateurs de pêche au gros, la meilleure période se situe de novembre à avril. Marlin club de La Réunion, Blue Marlin et Octopus sont les mieux cotés.
Pour le surf, il y a l'Aloha Surf Club (
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et pour le canyoning, la Maison de la montagne (
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Pour le parapente, le vol à voile et l'escalade, Parapente Réunion (
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Pour faire de l'hélico dans le cirque de Mafate et ailleurs:
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le climat est tropical. On distingue l'hiver austral (de mai à octobre), saison sèche, et l'été austral (de novembre à avril), saison humide et chaude.
Pour de plus amples informations, consultez l'Office de tourisme.
Pour rencontrer des gens qui connaissent La Réunion, le restaurant Le Piton de la Fournaise, au 835, rue Duluth Est, à Montréal, est un excellent point de départ...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Pour lire un peu sur le sujet: le Guide du Routard est un bon livre de référence.
Pour se rendre à La Réunion au départ de Montréal, prendre Air France ou Air Transat à destination de Paris. Là, il faut changer d'aéroport, car les vols partent d'Orly. La compagnie aérienne la plus chère pour se rendre à La Réunion est Air Mauritius. La moins chère est Air Austral (de CDG). Les tarifs de CorsairFly d'Orly se situent entre ceux d'Air France et ceux d'Air Austral. Une fourchette de tarifs qui oscille entre 900 et 2300 $ aller... pour 11 heures de vol environ.
Source: Ledevoir.com