48 heures à PragueNathalie Collard
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo: Nathalie Collard, La PresseDeux jours, c'est peu. Heureusement, le charme envoûtant de Prague opère immédiatement.
Jour 18?h: le pont CharlesJe débute ma visite sur le pont Charles (Karluv Most). Cela permet de se situer rapidement: sur la rive droite de la Vltava, la Vieille Ville, et sur la rive gauche, la Nouvelle. Le pont est envahi de vendeurs de toutes sortes et en après-midi, c'est bondé. Mais tôt le matin, avec un petit brouillard de circonstance, c'est tout à fait romantique. Je touche la statue de saint Jean Népomucène (la plus vieille des 30 statues qui ornent le célèbre pont, en rénovations cette année), car on dit que cela porte chance. Puis je me dirige vers Malá Strana.
9?h: MalÁ StranaC'est un quartier qui a connu une grande influence italienne et ses anciens palais sont très recherchés, en particulier par les ambassades qui en occupent plusieurs. On déambule dans les rues étroites puis on monte la pente escarpée jusqu'au château qui surplombe la ville. Là-haut, le point de vue sur Prague est magnifique. S'il y a un seul endroit à visiter et qu'on dispose de peu de temps, on choisit l'extraordinaire cathédrale Saint-Guy, joyau de l'architecture gothique, dont le clocher est visible d'un peu partout dans la ville. Pratiquement collée sur le château, elle renferme les vitraux parmi les plus beaux que j'ai eu la chance de voir dans ma vie. L'un deux a été conçu par l'artiste praguois Alfons Mucha. Tout simplement magnifique.
14?h: Le châteauAprès le lunch, ma promenade me mène à quelques minutes du Château, au couvent de Strahov, fondé en 1143. Il y a un peu de bruine, ce qui ajoute à l'atmosphère mystérieuse et romantique. Dans un silence recueilli, on peut visiter les impressionnantes bibliothèques qui abritent des livres datant de plusieurs siècles. Les gentilles dames sur place vous expliqueront pourquoi ils sont recouverts d'une épaisse poussière blanche. Dans les présentoirs, quelques fossiles d'animaux marins donnent à l'endroit un cachet un peu excentrique. Avant de partir on peut admirer l'évangéliaire de Strahov, le plus ancien manuscrit de la collection, datant du IXe siècle. Les enluminures, superbes, sont pratiquement intactes.
16?h: Spécialités localesC'est l'heure d'une blonde, d'une rousse ou d'une noire. Et ce ne sont pas les choix qui manquent. Les Tchèques sont parmi les plus grands buveurs de bière au monde. Les pubs et les terrasses font partie de la culture praguoise. C'est l'occasion de déguster quelques spécialités locales.
20?h: Atmosphère feutréePalffy Palac, la vie de château n'est peut-être pas accessible à tous, mais j'y aurai goûté l'espace d'une soirée en allant dîner dans un restaurant qui occupe toute une partie d'un palais du XVIIIe siècle, propriété du Conservatoire de musique de Prague. La cuisine locale qu'on y sert est très honnête, mais on y va surtout pour l'atmosphère feutrée, les grands miroirs au tain usé, les lustres, les bouquets de fleurs fraîches sur les tables et pour le serveur qui, ce soir-là, semblait tout droit sorti d'un récit de vampires. Inoubliable.
JOUR 2
9?h: Musique, musiqueJe débute ma journée sur la place de la Vieille Ville, le coeur de Staré Mesto, envahie par les terrasses l'été et par les pittoresques marchés de Noël en décembre. Je passe quelques heures à déambuler dans le labyrinthe de vieilles rues (je me suis même perdue à quelques reprises). Petit détour aux limites de Nove Mesto (la Nouvelle Ville) à la Maison municipale, où on retrouve quelques traces de l'artiste Alfons Mucha, pour voir s'il est possible d'assister à une répétition de l'Orchestre symphonique de Prague ou encore, d'acheter un billet pour le concert du soir. Prague est habitée par la musique, particulièrement l'été où on peut assister à plusieurs récitals en plein air. L'hiver, on vous interpelle dans la rue pour vous présenter le programme et vous offrir des billets.
11?h: Quartier juifLe quartier juif de Prague (Josefov) est loin d'être le plus important d'Europe, mais il a quelque chose de poignant, en particulier le cimetière où les pierres tombales semblent avoir poussé pêle-mêle au beau milieu des arbres. Un moment de recueillement s'impose. À l'intérieur de la synagogue, les noms des juifs praguois déportés vers le camp de concentration ornent les murs. Les Russes les avaient recouverts d'une couche de peinture lors de l'invasion communiste. On a réécrit chaque nom, patiemment. C'est très émouvant.
13?h: Cuisine praguoiseLa cuisine praguoise n'est pas reconnue pour son inventivité. On trouve tout de même quelques bonnes tables dont un excellent resto italien (Ambiente, Celetna 11) que j'ai visité deux fois plutôt qu'une. Au menu?: succulentes pâtes fraîches accompagnées d'un bon verre de rouge suivis d'un espresso court bien serré.
15?h: Alfons MuchaC'est l'un des artistes phares de Prague même s'il a mené sa carrière principalement à Paris. Le musée qui lui est consacré n'est sans doute pas à la hauteur de son immense talent, mais il vaut tout de même le détour. En plus des illustrations parmi les plus connues, on retrouve des pièces plus rares et des objets de son enfance.
17?h: Le long de la VltavaPour terminer la journée, une promenade le long de la Vltava qui me mène au café Slavia, haut lieu de rencontre des intellectuels praguois. On imagine le poète et ancien président Vaclav Havel y avoir des discussions animées. Pas très loin, je me retrouve place Venceslas, coeur politique de la ville, là où les Praguois se rassemblent spontanément lors des grands rendez-vous de l'Histoire.
Aujourd'hui, les plus vieux sont un peu choqués par la multitude des fast-foods qui ont envahi ces Champs-Élysées praguois. On parle de redonner à l'endroit son lustre d'antan.
Source: Cyberpresse.ca