48 heures à BostonSébastien Templier
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le quartier Back Bay vu de la rivière Charles.
Photo: Sébastien Templier, La PresseSaviez-vous que la première lecture publique de la déclaration d'indépendance des États-Unis a été prononcée du balcon de l'Old State House, à Boston? Que cette ville du Massachusetts était le premier refuge pour tout esclave noir qui fuyait les plantations? En arpentant les rues de Boston, on apprend l'histoire de l'indépendance américaine et la participation des Bostoniens à l'émancipation des Noirs. Comment? En suivant l'un de ses circuits historiques. Un moyen unique de découvrir - ou redécouvrir - la ville natale de Benjamin Franklin.
Jour 1
9 h : Un peu d'histoireLe Freedom Trail est le circuit que j'ai choisi pour entamer ma visite de Boston. Après avoir traversé le Boston Common, plus vieux parc public des Ètats-Unis, je fais un arrêt au cimetière Granary. Ici, sont inhumés quelques-uns des plus grands leaders indépendantistes. Le cimetière date de 1660 et les visiteurs sont nombreux à scruter les dates sur quelques-unes des 2345 pierres tombales. Après un crochet par la plus vieille église anglicane de la ville, King's Chapel, et son cimetière (un autre), je suis la ligne de brique rouge au sol qui me conduit à la première école publique de Boston. Non loin de là, se dresse l'Old South Meeting House, célèbre église qui a accueilli bon nombre d'assemblées publiques de protestation contre la couronne britannique. C'est ici que se sont réunis le 16 décembre 1773 des milliers de personnes pour protester contre la taxe sur le thé. C'est ce que l'on a appelé le Tea Party.
10 h 30 : Le massacre de BostonL'Old State House est le point d'orgue de ma visite matinale. Ancien siège du gouvernement de la province de la baie du Massachusetts, l'édifice est aujourd'hui un musée qui retrace l'histoire de Boston, de sa fondation à la guerre d'Indépendance en passant par la genèse de la rébellion. On prend ici conscience du rôle très important qu'ont joué la ville, ses élites et ses citoyens dans l'histoire américaine. C'est du haut de son balcon qu'est lu publiquement pour la première fois la déclaration d'indépendance des États-Unis. C'est aussi à ses pieds qu'un affrontement entre soldats britanniques et manifestants s'est terminé dans un bain de sang. Un événement clé que l'on a appelé «Boston Massacre».
12 h : Faneuil HallC'est en fait à Faneuil Hall qu'a débuté l'opposition des Bostoniens à l'autorité britannique. Haut lieu de grands discours et de rassemblements, cet ancien marché abrite aujourd'hui des boutiques en tout genre, tout comme le Quincy Market, situé derrière. Dans ce coin piétonnier, c'est à la terrasse d'un des restos que je m'installe pour avaler un sandwich à l'aiglefin.
13 h : Direction North EndJe reprends la Freedom Trail, direction North End, quartier à l'accent italien. La maison de Paul Revere, ardent et célèbre patriote, est la plus vieille demeure privée du centre-ville. Un peu plus loin, je traverse la promenade de brique ombragée qui mène à l'Old North Church. C'est de son clocher qu'a été donné le signal de la chevauchée de Paul Revere, un raid vu comme le déclenchement de la Révolution américaine. Chaque arrêt du parcours raconte une histoire.
14 h 30 : Navire de guerreToujours à pied, j'emprunte le pont Charlestown pour arriver dans le quartier Somerville et visiter le USS Constitution. Ce trois mâts, mis à l'eau en 1797, est le plus vieux navire de guerre encore utilisé. En fait, il sort en mer une fois par année, le 4 juillet. Après un saut au centre d'interprétation et un crochet par le monument de Bunker Hill, je prends la direction de Canal Park.
16 h 30 : Sur la rivière CharlesJ'embarque sur un bateau pour faire un tour sur la rivière Charles. Après être passé sous le pont Longfellow, on se faufile entre les nombreux avirons et voiliers des clubs nautiques, on longe le parc de l'Esplanade, on passe devant le MIT et l'université de Boston pour se rendre jusqu'aux abords de l'université Harvard. Une croisière agréable qui permet de voir Boston sous un autre angle. Ma journée se termine par une bouchée et un verre au Red Hat, du côté de Beacon Hill où je passerai ma journée du lendemain.
Jour 2
9 h 30 : Beacon HillPour découvrir le quartier Beacon Hill et l'histoire de sa communauté noire affranchie, la Black Heritage Trail est tout indiquée. Bâtie par un Afro-Américain, la maison Middleton-Glapion, rue Pinckney, est la mieux préservée de l'époque coloniale. Quelques numéros civiques plus loin, j'apprends que l'école Phillips a été la première en ville à ne faire aucune distinction raciale. À quelques pas de là, il n'y a pas de plus prestigieuses adresses à Boston que celles autour du parc Louisburg. Au numéro 19, habite d'ailleurs un certain sénateur John Kerry. Les propriétaires des maisons de plusieurs millions sont aussi les propriétaires du parc... Ce qui contraste avec les rues Acorn et Cedar Lane, les plus étroites de la ville.
11 h : Pause caféJe m'accorde une pause café et pâtisserie sur la terrasse du Cafe Vanille, à l'angle des rues Charles et Mount Vernon. En commandant un mille-feuilles «Napoléon», mon accent me démasque auprès du serveur d'origine haïtienne... Quelques bouchées plus tard, je suis planté devant la maison du militant noir Lewis Hayden. L'histoire raconte qu'elle a servi de refuge à de nombreux esclaves en fuite. Après avoir zigzagué dans le quartier, le parcours me mène dans une étroite ruelle qui serpente dans les cours arrière. Holmes Alley était bien connue des fuyards mais pas des chasseurs de têtes. Elle a sauvé la vie (et la liberté) de bien des Noirs. Au bout, j'arrive au musée de l'Histoire afro-américaine et à l'ancienne maison de William Nell, qui hébergeait des esclaves en fuite. Je suis dans le coin le plus chargé d'histoire.
12 h 30 : Musée GardnerJe poursuis ma marche en direction de Back Bay, quartier habituellement moins fréquenté par les touristes. Je descends la grande avenue du Commonwealth à l'abri des arbres. Il pleut, l'orage menace. Mon objectif: me rendre à l'Isabella Stewart Gardner Museum. Extérieurement, ce musée n'a rien d'extraordinaire. Mais à l'intérieur, il est étonnant. À mon arrivée, je me dirige aussitôt vers le Gardner Cafe. Au menu, saumon de l'Atlantique et légumes grillés, le tout accompagné d'un verre de vin blanc. Un repas extrêmement bien cuisiné.
Une fois franchi l'accueil du musée, on est stupéfait par le décor. On tombe sur une cour intérieure ceinturée d'un cloître et surmontée d'une verrière. Nous sommes dans l'immense demeure d'Isabella Stewart Gardner. Cette femme fortunée a amassé durant toute de sa vie une collection impressionnante d'oeuvres d'art. Sur trois étages, on découvre tableaux, tentures, meubles, dessins, gravures, sculptures, vitraux. À sa mort, en 1924, on a conservé la disposition originale. Pas un seul objet n'a changé de place depuis. Le musée s'est fait voler une dizaine de tableaux en 1990. On a laissé les emplacements tels quels. Même les cadres des deux Rembrandt manquants sont restés au mur! Bref, on ne visite pas Boston sans passer par ce musée.
17 h : La bibliothèqueEn remontant en direction du quartier des affaires, je m'arrête à la magnifique Bibliothèque publique de Boston, qui mérite une visite à elle seule. Au deuxième étage, j'apprécie l'exposition qui met en valeur l'oeuvre du photographe canadien Yousuf Karsh, qui a réalisé les portraits des plus grands de ce monde. On a ici quelques-unes des têtes les plus célèbres, de Churchill à Camus en passant par Einstein. L'essentiel de son oeuvre est cependant exposé au Musée des beaux-arts. Je n'ai pas eu le temps de m'y rendre, ce sera pour la prochaine fois.
Source: Cyberpresse.ca