Les montagnards de Sapa (Vietnam)

Les montagnards de Sapa (Vietnam)
Gilbert Lavoie
Le Soleil


(Québec) Tous les touristes qui visitent le Viêtnam du Nord vont à la baie d'Along, mais bien peu ont le temps de se rendre à Sapa. C'est dommage.


Sapa est située à 10 heures de train dans les montagnes, près de la frontière chinoise. C'est le pays des montagnards, un peuple composé de différentes communautés ethniques, dont la couleur des costumes est aussi variée qu'intéressante. On ne peut s'y rendre en avion. C'est le train de nuit qui est l'option la plus utilisée.

Si vous allez à Sapa dans l'espoir d'y voir les gens des différentes ethnies, vous serez servis à souhait... Ce sont eux, ou plutôt elles, qui viennent à vous. Dès le départ de l'hôtel pour votre trekking du jour, les vendeuses vous suivront pas à pas jusqu'à l'étape du midi. Si vous êtes nombreux, elles seront nombreuses; si vous êtes seul ou en couple avec un guide - c'était notre cas -, au moins une d'entre elles vous collera aux talons, même si vous lui répétez que vous n'avez pas l'intention d'acheter quoi que ce soit. Dans un premier temps, elles ne vous demandent rien et vous accompagnent de leurs sourires et de quelques informations sur la région. C'est à l'arrêt, à l'heure du dîner, qu'elles déballent leurs produits, avec beaucoup d'insistance. Quand quelqu'un vous a suivi pendant huit kilomètres, c'est très difficile de dire non...

La météo

L'hiver n'est pas le meilleur moment pour visiter Sapa. Les récoltes sont terminées, le temps est frais et le brouillard est très fréquent. Nous avons eu la chance d'y arriver sous le soleil : les paysages sont à couper le souffle. La ville est située sur un versant escarpé qui donne sur une vallée jalonnée de rizières en terrasses. C'est en septembre ou en octobre, au moment des récoltes, que les rizières montrent leurs plus belles couleurs. Si vous y allez en hiver, comme nous, il faudra prévoir des vêtements chauds, tuques et gants. Mais si vous n'avez pas ce qu'il faut, n'ayez crainte, vous trouverez tout le nécessaire partout à Hanoi et à Sapa. Il vous en coûtera quatre fois moins cher qu'au Québec.


Séjour chez l'habitant

Les hôtels sont nombreux à Sapa, et vous pouvez y trouver des guides très compétents. Il est toujours possible de visiter la région par soi-même, mais à moins d'avoir beaucoup de temps, il vaut mieux embaucher un guide : ils ne sont pas chers, ils vous accompagneront si vous désirez passer une nuit ou deux chez l'habitant, et ils parlent anglais... Si le séjour chez l'habitant vous intéresse, vous aurez l'embarras du choix. De nombreux villageois ont aménagé des résidences pouvant accueillir de petits groupes de touristes. La qualité varie d'une maison à l'autre, mais on y offre généralement des installations dotées de douches et de toilettes. Dans notre cas, les installations sanitaires étaient situées à l'extérieur de la maison. Au froid, la douche est un peu moins accueillante...

L'expérience en vaut quand même la peine : même s'ils ne parlent pas votre langue, les montagnards sont très accueillants. Et même s'ils font la cuisine sur le sol... la nourriture est convenable et parfois surprenante.

L'autre visage de Sapa

Derrière les costumes colorés et les magnifiques paysages de Sapa se cache une autre réalité, celle de la pauvreté et des conditions de vie difficiles des montagnards, surtout pendant l'hiver, quand le temps est froid, humide et brumeux. Notre deuxième journée de randonnée avec un guide nous a menés dans des coins plus isolés, où les infrastructures sont inexistantes et où la saleté des enfants dénote un manque flagrant de moyens et de services. Pas de chauffage, pas d'eau courante, et des habitations misérables où s'entassent de grosses familles. On n'y voit pas de mendiants, mais il vaut la peine de passer par le musée de la ville. On peut y lire les témoignages des jeunes qui racontent leur vie et l'immense défi qui les attend non pas seulement pour améliorer leur sort, mais pour gagner de quoi manger et se vêtir.

Les montagnards méritent votre visite pour la beauté de leurs paysages, mais également pour encourager leur industrie touristique.

Source: LaPresse.ca