République Dominicaine - La Catalina, un hôtel vibrant au rythme des DominicainsÀ mi-chemin entre les tout-compris de Puerto Plata et Samana, le site de villégiature montre la vraie RépubliqueHélène Clément [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Hélène Clément
Le bar de l’hôtel La Catalina, où se mêlent clients et membres
du personnel à la fin de la journée. Évoquez la République dominicaine et il vous vient vite à l'esprit le tourisme de masse et les tout-compris aux airs de Club Med, sur fond de mer bleue et de sable blanc. Mais qu'en est-il de son histoire, de la diversité de ses paysages, de son peuple et de ses hôtels de charme qui emploient et achètent localement, soutiennent des projets communautaires et respectent les traditions du pays?
Cabrera — Il est 21h lorsque nous arrivons à l'hôtel La Catalina, situé à flanc de colline, au-dessus du village de pêcheurs de Cabrera, sur la côte nord de la République dominicaine. À mi-chemin entre la péninsule de Samana et Puerto Plata, il faut compter 90 minutes en voiture depuis l'aéroport El Catey, à Samana, jusqu'au charmant site de villégiature. Un chauffeur de l'hôtel nous accueille à la sortie de l'avion avec un sourire aussi large que son minibus.
La République dominicaine ne faisait pas partie de ma bucket list. Sûrement à cause de sa réputation de tourisme de masse bon marché et de contrée risquée qui lui colle à la peau depuis ses débuts en tourisme, dans les années 1980. Un peu comme ces puristes du voyage qui n'y voient que des tout-compris remplis de vacanciers fuyant les frimas de l'hiver.
Et puis un jour, on s'y retrouve. Et là, finis les préjugés. Je n'avais encore jamais rencontré, dans les Antilles, un peuple aussi sympathique que les Dominicains. J'apprenais aussi qu'on peut troquer ses «gougounes» pour des bottes de marche et explorer à pied, dans l'arrière-pays, une douzaine de parcs nationaux, et même escalader le plus haut sommet des Antilles: le Pico Duarte, à 3175 mètres d'altitude. Finalement, je découvrais Santo Domingo, berceau de la présence européenne en Amérique, dont la zone coloniale, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, présente une architecture d'exception.
L'hôtel La Catalina n'a rien du grand resort de bord de mer. Il s'agit plutôt d'une petite structure hôtelière chaleureuse, proprette et intime, à l'écart des sentiers battus. Les bâtiments aux couleurs de terre ne dépassent pas deux étages et nichent dans un ravissant jardin tropical. On fréquente l'endroit depuis plus de 15 ans pour son côté zen. Car la vraie pépite du lieu, c'est le calme.
Les propriétaires ont longtemps été des Québécois. Les habitués de La Catalina se rappellent très bien Marie-France Paquette et Claude Bouthillier. C'est d'ailleurs un peu avec nostalgie que Lisette Laprise, propriétaire d'un condo sur le site et responsable de l'AMIE à Cabrera, un organisme d'aide internationale à l'enfance, parle de cette époque où l'endroit était surtout fréquenté par des écrivains, des artistes et des politiciens québécois.
Depuis trois ans, c'est un Américain, Tim Moeller, et sa fille de 26 ans, Ashleigh, qui administrent les lieux, «de façon différente, disent les habitués, mais avec autant de sagesse que les ex-propriétaires». Le site compte 12 chambres joliment meublées ainsi qu'une quinzaine de condominiums abritant une ou deux chambres, un salon, une cuisine, une salle de bains et une terrasse privée avec vue sur le jardin, la piscine et la mer. L'auberge propose une table d'hôte qui jouit d'une belle réputation dans la région. Les légumes proviennent du jardin bio de la propriété; le poisson, des pêcheurs du village de Cabrera; les produits laitiers, d'une petite entreprise locale qui d'ailleurs fabrique un excellent yogourt.
La Catalina vit au rythme des habitants des villages environnants: Catalina Abajo, Catalina Ariba, Cabrera, et un peu plus loin, Entrada et Rio San Juan. Les employés proviennent pour la plupart de ces villages et bon nombre d'entre eux parlent le français, héritage des anciens propriétaires. Au bar, en fin de journée, les clients et le personnel se regroupent par affinité. On y discute, on y potine, on joue au backgammon ou aux échecs, on «google» et on pratique son espagnol.
La terre trembleEn ce début de soirée, les langues se délient plus qu'à l'ordinaire. Normal, après la nouvelle du fameux tremblement de terre de cette fin d'après-midi en Haïti. Ici, seuls les clients assis calmement à la terrasse du bar ont ressenti la secousse. «C'était comme à Chicoutimi en 1988», raconte un couple qui a vécu le séisme de magnitude 5,9 dans la ville du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le propriétaire nous informe qu'il y a une alerte au tsunami et que les écoles seront fermées le lendemain. Les employés sont sur le qui-vive. Tous ont le regard rivé sur CNN.
Sur le chemin pédestre de cinq kilomètres qui mène de La Catalina à Cabrera, via la cascade de dix mètres de hauteur, El Saltadero, où la baignade est délicieuse, nous n'avons rien senti de cette secousse qui fut si dévastatrice pour Haïti. Pourtant, nous partagions la même île d'une superficie de 48 442 kilomètres carrés. Nous avions remarqué que la mer était déchaînée à Cabrera, mais depuis quelques jours le mauvais temps sévissait sur la côte nord de la République dominicaine.
Un hôtel «responsable»Sans s'afficher «écohôtel», La Catalina favorise une action responsable. Le propriétaire emploie localement, achète localement et soutient des projets communautaires dans les domaines de la santé et de l'éducation. D'ailleurs, les clients qui le désirent peuvent prêter main-forte à Ashleigh dans son projet de reconstruction d'une école primaire dans la montagne. Il suffit de montrer de l'intérêt pour qu'elle vous amène sitôt rencontrer ses 24 élèves.
La Catalina met à la disposition des clients, plusieurs fois par jour, un service de navette vers la Playa Grande. On n'a qu'à enfiler son maillot de bain et à monter à bord du minibus. On peut aussi choisir de louer une voiture pour plus de liberté, ce qui n'est pas une mauvaise idée étant donné le grand choix de jolies plages sauvages à proximité du village de Cabrera.
Ce qui frappe d'abord à la vue de la Playa Grande, c'est la longueur et la largeur de sa bande de sable fin. Puis les couleurs de la mer. Du bleu et du vert qui détonnent dans un paysage de cocotiers. Le minibus de l'hôtel emmène aussi les amateurs de golf au fameux terrain de 370 acres Playa Grande Golf Course, dont le parcours de 18 trous, à normale 72, conçu par Robert Trent Jones Senior, en bord de mer au sommet de falaises, est assez complexe pour stimuler les experts tout en étant accessible aux débutants. Dix des 18 trous font face à l'océan Atlantique.
Entre Cabrera et Nagua, la Route des palmiers longe la côte à travers une palmeraie et conduit vers une série de plages sauvages comme la Playa El Diamente, la Playa Orchid Bay et la Playa Entrada. En voiture ou en taxi, ces petits secrets bien gardés sont facilement accessibles de l'hôtel. Et en jasant avec Tim Moeller, on en découvre bien d'autres, comme cet immense jardin privé en montagne, accessible depuis l'hôtel en moto conchos et où le fermier tolère que des milliers d'aigrettes s'y réfugient la nuit tombante. Il est clair qu'à ce jour, la Costa Verde a su s'écarter de l'image de tourisme de masse pour rester un coin de nature préservée et authentique.
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En vrac- L'hôtel La Catalina se trouve à mi-chemin entre les aéroports de Samana et de Puerto Plata. De Montréal, il y a des vols à l'année en direction de l'aéroport international de Puerto Plata.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]- Voyages Catalina inc.: 514 388-013, 1 800 388-0133,
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]- À lire: République dominicaine, publié aux éditions Ulysse.
Source: Ledevoir.com