48 heures à FrancfortMathieu Perreault
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo: Office de tourisme de FrancfortÀ peine arrivé, on se met au parfum. Pourquoi Francfort est-elle la capitale financière de l'Allemagne, voire de l'Union européenne? Pourquoi est-ce une ville si moderne dans son architecture, avec ses nombreux gratte-ciel? On trouve toutes ces réponses dans le musée d'histoire de la ville, place Römer. Les marchands de francforts sont célèbres depuis Charlemagne. Et en 1946, pour faire place nette, la commission chargée de la reconstruction de la ville a exagéré l'ampleur des destructions, sur ses maquettes.
Jour 1
17h
Retour dans le passéApéritif place Römer. C'est pratiquement le seul endroit de la ville où on sent encore la vieille ville, celle d'avant les voitures. Encaissée entre trois rangées de maisons médiévales et une église protestante, elle semble anachronique dans cette capitale du capitalisme allemand. Raison de plus pour profiter de ses terrasses. Si la visite a lieu l'hiver, un arbre de Noël vertigineux, presque aussi grand que les maisons, trône au milieu de la place. Le point de départ ou d'arrivée idéal pour une visite au musée Schirn, situé à 200 mètres, qui ne présente que des expositions temporaires. Pour allonger l'apéritif, on peut passer à la place Saint-Paul, plus touristique avec ses musiciens et amuseurs publics.
Jour 2
10h
La face cachée de la villeLe samedi, le marché aux puces de la rive gauche du fleuve Main permet de se familiariser avec la face cachée de Francfort: les immigrants qui huilent les rouages des banques allemandes (notamment en faisant le ménage), et la contre-culture toujours présente en Allemagne, même dans sa capitale financière. Attendez-vous à un bric-à-brac: on vend même des vêtements au poids. Mais le bazar est rafraîchissant. Les kiosques roulants, souvent tenus et fréquentés par une faune atypique, jeune et moins jeune, offrent des rafraîchissements et des petits sandwichs.
11h
L'art allemandLe musée Städel est incontournable. On peut y découvrir des merveilles mal connues de l'art allemand, comme le romantisme d'Anselm Feuerbach, dont les regards féminins rappellent parfois ceux de Klimt, et les sculptures émouvantes par la fragilité de leurs personnages d'Ernst Kirschner. Francfort a une offre muséale hors pair. Le musée Schirn, près du Römer, présente des expositions temporaires souvent épatantes, comme ces quatre femmes impressionnistes l'été dernier, ou Orhan Pamuk l'automne prochain. Le Liebieghaus, a une vaste collection de sculptures antiques.
13h
Un peu de shoppingQuand on est touriste, c'est en magasinant dans la rue piétonne Zeil qu'on peut le mieux apprécier le contraste qu'offre Francfort avec le reste de l'Allemagne et ses façades historiques. Les grands magasins et les cinémas ont tous une architecture franchement moderne, voire futuriste, comme ce cinéma cylindrique penché comme la tour de Pise. La rue est agréablement fréquentée et on peut grignoter au marché de la place Konstablerwache. On trouve des vêtements originaux en Allemagne, et à des prix très intéressants, notamment dans les grands magasins comme Galeria. Juste au nord de Konstablerwach, les parents devraient visiter le magasin de jouets de la rue Friedberger, annoncé par deux grands ours en bois peint.
15h
La maison de GoetheLe haut lieu de la finance est aussi l'un des berceaux de la littérature allemande. Goethe est né à Francfort, et la maison où son caractère s'est formé, notamment grâce au sentimentalisme et à la soumission à son père, est devenue un musée. On voit tout de suite qu'il est né avec une cuillère d'argent dans la bouche, comme disent les anglophones: la maison de ses parents faisait quatre étages, et des immenses armoires étaient installées au rez-de-chaussée pour qu'on puisse y enfermer les bijoux de famille et les cacher en cas de guerre. Dans la chambre voisine de celle de sa mère, on peut constater une curieuse habitude allemande d'accrocher le plus de tableaux possible sur les murs. On en compte une soixantaine au total dans cette seule pièce. On peut imaginer tous les liens possibles entre cette abondance et le romantisme de Goethe, qui a joué et continue de jouer un rôle si important dans les sentiments révolutionnaires.
19hUn repas typiquePour un repas typique de Francfort, rendez-vous rue Schweizerstrasse dans le quartier homonyme. On vous sert du vin de pomme, moins sucré qu'on pourrait penser, avec - évidemment - une série de saucisses, charcuteries et viandes. C'est l'équivalent francfortois des biergartens munichois. Un tenancier voisin a recommandé Adolf Wagner, qui en effet est le plus vaste et le plus achalandé des restaurants du coin. À noter, on s'installe là où il y a une place, même si on doit partager la table avec quelqu'un d'autre (un «entschuldigung», «pardon», est de mise).
22h
Sorties de nuitTant qu'à y être, pourquoi ne pas profiter des gratte-ciel? La Main Tower, 52 rue Neue Mainzer, a un observatoire panoramique d'où on peut voir la ville du 53e étage. Mieux vaut en profiter le soir, pour voir les lumières sur le côté des ponts sur le Main. L'entrée n'est pas donnée, presque cinq euros, et le bar et le restaurant ne sont pas toujours ouverts (le bar de 18h à 1h). Pour les oiseaux de nuit, mentionnons la discothèque Living, située sous la banque européenne place Willy-Brandt, qui a trois étages et un restaurant d'où on peut surveiller la piste de danse; et le U-Bar, place Rossmarkt, aménagé dans un ancien passage piétonnier, d'où on peut encore voire émerger des créatures de la nuit le samedi à midi.
Jour 3
10h
Profiter de l'eauBalade sur le bord du Main, comme tout Francfortois qui se respecte. Joggeurs, familles, bandes de jeunes et fêtards qui digèrent mal la cuite de la veille se côtoient sous les platanes, en particulier sur la rive droite, plus huppée. Une série de navires proposent des excursions avec repas et orchestre, et des balcons extérieurs jouxtant les tables pour fumeurs - la cigarette est encore très populaire en Allemagne. À la hauteur du pont piéton Eisernersteg, on s'arrêtera pour un café chic servi par des garçons en blanc. Si on se sent en forme, on louera un pédalo, pour s'amuser alors que les kayaks des clubs sportifs nous dépassent en ramant avec sérieux.
13h
Contes et légendesBeaucoup de contes pour enfants sont venus du Nord. Francfort a aussi son auteur pour enfants, Heinrich Hoffman, qui au milieu du XIXe siècle a créé le personnage de Struwwelpeter, « Pierre échevelé», traduit en français par «crasse-tignasse», 10 petites histoires morales qui montrent les dangers guettant les enfants qui se comportent mal. On peut visiter un musée dédié à l'auteur, pédopsychiatre avant l'heure, juste au nord-ouest du centre. Les illustrations d'époque sont intéressantes. Si on a le temps, un petit arrêt au musée d'histoire naturelle voisin s'impose.
Source: Cyberpresse.ca