URBN: un hôtel vert à Shanghai

URBN: un hôtel vert à Shanghai
Valérie Simard
La Presse


(Shanghai) Ouvrir un hôtel carboneutre dans la métropole polluée d'un pays souvent critiqué pour son bilan environnemental, le pari était audacieux. Mais l'audace a séduit. Quatre ans après son ouverture, l'URBN, premier hôtel zéro émission de Chine, figure parmi les hôtels chouchous des utilisateurs de TripAdvisor à Shanghai.

On est loin ici du luxe ostentatoire des hôtels de Pudong ou du look art déco des établissements du Bund. D'une esthétique simple mais chic, l'URBN est établi dans une ancienne usine, devenue ensuite bureau de poste, puis hôtel. Situé dans le quartier Ji'an, l'établissement est un peu en dehors du centre, mais une petite balade en taxi ou en métro (conscience verte oblige) suffit pour rejoindre le très fréquenté Bund.

L'imposante porte de bois de l'entrée se dressant en rempart devant le brouhaha de la rue, il règne à l'intérieur de cet hôtel-boutique et dans sa cour un calme étonnant.

L'hôtel de seulement 26 chambres, qui figurait dans la «Hot List» du magazine Conde Nast Traveler en 2009, a été rénové avec des matériaux le plus souvent locaux et recyclés. Le bois provenant d'anciens bateaux, les vieilles briques de maisons du quartier de la Concession française et les fragments d'ardoise de Suzhou témoignent de l'orientation résolument écologique de l'établissement. Mention spéciale au mur de la réception, fait de vieilles valises de cuir et aux woks antiques faisant office de lampes sur le mur du restaurant.

Attention à la marche !

L'aménagement des chambres est lui aussi peu commun. Attention à la marche! Les chambres, spacieuses et chaleureuses, ont été moulées à l'architecture d'origine du bâtiment. Une cavité présente dans le plancher a été brillamment exploitée pour y aménager un petit salon. Original, mais, admettons-le, peu convivial pour les personnes à mobilité réduite.

Toutes les émissions de carbone engendrées par le fonctionnement de l'hôtel sont comptabilisées, y compris les déplacements des employés. Ces émissions sont compensées par l'achat de crédits de carbone, qui sont ensuite investis dans un projet d'hydroélectricité au Sichuan et dans la plantation d'arbres au Yunnan.

L'impact environnemental de l'hôtel est aussi réduit à la base: un système de traitement des eaux usées a été mis en place, le restaurant utilise des produits locaux, et le lierre qui recouvre la façade de l'hôtel favorise l'isolation naturelle.

Mais, malgré toutes ces bonnes intentions, l'URBN peine à rejoindre la clientèle locale. Seuls 15% des clients de l'hôtel sont chinois. Un hôtel écologique, boutique et, de surcroît non-fumeur, la chose est peu commune dans l'empire du Milieu. «Les Chinois recherchent soit des hôtels bon marché, soit des hôtels de grand luxe, observe la directrice du marketing de l'établissement, Victoria Hajjar. Nous tentons d'ouvrir la voie à un type d'hôtel plus raffiné.»

URBN prévoit ouvrir deux nouveaux hôtels à Shanghai, dont un à Pudong ce printemps. Le prix de base d'une nuitée à l'URBN est de 1200 yuans (environ 195$).

Source: Cyberpresse.ca