Honduras: la mystérieuse Paris mayaSarah Bergeron-Ouellet - Canoe.ca (texte et photos)[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]À l'entrée des ruines de Copán Plus d’un visiteur a probablement baissé la voix en pénétrant sur le site de Copán. Les perroquets ont beau causer normalement à l’entrée des ruines, les visiteurs, eux, se laissent plus facilement impressionner: l’ancienne cité maya, avec ses temples et ses arbres géants, sort tout droit d’un monde oublié.
Située dans les montagnes du Honduras au bout d’une route sinueuse, asphaltée, mais pleine de trous, Copán fait partie du vaste ensemble de cités mayas qui s’est étendu dans presque toute l’Amérique centrale. Parmi celles-ci, Tulum et Chichén Itzá sont bien connus des touristes qui fréquentent les hôtels de Cancún, au Mexique. Mais Copán, qui aurait connu son âge d’or dans les années 700, demeure plutôt méconnue.
Elle est aussi relativement peu fréquentée en comparaison, bien qu’elle soit la plus importante attraction continentale du Honduras. Un peu moins de 100 000 visiteurs s’y sont rendus en 2009. Conséquence? On se sent plutôt privilégié quand on y met les pieds, car on a l’impression étrange d’avoir des ruines mayas (presque) juste pour soi.
La Paris du monde mayaÀ Copán, il n’y a pas de grandes pyramides. On se promène entre les temples, devant des autels, sur de grandes places, dans des tunnels et au milieu du deuxième plus grand jeu de balle de toute la Méso-Amérique.
Découvert en 1570, le site actuel s’étend sur un kilomètre carré, mais on estime qu’il allait jusqu’à 24 kilomètres carrés autrefois. Aujourd’hui, les pierres des temples et des terrasses ont presque la même couleur que l’herbe brûlée par le soleil. Mais avec un peu d’imagination (et un bon guide), on arrive à visualiser la Copán d’autrefois: édifices peints en rouge, sols blanchis à la chaux, sculptures ornées de pierres précieuses. On s’imagine les parures des rois, les cérémonies pour les dieux, les sacrifices humains, les cris de la foule. Un peu plus et on voit un grand prêtre prédire la fin du monde en 2012 les yeux tournés vers les étoiles!
Fait avéré, c’est pour son art et ses sculptures particulièrement bien exécutées que Copán fascine les spécialistes. On la surnomme même la « Paris du monde maya ». Ses monolithes ciselés avec finesse ont de quoi impressionner, et même les tunnels — que l’on peut visiter — cachent des sculptures funéraires et les restes presque intacts d’un vieux temple sacré.
L’œuvre la plus exceptionnelle de Copán est toutefois l'«Escalier aux pétroglyphes», la plus longue inscription maya connue. L’escalier fait 100 mètres de large et chacune de ses 64 marches est couverte de dessins gravés. Au total, 1800 glyphes permettent de retracer l’histoire de la cité et de ses rois aux noms étranges: «18 Lapin», «Nénuphar Jaguar», «Fumée Jaguar», etc. Ils ne révèlent toutefois pas pourquoi la ville a été abandonnée à la nature quelque part autour de l’an 900.
Aujourd’hui encore, de grands arbres aux troncs gris surgissent entre les monuments, tous très abîmés par le temps, l’érosion, les tremblements de terre et la végétation elle-même. Le plus vieil arbre du site, un immense ceiba, aurait près de 300 ans et ses racines feraient un kilomètre de long. Au pied d’un temple, l’une d’elles surgit du sol comme un immense serpent venu d’un autre monde.
Halte au villageUne fois bien imprégné de mystères mayas, il fait bon s’arrêter au village voisin de Copán Ruinas. Dans le parque central, les touristes et les habitants forment une petite foule agréable et nonchalante. C’est l’endroit idéal pour apercevoir un peu le Honduras d’aujourd’hui, qui compte parmi les pays les plus pauvres de l’Amérique centrale.
Tout autour du parc, de jolies rues pavées grimpent à pic dans la montagne. On peut y voir des enfants qui rentrent de l’école, des hommes coiffés du chapeau de paille traditionnel, des visiteurs qui prennent leur temps. Des motos taxis à trois roues, comme celle que l’on retrouve en Aise, sillonnent aussi le petit village colonial.
Source: Canoe.com