Égypte: un monde de contrastes Marie-Josée Nantel
Le Soleil [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Chéops, la plus haute des trois pyramides de Gizeh (137 mètres),
figure au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Photo: Marie-Josée Nantel, collaboration spéciale Les taxis se faufilent à toute allure dans les rues étroites, entre les voitures cabossées et les charrettes tirées par des ânes. Les klaxons résonnent de partout. Le Caire, la capitale la plus peuplée de l'Afrique, est une vraie fourmilière.
Les piétons traversent les rues n'importe où, les conducteurs ne respectent aucune signalisation. Les policiers gèrent tant bien que mal les bouchons de circulation.
Les hommes barbus revêtent des djellabas, les femmes sont voilées. L'appel à la prière retentit au coucher du soleil. Première impression : l'Égypte est un pays d'Afrique, mais on s'y sent comme au Moyen-Orient.
Alors Inch Allah, «si Dieu le veut», une visite du Caire islamique représente l'occasion idéale de se familiariser avec la religion du pays. Des murailles de l'enceinte fatimide aux portes de la citadelle, l'islam se révèle accessible et ouverte au dialogue, puisque les mosquées se visitent à certaines heures.
Le Vieux-Caire, surnommé Babylone pendant plusieurs siècles, offre d'ailleurs une perspective religieuse étonnante. L'église suspendue, la plus belle église du Caire, côtoie la synagogue Ben Izra et la mosquée Amr.
L'Égypte étant un pays sûr pour les touristes, il faut pénétrer dans le quartier populaire Darb el- Ahmar pour admirer des mosquées plus isolées. Avec un peu de chance, un fervent musulman vous laissera monter seul dans le minaret de sa mosquée, avant de vous enseigner les rudiments de sa religion.
Les pyramides de GizehAux limites du Caire, sur une route bordée de boutiques et d'hôtels, surgissent du désert ces monstres architecturaux majestueux. La plus grande des trois pyramides, Chéops, compte 2,5 millions de blocs et atteint une hauteur de 137 mètres. Elle représente la dernière des sept merveilles du monde antique.
Aussi imposantes soient-elles, les pyramides sont vulnérables. Pillées au fil des siècles, puis dérobées de leurs blocs pour construire d'autres bâtiments, elles manquent de silence et de calme. Chaque année, près de 10 millions de visiteurs viennent à Gizeh pour pénétrer dans les chambres funéraires des pharaons.
D'ailleurs, dépouillées, les pyramides révèlent vraiment leurs secrets au Musée du Caire, à la place Tahrir. Bien que les statues colossales, les bijoux et les objets usuels soient à l'étroit dans ce musée poussiéreux et mal agencé, c'est le seul endroit où les visiteurs peuvent s'émerveiller devant des momies.
Ainsi, les pyramides de Saqqara méritent tout autant le détour, d'autant plus qu'elles sont beaucoup moins achalandées. Les plus aventureux ont donc enfin l'impression de percer in situ quelques-uns des mystères de l'art pharaonique.
Ce lieu plus reculé, à 28 kilomètres du Caire, permet d'admirer des chefs-d'oeuvre de l'art du bas-relief. Ceux du mastaba de Ti ont été extrêmement bien conservés, mais il est interdit de les photographier.
Le désert blancLe silence incommensurable du désert Blanc, qui tranche avec le bourdonnement du Caire et des pyramides, permet de savourer paisiblement l'une des curiosités les plus méconnues de l'Égypte. Dormir à la belle étoile dans ce paysage lunaire vaut les centaines de kilomètres à parcourir depuis le Caire.
S'y rendre en 4 X 4 demande une bonne dose de débrouillardise, surtout lorsqu'on s'enlise dans le sable. C'est pourquoi de nombreux séjours sont organisés dans les oasis, comme celle de Baharya.
Dans l'immensité du désert libyen se dresse alors l'une des 1001 merveilles du monde à voir avant de mourir : une masse crayeuse de calcaire que le vent et le temps ont façonné en figures fantasmagoriques. Tantôt apparaît un serpent la gueule ouverte, tantôt une queue de baleine, tantôt une poule.
Être le témoin de ce mariage entre la froideur du décor arctique et la chaleur infernale de ce pays en été met en relief toutes les contradictions de l'Égypte.
De plus, si vous avez la chance de partager le repas d'un guide bédouin, vous constaterez la gentillesse de ce peuple nomade ainsi que la finesse de leur cuisine, parfumée à souhait.
LouxorUn billet d'avion pour se rendre à Louxor coûte cher. Aussi, malgré l'inconfort d'une nuit de 10 heures, mieux vaut acheter un billet de train. Une expérience folklorique à vivre lorsque vous ne maîtrisez pas les rudiments de l'arabe égyptien et que vos hôtes ne bredouillent que l'anglais!
Une fois arrivé à Louxor, les cochers font toutefois vite oublier les courbatures. Les touristes se rendent tous à leur hôtel sur une rutilante carriole aux couleurs locales. Le temps d'y déposer les valises et hop!
Les temples de Louxor et de Karnak se dressent le long du Nil. Vestiges de la mythologie égyptienne, ils suscitent autant la curiosité des néophytes que celle des amateurs d'histoire.
De l'autre côté du Nil, la Vallée des rois fascine autant que les pyramides. Pendant quatre siècles, des ouvriers y ont charrié, creusé et poli des milliers de tonnes de gravats afin d'offrir aux rois une sépulture digne de leur grandeur. Certains hiéroglyphes, dont ceux du tombeau de Ramsès VI, éblouissent tant ils ont conservé leurs couleurs originelles.
C'est d'ailleurs à cet endroit qu'en 1922, Howard Carter a découvert le célèbre tombeau de Toutankhamon. Toutefois, le mobilier funéraire, d'une richesse inégalée jusqu'ici, est exposé au Musée du Caire, comme bien des trésors de cette vallée. À quelques kilomètres de là, la Vallée des reines et les tombes des nobles sont à faire, même s'ils sont en très mauvais état de conservation.
Des danseurs en transeRetour au Caire, au caravansérail Al-Ghouri. Dans cet ancien bâtiment commercial du XVIe siècle, des tambourineurs en tuniques blanches amorcent une mélodie arabe. Un homme se met à réciter des versets coraniques. Trois derviches tourneurs, ces danseurs pieds nus et vêtus de jupes multicolores, prennent place solennellement au centre de la scène.
Doucement, ils se mettent à tourner sur eux-mêmes, puis de plus en plus vite, au rythme des percussions qui s'accélèrent. Ils détachent une à une leurs jupes que leurs mains agiles font virevolter dans les airs, sans jamais les échapper.
Leurs chorégraphies circulaires durent une trentaine de minutes, sans arrêt. La maîtrise dont ils font preuve laisse émerveillé. La transe dans laquelle les derviches sont plongés envoûte aussi les musiciens, qui lancent des cris d'encouragement.
Les prouesses tirent à leur fin, sous les applaudissements à tout rompre de la foule.
Voyager en Égypte, c'est comme se retrouver au coeur d'un tel spectacle. Un maelström de calme et de bruit, de couleurs et de saveurs, de modernité et d'antiquité. Une terre accueillante où le choc culturel peut être au rendez-vous, mais d'où vous ressortirez grandi d'en avoir appris un peu plus sur les différentes façons de vivre d'un peuple islamisé qui se modernise peu à peu.
Source: Cyberpresse.ca