La fin du monde comme attraction touristiqueEmmanuelle Steels
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En cette année de «fin du monde», le Mexique espère que des dizaines de
millions de visiteurs fouleront les marches de la pyramide de Chichen Itza,
joyau de la civilisation maya. En 2006, le premier ministre Stephen Harper
et le président américain George Bush ont eu le privilège de visiter la
célèbre cité en compagnie du président mexicain d'alors, Vicente Fox (à gauche).
PHOTO: CHRIS WATTIE, ARCHIVES REUTERS (Mexico) Les anciens Mayas ont prédit le début d'un nouveau monde le 21 décembre 2012. Le Mexique mise sur cette «année Maya» pour attirer des millions de touristes étrangers dans les régions sud du pays. Pas de cataclysme final au programme, mais une multitude d'événements célébrant la culture maya d'ici au solstice d'hiver.
L'année 2012 marque la fin du calendrier maya, la clôture d'un cycle et le début d'une nouvelle ère, selon les historiens. C'est le moment choisi par les autorités mexicaines pour attirer l'attention du monde entier sur cette civilisation ancestrale et ses vestiges exceptionnels disséminés dans le sud du pays.
Le programme Mundo Maya, lancé par le ministère du Tourisme à la mi-janvier, prévoit un investissement de 110 millions de pesos (8 millions de dollars canadiens) pour faire la promotion de la région partout dans le monde. Les autorités des cinq États concernés (Quintana Roo, Yucatán, Campeche, Chiapas et Tabasco) misent sur la venue de 52 millions de touristes, nationaux et étrangers confondus.
Plus de 600 événements sont prévus: des expositions, des concerts, mais aussi des célébrations traditionnelles comme la «cérémonie du feu nouveau» ou encore des visites «archéo-astronomiques» des lieux mayas. La journée à marquer d'une pierre blanche dans ce programme est le 21 décembre 2012, jour du solstice d'hiver et date de la fin du calendrier long des Mayas, qui a débuté il y a 5125 ans.
Mais les nombreux visiteurs qui viendront ce jour-là admirer l'alignement du soleil à son zénith au sommet de la pyramide de Chichen Itza, dans la péninsule du Yucatán, ne seront pas terrassés par l'apocalypse.
»Une création marketing»«Jamais de la vie!», répond Badih Sleme, coordonateur du programme Mundo Maya dans l'État du Quintana Roo (Sud-Est), lorsqu'on lui demande s'il existe une prophétie maya de la fin du monde. «Les codex mayas évoquent des dates postérieures à 2012, leurs calendriers sont très précis là-dessus. L'idée de la fin du monde s'est propagée, car c'est un concept qui vend», affirme-t-il en allusion à la vague de produits commerciaux qui a déferlé sur le marché et qui présente 2012 comme l'année fatidique.
Le succès des livres d'aventures et des romans historiques traitant de cette pseudo-prédiction vient confirmer les dires de ce responsable: l'apocalypse maya est une création marketing.
«Nous ne vivons pas cette date comme une fatalité, raconte Badih Sleme. Au contraire, il s'agit pour nous d'un moment d'espoir: c'est une renaissance de la conscience humaine, une prise de conscience de l'homme dans son environnement. Nous voulons dire aux visiteurs du monde entier: « Venez renaître avec nous! «»
Le 21 décembre dernier, près de Cancún, lors d'une cérémonie avec des dignitaires mayas, des messages ont été enterrés dans des capsules temporelles qui seront exhumées dans 50 ans. Et près du lieu archéologique de Tulum, sur la côte, la Pyramide de la pensée positive sera constituée de près d'un million de bouteilles en plastique contenant des messages d'espoir laissés par les visiteurs.
Source:
Cyberpresse.ca