Swiss songe à taxer les utilisateurs de cartes de crédit Philippe Rodrik AVIATION | La filiale helvétique de Lufthansa n’exclut pas des mesures susceptibles d’encourager les passagers à payer leurs billets en liquide.
Lorsque nous payons nos achats avec des cartes de crédit, les commerçants et autres fournisseurs doivent ensuite s’acquitter d’un émolument de 2% à 4% auprès des émetteurs de la monnaie plastique utilisée. «Transférer cette charge sur le prix global de chaque billet vendu n’est pas exclu», prévient le chef du marketing de Swiss pour la Suisse, Thomas Benz.
La direction de la filiale helvétique de Lufthansa s’empresse de préciser que rien n’est encore décidé. «Mais nous analysons en permanence nos coûts de distribution afin de les diminuer autant que possible», relève le porte-parole de la compagnie, Jean-Claude Donzel. Du coup, l’hypothèse d’une taxe sur les billets achetés avec des cartes de crédit peut susciter l’effroi, un retour dans le passé ou un regain d’activité, selon les parties concernées.
En prenant connaissance du propos sibyllin de Thomas Benz, nombre de voyageurs seront en effet enclin à redouter une forte hausse des prix. La compagnie à bas coûts Ryanair compense en effet grassement les charges liées aux achats de billets effectués avec des cartes de crédit: 5 euros sont ainsi perçus pour chaque vol. Autrement dit 10 euros par aller-retour ou 40 euros pour une famille de deux enfants. Et même si les quatre billets sont achetés avec une seule et même carte de crédit.
Les compagnies low-cost réalisent toutefois la majeure partie de leurs recettes avec de multiples suppléments (repas, boissons, bagages et peut-être bientôt les toilettes). Swiss ne devrait donc pas en arriver à majorer outre mesure ses tarifs. Une compensation des coûts générés par l’usage de la monnaie plastique risque toutefois de développer des conséquences surprenantes.
Depuis 2006, TUI Suisse ajoute 2% sur le prix des services que ses clients lui achètent avec des cartes de crédit. Et, au cours des quatre dernières années, le deuxième voyagiste helvétique a constaté une chute de 50% des paiements effectués par cartes de crédit dans ses agences. Les voyages payés en argent liquide ne cessent en revanche d’augmenter.
Si Swiss en venait à utiliser le même système, les passagers seraient donc non seulement encouragés à se procurer leurs titres de transport avec du cash, mais en plus à retourner dans les agences de voyages. En Suisse, la compagnie bâloise ne dispose en effet plus que d’un seul point de vente urbain avec des êtres humains susceptibles d’encaisser les billets et les sous. Il se trouve à Zurich, près du Paradeplatz.
Source: Tribune de Genève