Berlin pour l'artMarie-Claude Lortie
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Mais la meilleure raison d'aller à Berlin, c'est pour y faire une cure d'arts
visuels. Musées, galeries, architecture contemporaine grandiose...
Il y en a partout. On s'y vautre, on s'en régale. Il y a mille raisons d'aller à Berlin. Pour les currywurst, si vous aimez ces saucisses à la sauce au curry qui se vendent sur le trottoir, à tous les carrefours. Pour les «beach bars» qui s'installent en été le long de la Spree. Pour les fêtes et les raves, évidemment. Et même pour les batailles d'oreillers géantes, comme celle qui a eu lieu ce printemps devant la porte de Brandebourg. Un événement colossal. Je le sais, j'ai roulé à vélo dans un tapis de plumes, dès que l'armistice de ces douces hostilités fut déclaré.
Mais la meilleure raison d'aller à Berlin, c'est pour y faire une cure d'arts visuels. Musées, galeries, architecture contemporaine grandiose... Il y en a partout. On s'y vautre, on s'en régale.
Demandez à n'importe quel artiste où se passent les choses actuellement, comme c'était le cas à New York dans les années 80 ou à Paris dans les années 30, et il vous dira Berlin. Pas étonnant que plusieurs grandes vedettes du moment, comme le Danois Olafur Eliasson, y soient installées et que plusieurs de nos artistes y partent à la recherche d'inspiration et de studios pas chers.
Voici donc un itinéraire pour trois jours de visites d'art, d'architecture et d'art encore. Attention: plusieurs galeries sont fermées le lundi et le dimanche. Certaines ouvrent tard, d'autres ferment tôt... On peut se déplacer à pied entre certains musées, parfois il faut prendre un taxi ou le métro. Excellente option: louer un vélo. Berlin compte en effet de bonnes pistes cyclables. Dernière chose?: il faut parfois faire des réservations.
Jour 1: Auguststrasse et MitteBerlin compte plusieurs zones de galeries, mais la plus connue est sans nul doute Mitte et plus particulièrement Auguststrasse (la rue August), à une dizaine de minutes à pied de la célèbre Alexanderplatz. Ce n'est donc pas une mauvaise idée de trouver un hôtel près de là.
- Premier arrêt obligé: le centre d'art Tacheles. Après la chute du Mur, cet immeuble historique a rapidement été investi par des artistes squatteurs et s'est imposé comme un centre de création avec un café et un théâtre notamment. Aujourd'hui, Tacheles est menacé de disparition. C'est un peu le point de départ de la renaissance artistique de Berlin post-1989.
- Toujours dans le même quartier, autre lieu historique intéressant transformé en lieu d'exposition: l'ancien bureau de poste, le Postfuhramt, qui abrite C/O Berlin et ses expos de photos. Le 1er mai, une expo de Robert Mapplethorpe a pris fin. Aujourd'hui commence celle de Fritz Eschen, photographe du quotidien du Berlin de l'après-guerre.
- Auguststrasse: on marche et on s'arrête dans les galeries qui nous inspirent. Il y en a tout le long. À noter: KW et Eigen?&?Art.
Repas: Lunch chez Chipps (120, Friedrichstrasse) et souper chez Muret La Barba (61, Rosenthaler Strasse, muretlabarba.de), bon petit italien sans prétention avec une fort intéressante carte de vins.
Jour 2: les grands musées et plusBerlin n'a pas la réputation d'être une ville de musées, comme Paris ou Londres, car plusieurs de ses plus grandes institutions sont situées dans l'ancien Berlin-Est, peu visité pendant des décennies par les Occidentaux. La capitale allemande commence donc à peine, plus de 20 après la chute du Mur, à être reconnue à cet égard. Il est temps. Car ses musées sont nombreux et spectaculaires. Plusieurs sont situés dans une même île, sur la Spree, au coeur de la ville.
- Dans l'île, le musée Pergamon, l'un des plus spectaculaires, abrite des vestiges grecs d'Asie Mineure reconstitués en entier, en grandeur réelle. À voir absolument, mais en arrivant très tôt car la file d'attente peut être longue.
- Dans l'île aussi, le Neues Museum, gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale et rouvert en 2009 après d'importants travaux de rénovation pilotés par l'architecte britannique David Chipperfield. On peut y voir notamment le célèbre buste de Nefertiti dont la photo est dans tous les livres d'histoire.
- Pour renouer avec l'art contemporain, on fait un arrêt tout juste à côté de l'île, au CFA Berlin, galerie d'art située dans un magnifique immeuble contemporain.
- Pour rester à la fois dans la visite historique et l'art contemporain, on ajoute une visite de la collection Boros. Attention, toutefois, il faut réserver sur sammlung-boros.de (qui a une version anglaise). Christian Boros est un riche homme d'affaires et collectionneur allemand qui montre ses oeuvres - dont plusieurs Olafur Eliasson - dans un ancien bunker nazi rénové. Visite à faire absolument.
- Autre institution spectaculaire: le musée d'art contemporain qui est installé dans l'ancienne gare d'Hambourg et consacré aux oeuvres d'après 1960. Beaucoup d'artistes contemporains, mais aussi des Warhol et des Keith Haring, entre autres.
Repas: Pour le lunch, le café du musée de la gare d'Hambourg, le Sarah Wiener, est intéressant et très fréquenté pour les brunchs du week-end (13, Charlottenstrasse,
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). Pour le soir, on réserve au restaurant du Reichstag
(1, Platz der Republik, info sur le site
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]). La nourriture ne vaut pas le détour. La visite du toit du Reichstag et la vue sur Berlin, oui. En incluant, évidemment, une marche jusqu'en haut du célèbre dôme reconstruit par l'architecte anglais Sir Norman Foster. Aux dernières nouvelles, aller au restaurant est d'ailleurs la seule façon d'y avoir accès.
Jour 3: Postdamerstrasse et les nouveaux quartiersComme dans n'importe quelle ville, les zones de galeries d'art bougent, suivant les loyers pas chers et les districts à découvrir. À Berlin, un des nouveaux quartiers remplis de petites galeries émergentes est situé le long de la rue Postdamer.
- Pour commencer, arrêt obligé dans le grand musée Neue Nationalgalerie, construit par l'architecte Mies van der Rohe. Le lieu est une splendeur minimaliste. Le rez-de-chaussée est un immense espace totalement dégagé. La visite des collections - des oeuvres allant du début du XXe siècle jusqu'aux années 60 - se fait au sous-sol.
- On continue vers le sud, dans la rue Postdamer. Dans les fonds de cours et dans les rues perpendiculaires, les petites galeries sont nombreuses. Pour les dénicher, l'association des galeristes publie un plan de la ville avec des adresses. Ce document est distribué gratuitement dans la plupart des établissements membres. On peut par exemple commencer par la galerie Tanja Wagner au 64, Pohlstrasse - une rue qui compte plusieurs autres commerçants d'art -, attraper un plan et continuer à son gré.
- Deux autres musées pour terminer?: la Gemäldegalerie, spécialisée dans l'art européen du XIIIe au XVIIIe siècle (pensez Dürer, Caravaggio, Rubens, Rembrandt, Vermeer...) Dans un tout autre ordre d'idées, le petit musée consacré au mouvement Bauhaus (Bauhaus Archiv) vaut un arrêt. On y trouve des plans d'architecte, des photos et beaucoup d'explications qui nous rappellent à quel point cette pensée avant-gardiste vit encore aujourd'hui.
Repas: Lunch chez Joseph Roth Diele, pour les tartes flambées (75, Postdamerstrasse). Souper à la pizzeria Il Casolare (30, Grimmstrasse, dans Kreuzberg), à une dizaine de minutes en taxi. Ambiance très décontractée. Terrasse. Sur le bord de l'eau. Autre option sympathique mais un peu plus loin?: Monsieur Vuong, vietnamien de Mitte (46, Alte Schönhauser Strasse) qui est passé de «?resto à la mode?» à institution.
À Berlin, comme à Montréal, les meilleures options «?beau-bon-pas cher?» sont souvent les restos ethniques. Pour un repas plus chic dans un lieu couru, on peut essayer Dos Palillos, dans Mitte, dans l'hôtel Casa Camper (1, Weinmeisterstrasse). Toutefois, malgré le décor signé par les frères Bouroullec, réputés designers français, la version berlinoise de ce restaurant d'origine catalane n'est pas aussi intéressante que l'originale de Barcelone.
Source:
Cyberpresse.ca