Las Vegas - L’oasis derrière le StripÉmilie Folie-Boivin [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Émilie Folie-Boivin
À l’ombre des cactus, dans les jardins de la
Springs Preserve, une réserve naturelle de
180 acres recrée la nature de Vegas telle
qu’elle était au siècle dernier. Cette semaine, lorsque j’ai testé le site officiel de Las Vegas à la recherche d’activités «hors Strip », le Web s’est chargé dans le vide pendant 22 minutes sans jamais afficher ses suggestions. Petit futé! S’il voulait que je flambe mes dollars dans le concentré d’hôtels et de casinos de son boulevard Las Vegas, il était trop tard. Sur ma monture de location, j’avais déjà exploré ce que la ville cache derrière le Strip.
Las Vegas — Dans leur cour arrière, les Las Vegans possèdent un rutilant parc d’attractions nommé le Strip, qu’ils ont partagé l’année dernière avec 37 millions de touristes. La visite ne reste pas très longtemps, quatre jours max, et ne sort généralement de son terrain de jeu que pour se rendre en périphérie du boulevard Las Vegas, afin de constater la piètre qualité de ventilation des vieux casinos du quartier Downtown et de profiter des aubaines restos (comme les cocktails de crevettes à 99 sous) de la genèse incandescente de Vegas.
Les touristes restent sur le Strip aussi parce que Las Vegas est une étendue tellement vaste qu’il est impossible de marcher d’un point à l’autre. Pour en sortir, il faut se munir d’une voiture de location, de beaucoup de patience pour attraper un taxi (et d’un bon budget; quand ce n’est pas la distance qui fait s’emballer le compteur, ce sont les embouteillages), d’une passe pour l’autobus de ville ou d’un vélo (sans oublier un écran solaire d’un FPS minimal de 141 ainsi qu’un chameau pour transporter son boire).
En prime, Las Vegas offre une grandiose programmation météo, avec le soleil en tête d’affiche 294 jours par an. Autant en profiter.
Vegas, avant le néonMes sources — le gars de la boutique de vélo et la serveuse d’un passable resto de casino qui sert trois œufs pour 4,99 $ entre 23h et 6h seulement, le tout indiqué en caractères lilliputiens — ont suggéré de visiter la Springs Preserve pour se désintoxiquer du tintamarre des klaxons et des machines à sous Jungle Wild et Cougarlicious.
Ça marche. La réserve naturelle de 180 acres a conservé le Vegas d’avant 1906, celui précédant l’ouverture des chambres (sans clim) du Golden Gate, premier hôtel et casino. Son jardin, d’un calme fort bienvenu, est rempli de 1200 plantes indigènes du désert du Mojave et son musée d’interprétation et d’activités pour les familles propose une incursion dans la vie quotidienne des peuples natifs du coin.
Sur le sentier pédestre, il ne faut pas s’attendre à se fondre dans une nature très sauvage puisque son chemin asphalté est si large qu’une moissonneuse-batteuse pourrait y circuler sans rien abîmer. La balade permet quand même d’apprécier la flore désertique, les libellules couleur curaçao bleu et les sauterelles absinthe, les tamias et les lapins d’Audubon qui traversent pour se cacher derrière les cactus. Tout cela sous le guet de la tour de la Stratosphere — ou l’œil de Sauron du Strip — qui intime les visiteurs de rentrer au bercail.
En saison, l’endroit est bondé d’écoliers, mais l’été, c’est le calme plat. «À cette période, l’achalandage chute d’environ 90 %, confie un gardien de sécurité. L’école est terminée et les gens ne sortent pas quand il fait chaud comme aujourd’hui.» Le mercure frôlait alors les 106 °F (41 °C). Sur le Strip, il fait généralement quelques degrés de plus. À mon retour là-bas, les trottoirs étaient noirs de monde.
L’étranger de Las VegasEn dehors du Strip, il y a bien peu d’endroits où passer le temps en soirée. Bien qu’il soit à quelques pas du célèbre boulevard, avec la Fremont Street Experience, le Downtown Las Vegas reste l’endroit où se saouler de néons restaurés. Depuis 1995, l’artère qui a vu naître Vegas est réservée aux piétons et sa promenade, recouverte d’un plafond lumineux aux battements convulsifs, décline plusieurs spectacles par soir.
Mais le meilleur vient aux portes du Fremont East District, adjacent à Fremont Street Experience. Cette ère de trois pâtés de maisons veut s’inscrire comme destination pour les fêtards, avec des bars comme le Downtown et le Beauty Salon. Tandis qu’on sirote tranquillement sa bière au Griffin.
Le hasard m’a permis de découvrir rien de moins que l’oasis de la culture émergente de Vegas, une bénédiction au cœur de cette cité reine du divertissement à gros budget. The Beat Coffeehouse and Records, l’un des très rares cafés faisant vibrer la scène indépendante, est stratégiquement logé dans le même édifice que l’hebdo culturel Las Vegas Weekly. Davantage qu’un établissement où manger un juteux sandwich jalapeño-porc effiloché en écoutant du Emilou Harris, c’est le repère labyrinthique des créateurs locaux et des groupes musicaux. Au premier étage, à côté d’un étalage de vinyles, Jeffrey s’occupe du Las Vegas Zine Library, l’unique endroit où les «locaux» peuvent s’approvisionner en publications autoéditées.
Au deuxième, une fille donne des classes de yoga, une autre vend de la lingerie et le personnel est si gentil que pendant que je regardais des œuvres d’art dans le corridor, Crystal, la barista, est même montée me servir le mokaccino que j’avais oublié.
Pendant que je goûtais au fameux Slap & Tickle (un sandwich hommage à Elvis composé de confiture maison et de beurre d’arachide bio et rehaussé de jalapeño, de miel et de bacon), le portier à lunettes baraqué comme un lutteur lisait 48 Law of Power de Robert Greene entre deux vérifications de pièces d’identité avant le spectacle du soir. The Beat est le plus bel ovni de Vegas et la plus rafraîchissante traversée du désert.
Rouge, couleur passionParce qu’il y a des traversées plus arides, comme celle séparant Vegas du pied du Red Rock Canyon. Du Strip, on croirait pouvoir toucher le canyon tellement il semble tout près et Google seconde l’impression en calculant une vingtaine de kilomètres jusqu’à cette zone naturelle protégée. Les gens s’y rendent en voiture pour faire le pique-nique, escalader les petits canyons de pierres rouge-orangé, faire de la randonnée ou leur jogging matinal. Les clubs cyclistes l’utilisent comme circuit de pratique et des boutiques d’équipement sportif organisent des tours guidés à vélo.
Faute d’auto et d’envie de me délester d’une centaine de dollars pour le tour, j’ai mordu la poussière à vélo en partance du Ceasar’s Palace, avec dans mon «sac à d’eau» (littéralement, puisque rempli de trois litres de liquide) deux barres d’énergie achetées dans un supermarché. Dans le rayon des capsules «seulement à Vegas», près des caisses enregistreuses, un homme tentait sa chance aux machines à sous, une boîte de Frosted Flakes et des essuie-tout à ses pieds.
Quoiqu’un peu téméraire, le périple en partant du Strip est faisable depuis les premières lueurs de l’aube, afin d’éviter le soleil brutal de midi. Vers 7h, ils sont une masse de cyclistes à se dégourdir les mollets sur le Charleston boulevard en direction du canyon, une présence rassurante quand on pédale en solo.
Passé la guérite du centre d’interprétation, mon odomètre montrait que j’avais depuis longtemps dépassé les 24 kilomètres promis par Google et après avoir lancé une poignée de jurons, j’ai eu un choc en voyant qu’il fallait emprunter un circuit de 21 kilomètres à sens unique pour voir le canyon dans son immensité. Sans zone d’ombre. Ni eau.
Comment ils disent déjà? Foncer et ne pas regarder en arrière.Vidée avant même de commencer, c’est ce que j’ai fait, en maudissant le faux plat sur dix kilomètres et en m’offrant des pauses pour essayer de reprendre mon souffle alors que le panorama faisait tout pour me le couper. J’ai bouclé la boucle puis tourné le dos au désert en retrouvant, sur le Charleston boulevard, les mêmes cyclistes en chandails commandités. Devant la boutique de location, j’ai bu toute mon eau. L’odomètre indiquait 69,3 kilomètres.
En vracConduire jusqu’au barrage Hoover, construit dans les années 1930, près de Boulder City. De style Art Déco, ce bassin qui abreuve la population de Las Vegas est l’une des plus imposantes constructions du XXe siècle. Gratuit pour l’accès au site, mais il a un prix d’entrée pour le centre des visiteurs. À 56 kilomètres de Las Vegas. 866 730-9097
Pour se déplacer à vélo, la boutique de sport McGhies loue des bicyclettes et organise des tours guidés. L’entreprise familiale offre un excellent service. Elle est située à l’autre bout de la ville, loin du Strip, mais facilement accessible via l’autobus 202. Une bonne façon d’observer la ville au passage.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]À bicyclette, il est tout simplement inconcevable de pédaler sur le Strip. Mais dans son ensemble, Las Vegas demeure une agglomération accessible aux cyclistes. Bien que les déplacements à vélo soient plus utilitaires et sportifs que bucoliques, quelques pistes cyclables, comme celle d’Alta Drive, sont agréables à emprunter pour découvrir les quartiers résidentiels de Vegas. Le réseau de transport du sud du Nevada (RTC) publie un plan des pistes cyclables de Las Vegas, aussi disponible dans les boutiques de location:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Carnet d’adresses Springs Preserve Las Vegas:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] L’hebdo culturel Las Vegas Weekly:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] The Beat Coffeehouse and Records:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Freemont Street Experience:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Tourisme Las Vegas:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Red Rock Canyon:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Site officiel de la Ville de Las Vegas pour des informations sur les attractions:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Source:
Le Devoir