L'azur de la Côte
Du chic littoral français au paisible arrière-paysClaude Turcotte[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Frédéric De La Mure/
France Ministère des affaires étrangères
Vue sur la ville de Saint-Jean-Cap-Ferrat,
une presqu’île de la Côte d’Azur. Mougins — Vous êtes à 15 minutes de Cannes, où vient de débuter le prestigieux festival de cinéma, mais il y a aussi cette même fin de semaine (de la mi-mai) le non moins célèbre Grand Prix de Formule 1 de Monaco, cette principauté qui se trouve à une heure de route de Mougins, mais en direction opposée de Cannes. Quel dilemme pour celui qui aime la course automobile et le cinéma et qui n'a que quelques jours à passer sur la Côte d'Azur! En fait, ce genre de choix déchirants fait partie des risques que le touriste doit prendre lorsqu'il s'amène dans cette région, la deuxième en importance pour l'industrie touristique française, après la région parisienne.
La Côte d'Azur accueille chaque année plus de 10 millions de touristes, parmi lesquels on compte un million de croisiéristes et 400 000 congressistes. Il y a des touristes à longueur d'année, mais évidemment la plus grande affluence a lieu durant les mois d'été, alors que les gens des pays du Nord (Grande-Bretagne, Allemagne, Danemark, etc.), sans oublier ceux de la très populeuse région parisienne, veulent profiter du soleil et des plages de la Méditerranée pendant leurs vacances.
C'est en fait l'instauration des vacances payées aux employés qui a provoqué ces migrations estivales vers le sud de la France. En 1939, il n'y avait que 300 000 touristes par année sur la Côte d'Azur, une clientèle alors composée surtout d'aristocrates, voire de têtes couronnées, qui venaient, particulièrement en hiver, de la Grande-Bretagne et même de la lointaine Russie. À la fin du XIXe siècle, il y avait aussi la faune des artistes, surtout les peintres, venus pour la lumière, les paysages et le climat. Leur art en a été grandement influencé et leur empreinte sur la région demeure très forte. Parmi les plus grands qui s'y sont installés, on trouve les Monet, Renoir, Picasso, Chagall, Matisse, Cocteau, Léger, Giacometti, etc. Pendant la Seconde Guerre mondiale, d'autres artistes sont venus se réfugier dans un village du Moyen Âge perché et entouré de murs. C'est ainsi que Saint-Paul-de-Vence est devenu un lieu mythique, qu'envahissent chaque année des milliers de touristes.
D'une certaine façon, ce passé aristocrate et bourgeois est toujours présent sur la Côte d'Azur, avec des hôtels et des résidences de grand luxe, par exemple à Saint-Jean-Cap-Ferrat, mais il y a aussi de nombreuses propriétés bien à l'abri des curieux dans l'arrière-pays, notamment à Mougins où 50 % du territoire est en forêt. Aujourd'hui comme au siècle dernier, on peut toujours déambuler sur la promenade des Anglais le long des plages de Nice. À quelques minutes de Cannes, il y a de charmants petits villages, comme celui de La Roquette-sur-Siagne, qui domine le paysage et la mer, ainsi que tous les bruits de la ville. L'arrière-pays est en fait très accidenté. On peut noter, entre autres, les gorges du Verdon, qui ont leur grand canyon qui s'étend sur 21 kilomètres.
Que peut-on faire sur la Côte d'Azur? À certaines périodes de l'année, il est possible de commencer la journée en pratiquant le ski dans les Alpes maritimes, pour aller ensuite sur les plages de la Méditerranée et terminer la journée dans la piscine de l'hôtel. On dénombre dans cette région pas moins de 15 stations de ski et 700 kilomètres de pistes. De plus, pour des excursions à pied ou à vélo, il y a de multiples sentiers qu'on peut emprunter, sans crainte de s'égarer grâce au GPS portatif Tomtom. Il y a, dit-on, des sentiers pour toutes les catégories de conditions physiques, rien de moins que 6000 kilomètres de sentiers de randonnées.
Il arrive aussi que la nature et l'art se marient d'une façon tout à fait sublime, comme on le découvre au Musée de la Fondation Maeght, à Saint-Paul. Inauguré par André Malraux en 1964, ce musée privé a été créé par Aimé Maeght, un marchand d'art de Paris, ami de nombreux artistes, qui a voulu honorer la mémoire de son fils décédé en dédiant ce lieu à l'harmonie entre les oeuvres d'art, l'architecture et la nature. On y trouve 6000 oeuvres, certaines étant complètement intégrées aux bâtiments, grâce à la contribution de certains de ses amis, en particulier Braque, Chagall et Mirò, qui y a créé un labyrinthe. On y voit même un tableau de Riopelle, soit Peinture, qui date de 1954. Cet été, depuis le 27 juin jusqu'au 31 octobre, ce musée présente une rétrospective exceptionnelle d'Alberto Giacometti, qui fut un autre ami de la famille Maeght. Ce musée reçoit près de 200 000 visiteurs par année.
La Côte d'Azur conserve des souvenirs tangibles de la présence de plusieurs grands artistes, donc Picasso qui a passé de nombreuses années dans la région, dont les 15 dernières de sa vie à Mougins, où il est décédé en 1973. Il avait d'abord fait des séjours à Vallauris et à Antibes, où se trouve d'ailleurs le Musée Picasso, qui rassemble plus de 200 de ses oeuvres, dont certaines témoignent de cette longue fréquentation de la région. Autre lieu incontournable: le domaine Renoir à Cagnes-sur-Mer, dont le peintre fit l'acquisition en 1908 et qu'il conserva jusqu'à la fin de sa vie. On peut encore visiter ce lieu exceptionnel pour y découvrir un magnifique jardin en fleurs, lequel a inspiré certains de ses tableaux les plus célèbres. Au total, il y a dans la région 11 musées dédiés à des artistes très connus.
Bien sûr, on ne peut pas aller sur la Côte d'Azur et passer à côté des fleurs, surtout pas à Grasse, qui est une capitale mondiale des fleurs et des parfums. Au Moyen Âge, cette localité avait la tannerie comme industrie principale. On y faisait l'élevage de bétail, mais il y avait aussi le jasmin, les roses et les violettes. À la fin du XIXe siècle, le train relia cette localité de l'arrière-pays à la côte et les «hivernants» y vinrent. Comme le cuir avait une forte odeur, Molinard, qui était alors un tanneur, eut l'idée d'offrir des gants parfumés à la reine Catherine de Médicis. Ce fut un tournant décisif dans l'histoire de Grasse, qui a basculé complètement dans l'industrie des parfums, important même des fleurs de l'Algérie et de l'Égypte, puis au XXe siècle de partout dans le monde.
***
En vracMusée international de la parfumerie de Grasse, créé en 1989 et rénové en 2008. On y apprend tout sur les parfums, leur histoire depuis les temps les plus anciens. Il présente une importante collection de flacons et d'objets d'art liés aux parfums. On y voit, parmi 50 000 pièces, l'impressionnant nécessaire de voyage de Marie-Antoinette. Ouvert au public toute l'année, et fermeture le mardi. Tarifs: de 1,50 à 3 euros. On peut visiter également les jardins botaniques de deux hectares de ce musée, un lieu pour une promenade délicieuse et parfumée parmi les roses, le jasmin, les orangers, les tubéreuses, les violettes, etc. C'est en soirée, dans la fraîcheur retrouvée, que les fleurs exhalent le maximum de senteurs. Chez Molinard, à Grasse, on peut faire une visite guidée de l'usine et participer à un atelier de tarinologie, pour créer en une heure et demie son propre parfum avec l'aide de professionnels, moyennant un coût de 40 euros. D'autres usines, dont celles de Gallimard et de Fragonnard, peuvent être visitées.
Toujours dans le domaine des fleurs, on peut visiter l'Atelier de la cuisine des fleurs sur la route de Grasse, au pont du Loup. Le chef Yves Terrilon y tient une école de cuisine où les élèves, grands comme petits, font eux-mêmes la cuisine avec des recettes fleuries: bonbons de fois gras à la violette, carpaccio de tomate à la rose, poitrines de poulet enrobées de pétales de rose. Les prix varient de 25 à 80 euros, selon les plats.
Air Transat offre deux vols directs Montréal-Nice par semaine. L'un quitte Montréal le dimanche avec retour de Nice le lundi; l'autre quitte Montréal le jeudi et revient le vendredi. Air Transat a aussi un vol par semaine vers Marseille et des départs dans d'autres villes canadiennes vers d'autres villes françaises pendant l'été. Il faut absolument mentionner le vol Montréal-Nice du 9 mai dernier, à quelques jours du Festival de Cannes, alors que le volcan islandais dispersait ses cendres vers le sud de la France. L'appareil d'Air Transat a quitté Dorval-Trudeau à l'heure précise, s'est dirigé tout droit vers le nord, jusqu'à Kuujjuaq, avant de tourner vers l'est et de traverser complètement le ciel du Groenland, puis de contourner ce fameux volcan en passant au nord de l'Islande. Le vol a ainsi été prolongé d'une heure et demie, avant d'atterrir sans problème à l'aéroport de Nice, sans aucuns frais additionnels pour les passagers.
Le Moulin de Mougins, ouvert il y a 40 ans par Roger Vergé, l'un des chefs les plus réputés de France et ami de Paul Bocuse, a reçu au fil des décennies d'innombrables célébrités, dont Elizabeth Taylor, pour n'en nommer qu'une. Cette table réputée s'est trouvé une relève, un jeune chef de 39 ans, Sébastien Chambru, étoilé Michelin et nommé «meilleur ouvrier de France» en 2007. Pour le déjeuner, il propose un menu à 49 euros (sans les boissons) et en soirée, des menus découvertes de quatre plats pour 90 euros ou de huit plats pour 160 euros. Le restaurant est ouvert du mercredi au dimanche. Pour les budgets plus modestes, il y a aussi à Mougins d'autres très bons restaurants, dont L'Amandier et Le Petit Fouet. À noter qu'en septembre prochain se tiendra le Festival de gastronomie (une autre création de Roger Vergé), qui recevra cette fois 30 chefs femmes, dont Anne Desjardins de L'Eau à la bouche.
Parmi les guides à consulter, il y a notamment Côte d'Azur et arrière-pays de Lonely Planet, qui donne une quantité considérable d'informations et d'adresses, tout comme le Guide du Routard. Michelin présente pour sa part sa liste de 33 étoilés parmi les 5000 restaurants de la région.
Source: Ledevoir.com