Paris sous terre et à la hauteur des toitsAnne-Marie Parent - Collaboration spéciale
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Les Catacombes C'est reconnu, Paris a l'humeur changeante. La Ville Lumière peut s'assombrir subitement et se gorger de nuages qui entraînent l'ouverture massive de parapluies et la course vers un endroit abrité. Heureusement, il y a toujours un café tout près pour accueillir les badauds qu'un grain de pluie effraie. Quand on est touriste, outre les troquets et les cafés, d'autres lieux font tout aussi bien l'affaire: les musées, les métros et les attraits inusités comme les Catacombes.
Un de ces jours où le temps était maussade, nous avons décidé de consacrer notre après-midi à la visite d'un… ossuaire, sous les rues de Paris, à 20 mètres du sol. Dans ces galeries souterraines, les restes de près de 6 millions de Parisiens ont été transférés de 1786 à 1814 environ, pour contrer l'insalubrité des cimetières, devenus à l'époque des foyers d'infection. Restaurées en 2001 puis en 2005, les Catacombes ont subi d'autres travaux en 2008, notamment sur le plan de l'éclairage.
Descente en enfer? Un gardien nous ouvre la grille et nous laisse descendre seuls, livrés à nous-mêmes, dans des tunnels où des crânes aux yeux vides et des tibias dégarnis (ou étaient-ce des fémurs?) apparaissent çà et là, empilés le long des murs dans un silence plus que troublant. Même si les lieux sont éclairés, certaines plaques murales reposent dans la pénombre.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Heureusement, en voyageurs équipés, nous sortons notre lampe de poche pour lire les inscriptions qui révèlent des citations et même des poèmes en français, en latin et parfois en italien. On retrouve les enseignes des rues sous lesquelles nous déambulons, véritable clin d'œil à la civilisation active qui bourdonne au-dessus de nos têtes pendant que nous arpentons les couloirs obscurs du Paris souterrain.
Nouveauté inexistante au moment de notre visite, la galerie de Port-Mahon, fermée depuis 1995, est maintenant ouverte au public. Elle contient les sculptures d’un vétéran des armées de Louis XV (au XVIIIe siècle), qui sculpta à même les murs une maquette de la forteresse de Port-Mahon, aux Baléares, où il aurait été détenu par les Anglais. Des expositions temporaires sont également régulièrement présentées.
Ne vous méprenez pas: la visite des Catacombes est inusitée et fort appréciée, malgré son caractère macabre. Thanatophobiques, voici un traitement choc pour vous! Vous avez aimé? Sachez qu'on peut aussi visiter les… égouts de Paris.
Dans les égoûts Le réseau des égouts est constitué de plus de 2400 km de galeries qui sillonnent la ville, soit l'équivalent de la distance Paris-Istanbul. Les galeries ouvertes au public se trouvent près du pont de l'Alma, dans le réseau d'assainissement des eaux, bien aménagé et sécurisé, et accueillent près de 90 000 visiteurs par année.
On y a aménagé un musée qui présente le travail d'Aubriot, ingénieur concepteur du réseau d'égouts au XIXe siècle. Dans les galeries souterraines, on relate le cycle de l'eau et le travail des égoutiers de Paris. Un spectacle audiovisuel complète la visite.
Personnellement, après avoir passé près d'une heure et demie dans l'envers du décor de la ville, la circulation trépidante et le ronron incessant des bruits de fond urbains m'ont assommée en remontant à la surface. Pour nous en éloigner, mais cette fois en hauteur, nous nous sommes dirigés vers le 12e arrondissement pour grimper au niveau des toits de Paris.
Paris du haut des toits[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]© Paris Tourist Office/Amélie Dupont
Promenade plantée Au Québec, on l’appellerait parc linéaire. Réservée aux piétons, la promenade plantée, nommée aussi coulée verte, suit un ancien tracé de chemin de fer où le train ne passe plus depuis 1969. Totalisant 4,5 kilomètres, le parcours emprunte la plupart des infrastructures ferroviaires d’origine : viaduc, tunnel, remblais, tranchée... On se promène donc rarement au niveau de la rue, mais plutôt au-dessus ou en contrebas. Une belle façon de parcourir cette partie de la ville sans s’inquiéter de la circulation automobile et des feux de circulation.
Garnie de tilleuls, de noisetiers, de bambous, de cerisiers à fleurs, de lierres, de rosiers et de parterres fleuris, la promenade plantée est ponctuée de pergolas, de jardins-terrasses de 12 à 15 mètres de largeur, de bancs de parcs, de canaux et de fontaines.
Aménagée par étapes depuis 1988, la promenade démarre derrière l'opéra Bastille, à l’angle de l’avenue Daumesnil et de la rue Ledru-Rollin. À partir du jardin de l’ancienne gare de Reuilly, elle devient piste cyclable. Le parcours se termine au bois de Vincennes, grâce à un passage sous le boulevard périphérique. On n’arrête pas pour autant la balade à la fin de la coulée verte : dans ce grand parc «poumon de la ville» qu’est le bois de Vincennes, en banlieue de Paris, les promeneurs disposent d’une centaine de kilomètres de sentiers pédestres et de 17,5 kilomètres de pistes cyclables.
Viaduc des arts [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un des tronçons (au début de la promenade, avenue Daumesnil) se trouve sur un ancien viaduc aménagé en 1859 pour soutenir la voie ferrée qui reliait la Bastille à Vincennes. Sentier sur le dessus, boutiques à l'intérieur: cet ouvrage d'art renommé Viaduc des arts a une double fonction. Ses arches ont été fermées par des vitrines et chaque voûte sert de boutique à un artiste ou à un artisan: on y retrouve une cinquantaine de créateurs, dont des luthiers, des encadreurs, des brodeurs, des ébénistes, des sculpteurs, des souffleurs de verre, des peintres...
Le toit du viaduc, de 9 mètres de largeur, accueille la promenade plantée tout en longueur. Tous les 220 mètres environ, des ascenseurs et des escaliers donnent accès à la rue (fermeture à 21 h 30 l'été, de 17 h 30 h à 21 h selon les mois, les autres saisons). Il est très agréable de parcourir la promenade plantée du haut du viaduc, où l’on voisine les toits et non les voitures, tout en déambulant parmi les fleurs et les arbres (le parcourt végétal piétonnier s'y déroule sur 1,5 km). Nous croisons toutes sortes de promeneurs: des parents et leurs poussettes, des résidants du coin avec leur chien, quelques touristes épatés par le concept, des lecteurs assis sur un banc… Quelle belle façon de voir Paris!
Source: Canoe.ca