Tout-inclus... même le soleilNathaëlle Morissette
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE Le soleil québécois ou la mer turquoise de Cuba pour les vacances? Depuis cinq ans, l'offre de forfaits tout-inclus dans le Sud augmente sans cesse... même en été. Résultat: après l'hiver, les mois de juillet et d'août sont devenus une nouvelle haute saison pour les destinations tropicales, car pour plusieurs vacanciers, Cuba en été rime avec bas prix et soleil garanti.
Un budget voyage de 40$ par jour pour l'hébergement, les repas, les boissons et le soleil? Impossible! Sauf pour ceux qui optent pour des forfaits tout-inclus. Voilà sans doute pourquoi de plus en plus de vacanciers boudent l'été québécois pour mettre le cap sur des destinations soleil comme le Mexique, Cuba ou la République dominicaine.
«Au Québec, avec 1000$ en poche pour des vacances d'une semaine, tu ne fais pas grand-chose», lance spontanément Robert Turcotte, président du conseil régional de l'Association canadienne des agences de voyages (section Québec). Or, pour la même somme, un vacancier peut s'offrir un forfait tout-inclus pour aller lézarder sur le sable blanc d'une plage de Santa Maria, à Cuba.
Et, depuis quelques années, la quantité de forfaits disponibles comme le nombre d'agences en ligne sont en constante croissance, explique Luigi Iannello, vice-président produits pour Vacances Tours Mont-Royal. «Il y a maintenant davantage de sièges disponibles pour le Sud en été», constate-t-il. Avant, les voyagistes faisaient davantage la promotion des destinations soleil en hiver et de l'Europe pendant la saison estivale.
En plein été, une famille composée de deux adultes et d'un enfant peut aisément s'envoler pour Cancún, Varadero ou Punta Cana en payant une facture totale de 2500$ pour une semaine. Pour dormir, manger et boire des mojitos et des jus de fruits à volonté, par exemple, papa, maman et fiston débourseront alors quotidiennement environ 90$, pour trois (si on exclut le transport aérien du calcul), selon Paul Arseneault, directeur du Réseau de veille de la chaire en tourisme Transat ESG-UQAM.
À titre de comparaison, le prix moyen d'une chambre - sans repas - est de 118$ au Québec.
«Au Québec, en Ontario et dans les Maritimes, tout est cher, très cher, a écrit un lecteur du Blogue-Trotter (lapresse.ca/trotter) la semaine dernière. Une nuitée dans un hôtel des Laurentides coûte très souvent 120$ et plus, à part les repas, et le frais des quelques activités offertes dans la région.»
«Je suis allée à Cuba pour 650$ par personne, alors que faire du camping et manger des sandwichs pendant une semaine sur les plages américaines m'a coûté environ 700$ ou 800$ il y a quelques années», commentait une autre lectrice.
Au cours des dernières années, plusieurs Québécois ont fait le même calcul et ont choisi de fréquenter en plein été les plages de la Riviera Maya au lieu d'aller faire du camping en Gaspésie ou de visiter New York, constatent les agences et voyagistes, qui ont parfois un peu de mal à expliquer le phénomène. «Ça me surprend chaque année, avoue M. Turcotte. Avant, l'été, on fermait pratiquement l'agence, maintenant, on ne peut plus faire ça. Ça devient une deuxième haute saison, après l'hiver.»
«Pour nous, juillet-août, c'est exactement comme en hiver», renchérit Dany Paquette, porte-parole du Bureau de tourisme de Cuba à Montréal.
«Nous avons clairement noté une augmentation de la demande pendant l'été, particulièrement de la part de groupes de voyageurs qui veulent aller célébrer un mariage, indique Ursula Leonowicz, porte-parole de Vacances Air Canada. Ce genre de voyage est extrêmement populaire entre avril et novembre.» Vacances Air Canada n'a toutefois pas été en mesure de fournir des chiffres pour appuyer ces propos.
Pas d'inquiétude à QuébecDu côté de Tourisme Québec, on ne semble pas s'inquiéter outre mesure de cette nouvelle tendance. «En contrepartie des visites des Québécois à l'étranger, il faut rappeler que le nombre de Québécois qui visitent le Québec est aussi en pleine croissance, souligne Guy Simard, porte-parole du Ministère. Pour la période de 2006 à 2010, il y a eu une croissance de 5,7%, pour un total de 56 millions de visites* en 2010.»
L'attrait du soleil et des palmiers est pourtant bien réel. La preuve: les prix grimpent.
Une simple visite sur les sites d'agences de voyages et de voyagistes le prouve. Une panoplie d'aubaines s'offrent aux voyageurs en mai et en juin. Par contre, ceux qui souhaitent s'envoler en juillet devront payer plus cher pour les mêmes forfaits!
Par exemple, une formule tout-inclus au Grand Palladium Vallarta au Mexique est offerte à 849$ par personne pour un départ le 7 juin. Plus d'un mois plus tard, le 12 juillet, ce même tout-inclus coûtera 1089$. «Mai, juin, septembre et octobre sont les mois morts de l'année, explique Luigi Iannello. Comme la demande est plus forte en juillet, notamment pendant les vacances de la construction, les prix augmentent.»
Et quelles sont les destinations préférées des Québécois dans le Sud l'été? Sensiblement les mêmes qu'en hiver, à savoir le Mexique, Cuba et la République dominicaine.
Soleil garantiAu-delà des prix compétitifs, un autre argument de taille incite beaucoup de Québécois à aller nager dans la mer des Caraïbes ou dans l'océan Pacifique: la quasi-certitude d'avoir du beau temps.
Au Québec, dans le reste du Canada et dans plusieurs autres régions des États-Unis, la pluie s'invite souvent pendant les vacances.
En juillet 2008 et 2009, par exemple, la région de Montréal a reçu respectivement 118,8 mm (sur 16 jours) et 116,6 mm (sur 19 jours) de pluie. Les moyennes de saison pour cette période de l'année sont de 91,3 mm sur 12 jours.
Pour des vacances d'une ou deux semaines chaque année, «beaucoup de gens préfèrent ne pas prendre de risque avec la météo», croit Patrick Giguère, directeur de l'agence Voyages Constellation.
* Le ministère du Tourisme définit comme une «visite» le fait qu'un voyageur quitte sa ville pour une destination située à plus de 40 km de chez lui, sans égard au nombre d'activités effectuées et à la durée du séjour.
Forfait tout-inclus: où va l'argent?Une semaine à Cuba: 2500$
- Voyagiste: 350$
- Transporteur aérien: 1200$
- Agence de voyages: entre 50 et 100$
- Centre de villégiature: entre 800 et 900$
Dans une formule tout-inclus, le coût quotidien de l'hébergement, de la nourriture et des boissons s'élève à environ 90$ pour deux adultes et un enfant.
Source: chaire de tourisme Transat ESG-UQAMDes vacances au Québec
Prix moyen d'une chambre: 118$
Billets d'avion entre Montréal et les Îles-de-la-Madeleine: 3081,03$ (pour deux adultes et un enfant)
Prix d'entrée pour La Ronde: 46,99$ par adulte et 33,99$ par enfant
Source: Tourisme QuébecSource:
Cyberpresse.ca