L’année du «tourisme-catastrophe»SIMON CHABOT[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le Titanic quitte Southampton en direction de New York, en 1912. Photo AP. En 2012, le «tourisme-catastrophe», qui consiste en gros à visiter les lieux d’une tragédie pour assouvir une certaine curiosité ou rendre hommage à des victimes, semble avoir le vent dans les voiles. Non sans susciter quelques débats…
En Amérique centrale, par exemple, plusieurs sites historiques de la civilisation maya au Mexique, au Belize et au Guatemala s’attendent aussi à accueillir davantage de touristes, attirés là par la prophétie qui annonce la fin du monde cette année.
À Terre-Neuve comme en Irlande du Nord, c’est le centenaire du naufrage du Titanic qui suscite un engouement certain dans l’industrie touristique.
À Belfast, où le tristement célèbre transatlantique a été construit, le Musée du Titanic qui ouvrira ses portes le 31 mars a déjà vendu des dizaines de milliers de billets pour l’année. «Ce sera une année cruciale pour l’Irlande du Nord, l’une des plus grosses de notre histoire, a déclaré Siobhan McCauley, du Bureau du tourisme d’Irlande du Nord à UTV, une chaîne de télé locale. On va faire parler de nous et les gens vont venir ici pour dépenser.»
Du côté de Terre-Neuve, on attend beaucoup de visiteurs qui se déplaceront pour admirer les icebergs qui flottent au large des côtes ou se rendre en bateau à l’endroit exact où le navire a sombré.
Des croisières, dont certaines affichent déjà complet depuis des mois, emprunteront aussi le même trajet que le Titanic pour traverser l’Atlantique, de Southampton à New York. Le 10 avril, certains navires prévoient même se trouver au-dessus de l’épave du Titanic au moment où, exactement 100 ans plus tôt, il a coulé.
Dans la foulée du naufrage du Costa Concordia, voilà un prjet de voyage qui peut paraître pour le moins… étrange.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un des réacteurs de la centrale de Fukushima, au Japon, neuf mois après le tsunami. Quand il est question de «tourisme-catastrophe», les frontières du bon goût semblent d’ailleurs un peu floues, voire élastiques.
Dans les mois qui ont suivi le passage de Katrina à La Nouvelle-Orléans, en 2005, des résidents des quartiers les plus touchés n’ont pas vraiment aimer voir défiler des autobus remplis de touristes venus «prendre la mesure de leur misère» à grand renfort d’appareils-photo…
À Joplin, au Missouri, des citoyens s’offusquent de voir le Bureau du tourisme et des congrès de la ville distribuer des «Tornado maps» aux visiteurs. Il y a huit mois à peine, une tornade a fait 161 morts dans cette ville du sud des États-Unis, détruisant au passage des milliers de maisons. La carte en question propose de visiter les endroits dévastés.
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Joplin, après le passage de la tornade, en mai 2011. Photo AP. Les autorités défendent leur projet, soulignant que des visiteurs pourraient avoir envie de s’impliquer dans la reconstruction de la ville après avoir vu des champs de ruines. De toute façon, clament-ils, les commerces locaux ont besoin de l’argent que les visiteurs attirés par la destruction dépenseront.
D’ailleurs, qu’elles s’y prennent bien ou mal, la première intention des autorités est en général de faire revenir les touristes après une catastrophe.
Au Japon, par exemple, l’Agence japonaise du tourisme a décidé de distribuer 10 000 billets d’avion gratuitement pour attirer les touristes au pays du Soleil levant cette année, afin de relancer l’industrie après le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars dernier. Il n’est bien sûr pas question de visiter les environs de la centrale nucléaire du Fukushima (à Tchernobyl, en Ukraine, ce genre de visites ont été organisées il y a quelque temps), mais de remplir les hôtels et les restaurants du reste du Japon, boudés depuis des mois par les étrangers.
Que pensez-vous du «tourisme-catastrophe»? Vous iriez en croisière visiter le site du naufrage du Titanic? Ou les quartiers dévastés de Joplin?Source: Cyberpresse.ca