Aérien : Kingfisher lutte pour continuer à volerJean Michel GRADT[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo: ReutersLes autorités de régulation de l'aviation civile demandent à la compagnie aérienne indienne de prouver sa viabilité opérationnelle après l'annulation de dizaines de vols. Dans le rouge depuis sa création en 2005, son avenir paraît incertain. Tout comme des commandes passées à Airbus.
Plombée par une crise financière qui s'éternise, Kingfisher, la compagnie fondée par le magnat de la bière Vijay Mallya, a annulé lundi 16 vols au départ de Bombay et plusieurs autres depuis New Delhi. Lundi, la compagnie avait déjà annulé une trentaine de vols, laissant des centaines de passagers désemparés.
La direction générale de l'aviation civile indienne (DGCA) a convoqué mardi le directeur général de Kingfisher, Sanjay Aggarwal, pour qu'il s'explique sur les récentes annulations, provoquées, selon le groupe, par le gel soudain de ses comptes bancaires par les autorités fiscales. Selon Bharat Bhushan, le chef de la DGCA, seuls 28 appareils sur une flotte de 64 avions étaient en activité. «Nous avons ordonné à Kingfisher de revenir avec un programme de vols révisé concernant ces avions [les 28 en opération, NDLR]. Nous leur avons donné jusqu'à demain. Clouer au sol une compagnie de la taille de Kingfisher (...) créerait davantage de difficultés pour les passagers. Nous devons donc avoir une approche équilibrée», a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion avec la direction de la compagnie.
La DGCA a également demandé à la compagnie de lui fournir de plus amples informations sur la façon dont elle compte dédommager les passagers affectés par les annulations de vols et insisté sur la sécurité des avions en activité.
Dans la tourmente, Vijay Mallya, s'est dit déterminé à ce que la compagnie continue de voler. «Mettre la clef sous la porte n'est pas une option. Cela n'arrivera pas. Le gouvernement ne veut pas que cela se produise, ce n'est pas dans l'intérêt national», a-t-il affirmé lundi soir sur une chaîne de télévision.
Revoir les commandes passées à AirbusBasée à Bangalore et positionnée sur le haut de gamme, Kingfisher est l'une des compagnies indiennes qui a le plus souffert de la hausse des prix du carburant, de la compétition féroce qui sévit dans le ciel indien et de la hausse des taux d'intérêt. Sur fond de mauvais résultats financiers (voir encadré), son avenir paraît très incertain. Signe de ce malaise croissant : la presse indienne a mentionné la démission de 50 pilotes en une semaine, embauchés pour certains par des compagnies privées concurrentes.
Depuis sa création en 2005, la compagnie filiale du troisième groupe mondial des spiritueux United Breweries n'a jamais été bénéficiaire, sa part de marché a décliné de 19,8% en 2010, à 12% aujourd'hui, et ses comptes bancaires ont été gelés par la Bureau des impôts. Un quart de son capital est détenu par des banques, dont plusieurs refusent de renflouer la compagnie à moins qu'elle ne lève des capitaux frais. Celle-ci a annoncé la semaine dernière une perte de 88 millions de dollars au troisième trimestre de son exercice, quasiment doublée par rapport au trimestre précédent et sa dette s'élève à 1,3 milliards de dollars. Logiquement, son titre a dévissé de près de 20% à la Bourse de Bombay.
Pour échapper à la faillite, Vijay Mallya, qui avait déjà repoussé la date de livraison des super jumbos commandés à Aribus à 2014, envisagerait désormais l'annulation de sa commande de dix A380 et A350, voire, au mieux, sa transformation vers des appareils plus petits tels que les A320 et A330. Argument avancé par le PDG : Kingfisher n'a « plus besoin des très longs courriers » après avoir décidé de rejoindre l'alliance Oneworld à la fin de 2011. Il a ajouté que les négociations avec Airbus n'avaient pas encore commencé.
Source:
Les Echos