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 La délectable Porto

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2 participants
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Nicole C
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Nicole C


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Votre pays : La délectable Porto Ca10

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MessageSujet: La délectable Porto   La délectable Porto Clock210Lun 4 Juin 2012 - 15:39

La délectable Porto
Etienne Plamondon-Emond

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Photo : Étienne Plamondon Émond
La ville de Porto vue du pont Dom Luis 1.

«Braga prie, Coimbra chante, Lisbonne s'amuse et Porto travaille», clame le dicton. Sans clinquant, cette dernière s'est malheureusement taillé une réputation austère. Porto travaille? La ville marchande ne le laisse pourtant jamais sentir. Elle ne nous presse pas, ne nous stresse pas. Elle nous invite plutôt, en humble hédoniste, à nous enivrer sans nous énerver. Son doux charme suave se délecte tranquillement comme l'alcool du même nom.

Porto — Glissant sous les multiples ponts, le fleuve Douro tranche avec sinuosité une cité qui semble à la fois vivante et figée dans le temps. Des barcos rabelos, de pittoresques bateaux traditionnels qui servent à transporter le vin, flottent en silence, les amarres larguées. Autour, des rues, des ruelles, des escaliers s'entrecroisent et s'enchevêtrent de manière anarchique. On y pénètre et on aime s'y perdre, même si les polyglottes et conviviaux habitants prennent sans cesse le temps de répondre à nos questions.

La vieille ville de Porto constitue un assemblage hétéroclite. Ses bâtiments, aux architectures provenant des multiples époques, s'emboîtent les uns dans les autres en un déstabilisant désordre. Ce capharnaüm incite pourtant, dans une ambiance sereine, à flâner et à s'engloutir dans ces séduisants méandres urbains.

Malgré la pauvreté encore palpable, le plaisir croît à force de s'engager dans ces ruelles, de se laisser balader par le vent comme le linge s'étalant devant tous les châssis, de renifler le fumet des grillades dont les habitants semblent de fervents cuistots et d'aboutir au beau milieu de bruyants marchés à ciel ouvert coincés au coeur d'étroites artères.

À l'embouchure du Douro, signifiant le doré, le terrain vallonné de Porto réserve des surprises à chaque détour. Dès que l'on se croit égaré, notre chemin débouche sur un nouveau panorama exquis. Sur le parvis de la cathédrale Sé, édifié au XIIe siècle, perché en amont du quartier Ribeira, un vertige agréable se ressent à la vue du labyrinthe qui se dessine devant nous jusqu'au fleuve. Même sensation enivrante au sommet de la Torre dos Clérigos, un clocher de 76 mètres de haut, conçue au milieu du XVIIIe siècle, qui permet de balayer du regard 360 degrés de joyeux fouillis aux toits orangés.

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Photo : Étienne Plamondon Émond
Une rue typique de Porto.

À tout cet univers foisonnant s'ajoute la pétarade visuelle des azulejos, ces carreaux de faïence décorés de motifs colorés, souvent bleutés, qui parent tous les immeubles comme un feu d'artifice permanent sur les murs de la ville. Ces oeuvres typiques de la péninsule ibérique se démocratisent particulièrement au Portugal où elles s'intègrent aux devantures les plus modestes. Il n'en demeure pas moins que Porto s'avère un lieu privilégié pour s'ébahir devant de véritables oeuvres d'art raffinées s'étalant sur ces surfaces de porcelaine.

De la façade l'Igréja do Carmo qui illustre la fondation de l'ordre carmélite, à la Sé dont l'étage supérieur de la cour intérieure met en scène le Cantique des cantiques et les contes d'Ovide, en passant par la Ribeira Negra, à la base du Pont Dom Luis 1 qui rend hommage à son quartier. Mais la fresque la plus impressionnante, voire intimidante, s'émancipe dans le hall de la gare de Sao Bento. Environ 20 000 azulejos fixent l'histoire portugaise du transport et de la guerre à l'entrée de cette institution ferroviaire toujours achalandée.

Évidemment, on ne peut passer par Porto sans se laisser tenter par les célèbres boissons alcooliques qui en ont fait un lieu de pèlerinage pour les épicuriens. Après tout, l'histoire de cette cité marchande s'arrime à celle de son industrie vinicole. On soupçonne que les Romains furent les premiers à planter des vignes près des communautés lusitaniennes du Douro. L'antique empire y baptisera une ville au nom de Portus Cale qui allait, des siècles plus tard, désigner, à quelques consonnes près, l'empire qui allait y naître. Le mélange du vin et du brandy serait apparu au XVIIe siècle. Les Britanniques, alors en guerre contre la France, s'approvisionnaient en vin dans la vallée du Douro. Les Anglais seraient à l'origine du mélange qui adopta le nom de porto.

Aujourd'hui, plusieurs compagnies britanniques, telles que Taylor's, Graham's ou Cockburn's, demeurent présentes dans la région. En 1757, Porto se forge une réputation de «ville rebelle» alors que la «révolte des Ivrognes» conteste des mesures sur la régulation du commerce du porto. À la fin du XIXe siècle, ce sont les profits du commerce du vin qui carburent l'industrialisation de Porto, consolidant du même coup son caractère de plus en plus libéral.

Pour chatouiller son palais, on doit une fois de plus observer le paysage. À partir de Porto, il suffit de regarder sur l'autre rive du Douro pour remarquer une enfilade de panneaux affichant les marques les plus réputées de ce délicieux apéritif. Villa Nova de Gaïa, ville jumelle administrativement indépendante, semble partie intégrante de Porto, même si le fleuve la sépare.

Des quais du quartier Ribeira, il est suggéré de traverser le magnifique pont à deux étages Dom Luis 1, construction d'un élève de Gustave Eiffel, dont l'arc et les structures métalliques rappellent les charpentes du maître. Non seulement le sentier pédestre du niveau supérieur offre la vue la plus saisissante sur la région, mais, à la sortie du pont, d'innombrables flèches nous allèchent en indiquant le chemin à suivre pour arriver aux chais. Sandeman, Taylor's, Croft, Offley, Ramos Pinto, Graham's... Ils y sont tous et nous attirent sans subtilité vers leurs caves à vin.

À l'intérieur, chacun y explique avec détail, par des visites guidées, le processus de fabrication au milieu de ces sombres salles qui enlignent d'immenses tonneaux en chêne. Les meilleurs Ruby, Tawny ou Late Bottlet Vintage ne sont guère rangés loin à la sortie des chais. Voici l'occasion parfaite de s'arrêter, de siroter, de porter une coupe de porto millésime à ses lèvres sans y laisser sa chemise.

Pour poursuivre les origines du porto, remonter le Douro vers l'est constitue un périple incontournable. Plus qu'un simple paysage campagnard, tout le vignoble du Haut-Douro est inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO. Le fleuve serpente un splendide paysage verdâtre où des conifères peuvent côtoyer des palmiers. Mais le plus spectaculaire réside dans les traces agricoles de l'homme. Les versants ceinturant le cours d'eau s'élèvent en d'innombrables escaliers, terreau des terrasses vinicoles de la région.

C'est sur cette terre, composée de plusieurs couches de schiste, que les racines déterminées des vignes réussissent à s'enfoncer à près de 30 mètres pour se nourrir. On attribue à cette ténacité végétale et au climat vigoureux («Neuf mois d'hiver, trois mois d'enfer», comme le décrit une maxime de la région) la qualité des raisins du nord du pays. Pour s'enfoncer dans ce décor époustouflant, une route ondulée et tortueuse permet de longer le fleuve. Une multitude de villages et de quintas (grandes exploitations agricoles) parsèment ce parcours étourdissant. Certains quintas hébergent même des touristes sur leurs propriétés vinicoles. À partir de Porto, des croisières voguent à l'ombre des collines luxuriantes pour mieux s'imbiber du majestueux apaisement des lieux.


En vrac

- Guimaraes: traverser le nord du Portugal nécessite un détour par Guimaraes, petit joyau accueillant et sympathique qui méritera le titre de capitale européenne de la culture en 2012. Et pour cause. On y situe géographiquement la naissance du Portugal. En fait, c'est à cet endroit qu'est né Alphonse Henrique, le premier roi indépendant du Portugal, et c'est de là qu'il aurait amorcé la reconquête contre les Maures. «Acqi Nasceu Portugal», se vante d'ailleurs la fortification de la vieille ville. À l'intérieur des murailles, la ville médiévale n'a presque pas changé depuis le XVe siècle. Cette bourgade isolée de notre époque culmine avec un imposant château fort du Xe siècle, identique au cliché de l'imagerie populaire chevaleresque, dont la pierre a résisté pendant un millénaire et qui continue à dominer la colline.

- Vhino verde: la région du Minho, entre celle du Douro et la frontière espagnole de la Galice, se spécialise dans le «vin vert». Les fines bouches doivent y visiter les vignobles pour déguster ce vin léger aromatisé et fruité qui semble s'inspirer du paysage.

- Sao Jao: il n'y a pas qu'au Québec qu'on célèbre en grand la Saint-Jean. Porto peut même nous faire rougir par l'intensité et la folie qu'il relâche à l'occasion de cette fête. En plus des processions du 23 et du 24 juin, la foule s'agglutine dans les rues décorées de ballons et de guirlandes colorées. La tradition pousse les citadins à se frapper à l'aide de gros marteaux en plastique. Probablement le meilleur endroit pour exalter notre saint patron à l'étranger.

Source: Le Devoir
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MessageSujet: Re: La délectable Porto   La délectable Porto Clock210Mar 5 Juin 2012 - 3:38

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