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| Tourisme : Bali, c'est fini ? | |
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Nicole C Administratrice
Localisation : Montréal, Québec, Canada Emploi/loisirs : Retraitée / Voyages, musique, espagnol, lecture Votre pays :
| Sujet: Tourisme : Bali, c'est fini ? Lun 23 Juil 2012 - 21:35 | |
| Tourisme : Bali, c'est fini ? Par Bruno Philip (Bali, envoyé spécial)
Bali ou l'"île des Dieux". Voilà un paradis auquel aucun cliché du style publicité pour déodorant n'aura été épargné. Depuis des lustres, la perle de l'archipel indonésien des petites îles de la Sonde incarne le pays de cocagne par excellence : splendeur naturelle de ses paysages tropicaux, blancheur de ses plages "de rêve", beauté tourmentée de ses temples hindous, réputation de gentillesse et de tolérance de ses habitants. Tous les ingrédients indispensables du jardin d'Eden sont réunis. Mais il y a le feu au paradis : cette idyllique description risque bientôt de devoir se conjuguer au passé. Bali est menacée au point qu'elle pourrait, à terme, devenir méconnaissable : les effets cumulés du tourisme de masse, d'une consommation effrénée et d'un désastre écologique se combinent au point que les plus lucides d'entre les Balinais commencent à tirer la sonnette d'alarme.
Alors, Bali, c'est fini ? "Oui, si l'on pense à ce qu'elle fut", s'accordent à dire - au minimum - nombre de ses résidents. Les paradis, sans doute, n'ont pas d'avenir : ils ne sont après tout que des perfections fragiles dans un monde imparfait.
Et si on les définit comme les réceptacles d'un passé immobile, ils ne peuvent qu'être les victimes de la modernisation. Bali, entre autres "paradis", semble mal armée pour résister aux mutations du XXIe siècle.
ENVIRON DEUX MILLIONS ET DEMI D'ASSOIFFÉS DE PARADIS
"Bali, à partir des années 1970, est vraiment devenue une destination touristique, explique Wayan Suardana, responsable de l'ONG Walhi, qui bataille pour la préservation de l'environnement. Mais au début, il s'agissait plutôt de tourisme culturel. Aujourd'hui, on assiste à un tourisme de masse. Et c'est bien le problème!"
Les indicateurs n'incitent pas à l'optimisme : des centaines d'hôtels absorbent une grande partie des réserves d'eau douce. Chaque chambre d'un quatre-étoiles en consomme 300 litres par jour... "En 2015, Bali pourrait faire face à une crise de ressource en eau potable", redoute Wayan Suardana.
Plus d'un million de touristes avaient visité Bali en 2001. Les chiffres de 2011 montrent qu'environ deux millions et demi d'assoiffés de paradis s'y sont rendus l'année dernière. Cela en dépit de l'attentat terroriste de 2002 revendiqué par un groupuscule islamiste, et qui avait fait 202 morts, dont de nombreux visiteurs australiens.
700 hectares de terrain sont convertis chaque année en hôtels, résidences de luxe pour riches étrangers ou simplement en routes destinées à améliorer les voies de communication de cette île de 3,5 millions d'habitants.
13 000 mètres cubes d'ordures sont déversés chaque jour dans les décharges publiques, et seule la moitié d'entre elles est recyclée. Des embouteillages monstres créés par un trafic à l'essor incontrôlable engorgent de nombreuses artères : 13 % de voitures de plus par an et une augmentation de seulement 2,28 % de routes carrossables !
Pour essayer de contrôler les effets du tourisme de masse sur la culture hindouiste locale - qui fait figure d'exception dans une Indonésie majoritairement musulmane -, les autorités ont eu l'idée de concocter un "grand plan" destiné à faire passer une loi de protection environnementale : espacement minimal obligatoire de 150 mètres entre les "resorts" touristiques et la plage, pas d'hôtels à moins de 5 kilomètres des temples hindous à l'architecture délicatement chantournée...
Cette belle idée est restée jusqu'à présent lettre morte : les efforts de décentralisation sont tels qu'en Indonésie - un archipel de 17 000 îles peuplées de 240 millions de personnes -, un pouvoir disproportionné a été accordé aux bupati ou préfets élus de ce qui est ici l'équivalent d'un département français. Et ces derniers voient cette législation d'un très mauvais oeil.
"AUCUNE VISION À LONG TERME"
"La loi de protection de l'environnement est passée, mais les bupati, qui possèdent des intérêts financiers et sont en collusion avec les promoteurs, ont tout fait pour que ladite loi ne soit pas appliquée. Leur obsession, c'est de gagner de l'argent pour rembourser leurs campagnes électorales", accuse un membre de l'assemblée législative provinciale de Bali, Ketut Adyana.
Ce député trentenaire, affable et réservé, est l'un des seuls au Parlement à vraiment s'agiter pour tenter de sauver Bali. "C'est bien que Bali attire les touristes, mais Bali ne devrait pas être dévolue au seul tourisme", estime-t-il.
"Les responsables locaux n'ont aucune vision à long terme, renchérit-il, ils veulent un retour rapide du capital investi. Et c'est le tourisme qui le permet. L'ironie de l'histoire, c'est qu'un jour, quand le développement aura atteint un tel niveau, les touristes ne trouveront plus à Bali ce qu'ils s'attendaient à y voir"...
En janvier 2011, réagissant à la dégradation en cours, le gouverneur Made Mangku Pastika a décrété un moratoire empêchant de nouvelles constructions dans certains sites déjà fortement urbanisés. Il a prévenu : "Bali risque de devenir une terre stérile hérissée de constructions en ciment !" Inutile de dire que le moratoire est peu populaire chez les investisseurs, et qu'il pourrait bien, lui aussi, symboliser une tentative mort-née pour limiter les dégâts.
DÉRIVES
"Le tourisme est une réalité liée à l'attractivité de notre culture : si le tourisme de masse évolue dans un sens qui menace cette culture, notre spécificité va disparaître", explique Ida Bagus Ngurah Wijaya, président de l'office du tourisme de Bali. Lui-même est propriétaire d'un prestigieux hôtel à Sanur, l'une des destinations phares de l'île.
"Rien n'est encore perdu", espère-t-il, tout en reconnaissant cependant : "Nos gros problèmes sont le manque de routes, d'accès à l'eau, l'insuffisance d'infrastructures, de potentiel électrique et de traitement des ordures ménagères."
"On a utilisé la culture comme une marchandise", dénonce Ketut Yuliarsa, poète, metteur en scène de théâtre et natif d'Ubud. Ce cinquantenaire espiègle, qui écrit des poèmes où il est question d'"explorer la route qui mène au-delà du monde, à l'âme, peut-être...", est consterné par l'évolution de son île.
"Les Balinais restent des gens profondément attachés à leur religion et à leur culture, ils passent beaucoup de temps dans les temples, respectent les rites. Mais le tourisme de masse bouleverse les pratiques : la diversité des cultures locales, la spécificité des rituels est en train de s'unifier, de s'homogénéiser. On offre un "package" standardisé aux étrangers."
Exemple parmi d'autres : les guides touristiques ont recours à des pratiques polynésiennes, comme le collier de fleurs distribué aux arrivants, qu'ils présentent comme une "coutume balinaise" !
La difficulté de freiner ces dérives est d'autant plus difficile que le tourisme présente des aspects positifs : "Les gens se sont enrichis, le niveau de vie s'est élevé. Beaucoup de Balinais n'ont pas conscience des changements en cours : en majorité, ils se disent satisfaits de l'évolution des choses", remarque Ketut Yuliarsa.
"LES BALINAIS SONT DE PLUS EN PLUS OBSÉDÉS PAR L'ARGENT FACILE"
Une partie de la jeunesse prend ainsi ses distances à l'égard des contraintes culturelles, souvent de plus en plus perçues comme trop lourdes. Le statut de fermier commence à être dévalorisé au profit de la réputation positive de l'urbain "mondialisé".
Un phénomène qu'a pu observer Audrey Lamou, qui a été directrice de l'Alliance française de Denpasar - chef-lieu de Bali - durant plusieurs années. "La société balinaise reste à 80 % pied et poing liés à la participation quotidienne aux rites, explique la jeune femme. Mais certains jeunes, qui sont obligés de payer une sorte de compensation monétaire au village quand ils ne peuvent assister aux rites obligés, pestent contre ces règles trop contraignantes."
Audrey Lamou, qui a vécu aussi à Djakarta, observe que la démocratisation en cours en Indonésie depuis la fin de la dictature du général Suharto - forcé de démissionner de la présidence en 1998 à l'issue d'un mouvement populaire - a cependant apporté bien des aspects positifs dont Bali est en train de profiter : "Les gens peuvent s'exprimer beaucoup plus librement qu'il y a dix ans et de plus en plus de journalistes et de collectifs dénoncent autant la corruption que l'amateurisme de certains politiciens."
En même temps, "les Balinais sont de plus en plus obsédés par l'argent facile. Des institutions, comme les gamelans, orchestres traditionnels, sont en train de se perdre et la langue balinaise cède peu à peu la place à l'indonésien. Au vu de cette évolution spectaculaire, on se demande parfois si les Balinais, au plan culturel, ne sont pas en train d'aller droit dans le mur", déplore-t-elle.
MAGIE
Ces tendances inquiètent naturellement ceux par qui le savoir religieux et culturel se transmet. "Comment la religion peut-elle survivre au capitalisme ?", se demande Ida Pandita Acharya, le brahmane d'un petit temple d'un village proche d'Ubud.
Voici comment il décrit le processus en cours : "Traditionnellement, les gens vivaient dans la peur des dieux. Parce que les Balinais étaient conscients des forces de la nature, les rites leur permettaient de maintenir un équilibre entre l'homme et le divin. Désormais, même si les rites sont encore respectés, le souci d'une partie croissante de la population se concentre autour de l'acquisition matérielle. La politique des responsables a pour conséquence une perte de la sagesse collective, un brouillage des repères et le déracinement culturel."
Bali, certes, en comparaison d'autres destinations de "rêve" en Asie - comme la Thaïlande où le tourisme a défiguré une grande partie du littoral - reste encore un lieu empreint de magie. Au moins dans les régions - il y en a ! - épargnées par le tourisme de masse. Mais si rien n'est fait pour enrayer la dérive, le territoire de tous les dieux risque de ne pas échapper à la règle cruelle qui veut que les paradis n'aient pas d'avenir.
Source: Le Monde | |
| | | anastasia.r Membre émérite
Localisation : FRANCE Emploi/loisirs : VOYAGES SPORT CUISINE DECORATION Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 24 Juil 2012 - 5:06 | |
| moi c'est une destination qui me tente de plus en plus | |
| | | Nicole C Administratrice
Localisation : Montréal, Québec, Canada Emploi/loisirs : Retraitée / Voyages, musique, espagnol, lecture Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 24 Juil 2012 - 9:21 | |
| Effectivement, anastasia!!! Moi aussi! Souhaitons seulement que la venue massive des touristes n'enlève pas la magie de cette destination avec le temps!!! | |
| | | anastasia.r Membre émérite
Localisation : FRANCE Emploi/loisirs : VOYAGES SPORT CUISINE DECORATION Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 24 Juil 2012 - 9:27 | |
| et surtout attention aux dégradations ! | |
| | | Shavhynn Membre émérite
Localisation : Genève Emploi/loisirs : Etudes Muséales Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 31 Juil 2012 - 5:35 | |
| Pfff, le tourisme de masse va bien finir par tout foutre en l'air, à Bali comme ailleurs... Cela dit, j'ai trouvé deux visages à Bali. Fort heureusement on peut encore se promener dans l'île et se retrouver loin de ce tourisme de masse qui en épargne encore bien des coins. Mais force est d'avouer que même ainsi, on sent bien qu'aujourd'hui tout à Bali est prévu pour le tourisme. J'ai réellement adoré cette île, mais le "Bali authentique" qu'on nous vend à longueur d'année, ça oui, c'est bel et bien fini. Je connais bien l'Asie et si Bali en est l'un des plus jolis recoins à mon goût, c'en est aussi l'un des moins authentiques. | |
| | | Nicole C Administratrice
Localisation : Montréal, Québec, Canada Emploi/loisirs : Retraitée / Voyages, musique, espagnol, lecture Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 31 Juil 2012 - 7:23 | |
| Tu as sûrement raison, Shavhynn. Là comme ailleurs le tourisme de masse fait ses ravages!!! | |
| | | al44 Nouveau membre
Localisation : NANTES Emploi/loisirs : VOYAGE Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 18 Déc 2012 - 13:11 | |
| retour de 3 semaines sur l'ile en novembre/décembre. globalement déçu ; j'ai retrouvé nombre de points évoqués dans l'article du Monde. Il est grand temps d'y aller pour ceux qui le souhaitent vraiment; sinon il y a mieux en asie notamment au niveau accueil. | |
| | | Nicole C Administratrice
Localisation : Montréal, Québec, Canada Emploi/loisirs : Retraitée / Voyages, musique, espagnol, lecture Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Mar 18 Déc 2012 - 13:17 | |
| Merci pour tes commentaires, al44!!! C'est malheureusement ce qui arrive dans les destinations touristiques de pointe! | |
| | | alexo Membre VIP
Localisation : Laurentides Emploi/loisirs : Réseau Santé Serv. Sociaux/voyage, lecture, cuisine, plein-air Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Dim 13 Jan 2013 - 17:24 | |
| Malheureusement, ce phénomène de tourisme de masse semble atteindre plusieurs pays, villes, etc.. Le voyage devenant accessible et attractif à de plus en plus de personnes dont nous-mêmes qui sommes des amateurs de voyage, cette problématique va en augmentant. IL est important que des politiques permettent d`assurer que le développement touristique tienne compte des impacts sur les populations locales et mettent en places des mesures afin de protéger celles-ci. C `est inquiétant! | |
| | | Nicole C Administratrice
Localisation : Montréal, Québec, Canada Emploi/loisirs : Retraitée / Voyages, musique, espagnol, lecture Votre pays :
| Sujet: Re: Tourisme : Bali, c'est fini ? Dim 13 Jan 2013 - 18:44 | |
| - alexo a écrit:
- Malheureusement, ce phénomène de tourisme de masse semble atteindre plusieurs pays, villes, etc.. Le voyage devenant accessible et attractif à de plus en plus de personnes dont nous-mêmes qui sommes des amateurs de voyage, cette problématique va en augmentant. IL est important que des politiques permettent d`assurer que le développement touristique tienne compte des impacts sur les populations locales et mettent en places des mesures afin de protéger celles-ci. C `est inquiétant!
Tu as tout à fait raison, alexo!!! D'autant plus que certains sites très courus par les touristes risquent d'être affectés à moyen terme. Un bel exemple est le Machu Pichu au Pérou. Il faut que les pays réglementent et assurent la survie de ces sites qui sont les témoins de l'histoire et de l'évolution. | |
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