[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Stéphanie MorinLa Presse
«Est-ce que quelqu'un a besoin de
jumelles?Qui a besoin d'un stylo avec sa
liste d'observation? Est-ce que tout le monde sait comment faire le foyer?» Don Freiday et Chuck Slugg accueillent les visiteurs comme des mamans
canes avec leurs canetons. Nous sommes un peu plus d'une vingtaine
d'ornithologues (très) amateurs massés au parc de Cape May Point. La
raison de cet attroupement: une sortie guidée organisée par le Cape May
Bird Observatory (CMBO), un organisme qui relève de la prestigieuse
société américaine de conservation Audubon. Nous sommes donc entre de bonnes mains pour découvrir le terrain de
jeu préféré des ornithologues du New Jersey. Le vent du large écornerait
un boeuf, mais les deux guides sont confiants. À Cape May Point, on ne
sort pas sans voir au moins 20 espèces différentes de volatiles. On n'a pas fait 10 pas que déjà, le compte est bon. De la plateforme aménagée pour l'observation, on domine des étangs
d'eau douce très achalandés. Cormorans à aigrette, colverts, huîtriers,
bernaches du Canada avec une flopée de poussins, fous de Bassan... Une
grande aigrette regarde le spectacle, entre deux séances de nettoyage du
nid. Au loin, des urubus à tête rouge et des balbuzards planent à la
recherche d'un repas. Dix pas à peine, et les stylos sont sur le point de manquer d'encre
tellement la liste est longue... Et le rythme ne ralentira pas pendant
les deux heures de la sortie. Nombre d'espèces observées à la fin de
l'activité: 35 (sans compter celles qui ont chanté sans se montrer). Le
clou du spectacle: un balbuzard, toutes serres dehors, qui a capturé une
truite sous nos yeux... avant de se faire harceler par un tyran tritri
10 fois plus petit que lui. «Cape May est considéré comme la capitale nord-américaine de
l'observation d'oiseaux, explique Don Freiday, directeur du programme
aviaire de CMBO. Plusieurs habitats se succèdent de si près qu'on peut
les voir en un coup d'oeil: l'océan, les dunes, les broussailles, les
étangs d'eau douce, les marais d'eau douce et d'eau salée, les forêts
d'arbres à feuilles, les forêts de conifères... Ici, ces habitats ont
été protégés, tandis qu'ailleurs, le développement en a détruit bon
nombre.» Résultat: un nombre effarant d'oiseaux s'arrêtent à Cape May dans leur
voyage migratoire. «J'ai voyagé partout pour voir des oiseaux: au
Pérou, au Costa Rica, en Afrique. Et il n'y a rien comme Cape May...» Pete Dunn est directeur du CMBO. C'est aussi une sommité de
l'observation d'oiseaux, avec plusieurs guides à son actif. Tous les
lundis matin, il offre une visite guidée très courue dans les «Meadows»,
un grand espace qui a servi d'aéroport lors de la Première Guerre
mondiale avant d'être transformé en refuge migratoire. «Cape May est un endroit réputé partout dans le monde pour la
diversité des espèces qui y passe. À chaque sortie, on peut y voit
quelque chose d'extraordinaire», lance ce vulgarisateur passionné et
passionnant qui a fondé les World Series of Birding, ce marathon
d'observation de 24heures. Chaque année, 100 000 personnes viennent à Cape May pour
l'ornithologie et plus de 6000 participent aux différentes activités
d'interprétation du CMBO: croisières en ponton, sorties guidées,
ateliers, conférences... Vendredi, samedi et dimanche prochain, on
propose une foule de sorties à pied, en bateau et en vélo dans le cadre
de l'événement Grand week-end printanier. Le hic pour les adeptes de grasses matinées: plusieurs activités se
font aux aurores. «Les deux premières heures après le lever du soleil
sont les meilleures pour l'observation. Après, le nombre d'espèce
diminue de 50%», dit Don Freiday. Au printemps, on vient à Cape May pour voir les oiseaux dans leur
plumage nuptial. C'est aussi la saison où les crabes des Moluques
envahissent certaines plages. Et il n'est pas rare d'en voir 5000 d'un
coup... Extraordinaire? La migration automnale des oiseaux l'est encore plus.
«De septembre à novembre, c'est la quantité d'oiseaux qui fait le
spectacle. Quand les circonstances sont bonnes, c'est une expérience
qu'on ne peut vivre nulle part ailleurs», estime Fridey. Les étangs
semblent alors couverts de plumes et les ornithologues ne savent plus où
donner des jumelles. C'est aussi pendant cette période que les
papillons monarques et les libellules arrivent par centaine de milliers à
Cape May... Décidément, quand les plages de Cape May se vident de leurs
vacanciers, le spectacle est loin d'être terminé... Le Cape May Point State Park est accessible gratuitement. Des frais de
5$ sont exigés pour la visite du refuge migratoire The Meadows. Le coût
des activités d'interprétation du CMBO varient.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]