La gastronomie française classée au patrimoine culturel de l’humanité La gastronomie française est classée, depuis hier, au patrimoine mondial de l’humanité. C’est la première fois qu’une cuisine se voit accorder pareille consécration.
Rabelais doit en saliver de plaisir, tout comme Curnonsky, Brillat-Savarin ou le malheureux Vatel. Tous ces cuisiniers ou amateurs de grands et de petits plats ont contribué à bâtir au fil des siècles, « le repas gastronomique des Français ». Il vient d’être classé au patrimoine mondial de l’humanité.
La décision était très attendue. Mais jusqu’au dernier moment, tout était possible. Aujourd’hui à Nairobi (Kenya), l’Unesco a tranché : la gastronomie française fait désormais partie du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. L’aboutissement d’une démarche de longue haleine initiée en novembre 2006. Dans sa décision, le comité note que cette gastronomie relève d'une « pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes ». Pierre Sanner préside la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires. Il ne peut que se réjouir de cet « honneur ». Interview.
La gastronomie française, patrimoine mondiale de l’humanité. Qu’est-ce que cela représente pour la France ?
C’est une bonne nouvelle pour la France mais c’est une bonne nouvelle pour la diversité culturelle mondiale dans son ensemble. C’est la première fois qu’une pratique culinaire fait son entrée au Panthéon de l’Unesco et rejoint ainsi des disciplines comme la danse, le théâtre ou encore la musique. Il y a de la fierté à ouvrir la voie dans un domaine qui nous est cher. D’autres candidatures suivent d’ailleurs. Les Français sont très attachés à cet élément de la culture et du patrimoine de notre pays. Quant aux étrangers, c’est souvent à travers ce prisme qu’ils nous perçoivent.
Qu’est-ce que cette reconnaissance va changer ?
Ce classement est un outil formidable. Il va permettre de renforcer la prise de conscience de l’importance de la cuisine dans la culture et le patrimoine de la France. Il faut tout mettre en œuvre pour la mettre en valeur. Cela passe par une transmission aux jeunes, dans les écoles, les centres aérés, la restauration collective. En tant qu’élément de la culture française, la gastronomie mérite par ailleurs d’être encouragée, soutenue. C’est un honneur qui nous engage. Elle va nous obliger à être à la hauteur de la reconnaissance accordée.
Et créer un « Beaubourg de la cuisine » ?
Oui, effectivement, il faut créer un grand lieu vivant dans lequel puisse exister la culture culinaire française mais aussi mondiale pour appréhender l’autre, connaître sa culture à travers ses plats. L’idée sera de découvrir, déguster, apprendre.
La « gastronomie » correspond-elle pour autant à la cuisine de tous les jours que connaissent les Français ?
Le terme de « gastronomie » peut troubler car il a longtemps été associé à la haute cuisine. Mais l’art de bien manger et de bien boire est partagé par tous. On peut tous bien manger même en faisant un plat de pâtes mais avec une sauce maison.
Propos recueillis par Claire Hache