Toutes voiles sur la Friendly IslandLaurence Clavel [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Laurence Clavel
La baie Nettlé, du côté français de l’île. L'avion amorce sa descente vers l'aéroport Princess-Juliana, dans la partie néerlandaise de l'île de Saint-Martin. À travers le hublot, on ne voit pourtant que la mer, après avoir survolé quelques îlots qui nous ont paru minuscules vus du ciel. Celles qu'on appelle «les îles du Vent» sont éparpillées sous les ailes du Boeing, comme autant d'oasis vertes. Puis, tout à coup, apparaissent sous nos yeux une plage et des baigneurs qui lèvent les yeux pour regarder atterrir notre oiseau de métal. Le spectacle est des plus habituels à la plage de Maho Beach, à quelques pas de l'aéroport, et pourtant les touristes ne s'en lassent jamais et se transforment inévitablement en paparazzis pour accueillir les nouveaux arrivants. Bienvenue à Saint-Martin. Welkom aan Sint Maarten.
Saint-Martin/Sint Maarten — La France et les Pays-Bas se partagent harmonieusement l'île de Saint-Martin (Sint Maarten en néerlandais) depuis 1648. L'île a donc deux capitales: Marigot pour la partie française, au nord, et Philipsburg pour le côté néerlandais, au sud. Mais le touriste qui décide de faire le tour de cette petite île des Antilles n'a aucun poste frontalier à traverser. Il peut passer aisément, au gré d'une balade, de la plage de sable blanc côté français au casino néerlandais, du marché typiquement antillais aux boutiques européennes de luxe. Partout, on parle l'anglais plus couramment que le français ou le néerlandais, et on transige plus souvent en dollars américains qu'en euros.
Celle qu'on surnomme la Friendly Island ne fait qu'environ 90 kilomètres carrés. Il est donc assez facile d'en faire le tour par mer, par terre ou encore par la voie des airs. Montagnes, falaises rocheuses, lagons, plages et mangroves, les paysages de Saint-Martin sont presque aussi variés que sa population.
En effet, malgré sa petite taille, Saint-Martin est un véritable melting-pot: de la retraitée française à l'homme d'affaires néerlandais, en passant par la vendeuse haïtienne et le chauffeur de taxi jamaïcain, on trouve de tout sur l'île.
La population saint-martinoise a connu un véritable boom dans les années 1980, passant de 8000 habitants (côté français) en 1982 à plus de 28 000 dix ans plus tard. Aujourd'hui, ils sont plus de 66 000 à vivre sur l'île, répartis de façon à peu près égale entre les côtés français et néerlandais. Ces habitants n'ont pas tous des origines européennes.
En effet, l'île compte 82 nationalités différentes et 60 % de la population globale est étrangère. Nombreux sont les résidants de Saint-Martin qui sont originaires d'Haïti, de Saint-Kitts-et-Nevis, de la Dominique ou de la République dominicaine, ce qui assure à l'île une diversité culturelle peu commune.
À Saint-Martin, on peut manger des côtelettes de porc dans un lolo (resto typique où les barbecues sont rois) à midi, puis passer l'après-midi à faire du shopping dans les boutiques chics de Marigot, avant d'aller déguster un plat indien à Philipsburg, pour terminer la soirée à se déhancher sur les rythmes de compa à Grand Case, lors d'une des nombreuses fêtes en plein air. Car, même si on a tendance à l'oublier devant la quantité impressionnante de boutiques de marques — et le fait qu'on puisse acheter du confit de canard à l'épicerie du coin (côté français, du moins)! —, on est bel et bien dans les Antilles et ici, l'ambiance est toujours à la fête.
Le meilleur moment de l'année pour fêter en territoire saint-martinois se situe entre février et avril. On peut alors profiter de l'ambiance survoltée des carnavals des deux côtés de l'île ainsi que du rendez-vous (bien arrosé!) des adeptes de la voile, à l'occasion de la régate Heineken.
Sous les apparencesSaint-Martin reste une destination assez onéreuse. Tout comme sa voisine Saint-Barthélémy, l'île compte de nombreuses boutiques de luxe et les chics complexes hôteliers continuent de pousser comme des champignons (surtout du côté néerlandais). Mais en basse saison, les prix chutent de façon significative et des quartiers comme Concordia, à Marigot, proposent des chambres d'hôtel à prix abordables. Le voyageur en quête d'authenticité ne doit pas se laisser rebuter par les boutiques et les restaurants de luxe: ils côtoient généralement des lolos typiques et des marchés pittoresques et n'enlèvent rien au charme de certains petits villages.
D'ailleurs, les villas et les hôtels quatre étoiles sont loin de constituer le seul paysage à Saint-Martin. En effet, certains quartiers plus pauvres, majoritairement peuplés d'immigrants, contrastent avec les images de résidences luxueuses et de plages paradisiaques que publient généralement les agences de voyages. La plupart des guides recommandent d'ailleurs aux touristes de ne pas fréquenter certains coins de Philipsburg, ainsi que le quartier de Sandy Ground, près de Marigot. Pourtant, comme c'est souvent le cas, c'est là que le voyageur un peu plus aventurier trouvera une petite épicerie qui propose des produits frais à prix abordables ou un boui-boui qui sert le meilleur poulet grillé de l'île... La prudence reste toutefois de mise lorsqu'on est seul, ou à la nuit tombée.
L'île vue de l'eauLe bateau est un moyen exceptionnel de découvrir un pays, tous les marins vous le diront. Et à Saint-Martin, comme ailleurs dans les Antilles, nombreux sont les «locaux» qui possèdent leur propre bateau. Ils s'en servent comme moyen de transport pour changer de pays en traversant la baie Simpson, comme point d'ancrage pour la pêche à la langouste, et parfois comme résidence, lorsque le coût des appartements de la capitale devient trop élevé. Ancrés dans le port de Philipsburg, amarrés dans une baie ou encore rangés à l'ombre d'un palmier, voiliers, catamarans et barques de toutes sortes sont autant de moyens, pour les Saint-Martinois comme pour les touristes, de (re)découvrir l'île depuis l'eau.
Saint-Martin, de par son emplacement au centre des Antilles, constitue un point de départ pratique pour de courtes escapades en bateau ou de plus longues croisières. On en profitera notamment pour prendre le traversier vers l'île Tintamarre (déserte) ou jeter l'ancre au large de l'île Fourchue (le rendez-vous des amateurs de plongée), sans oublier de visiter les îles avoisinantes, comme Saba, la néerlandaise sauvage, la belle anglaise Anguilla ou la riche cousine française Saint-Barthélemy.
«La voile, c'est comme faire du camping sur un très, très grand terrain», disait Renée, une habituée du voilier, lors de notre visite à Saint-Martin. En effet, l'espace à bord est plutôt restreint (à moins d'avoir accès à un yacht!) et laisse généralement peu de place à l'intimité. De plus, il faut avoir l'estomac solide pour surmonter le malaise qui accompagne presque inévitablement chaque voyage en haute mer. Mais, pour des escapades de courte durée, ou si l'on reste actif en participant à hisser la voile ou à tenir la barre, on peut y échapper. Le truc du capitaine pour ceux qui n'ont pas le pied marin: une once de rhum, dès les premiers symptômes... Heureusement, ce remède se trouve en abondance sur l'île!
La terre fermeCeux qui préfèrent la terre ferme au roulis du voilier peuvent aisément faire le tour de l'île en voiture. À Saint-Martin, l'automobile est partout et la plupart des habitants possèdent non pas un modèle européen compact mais bien une version très américaine de style 4x4. Les routes sont plutôt bien entretenues (quoi qu'en disent les «locaux») et la location de voiture est abordable. Mais comme les chemins sont plutôt étroits et la circulation tout de même assez dense près des villes, les balades à bicyclette et la course à pied en bordure de route ne sont pas vraiment conseillées. Le transport en commun, quant à lui, suit le rythme des Antilles. C'est-à-dire que les horaires sont plutôt aléatoires et que les points d'arrêt fixes sont à peu près inexistants... Quant au taxi, il vous faudra fixer un prix à l'avance avec le chauffeur, quitte à le voir changer en cours de route.
Quel que soit le moyen de transport choisi, on ne manquera pas de visiter le pic Paradis, au centre de l'île, la ferme des papillons, près de Salt Pond, le fort Louis, à Marigot, et le musée du rhum, dans le Quartier d'Orléans.
Mais, comme on est sur une île, on ne peut éviter l'eau et, pour se rafraîchir, on prendra un bateau-taxi pour l'îlet Pinel, où se trouve l'une des plus belles plages de l'île, parfaite pour les vacances en famille. C'est aussi l'endroit idéal pour s'initier à l'apnée, en profitant d'un sentier sous-marin bien balisé.
Si l'on a envie de voir un peu plus de pays, il suffit de quelques jours pour faire le tour des plages et des spots de plongée de l'île, et constituer son propre palmarès.
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En vracÀ Saint-Martin, tout comme à Saint-Barthélémy, il n'y a pas de sources naturelles. On produit donc de l'eau potable en procédant à la désalinisation de l'eau de mer. reservenaturelle-saint-martin.com.
À ne pas manquer: le marché de Marigot, les mercredis et samedis matin, sur le front de mer, près de la marina. Produits locaux et ambiance caribéenne garantis.
Impossible d'aller à Saint-Martin sans rendre visite à ses voisines Saint-Barthélemy, Saba ou Anguilla. On peut s'y rendre en avion (un vol de quelques minutes à peine) depuis l'aéroport de Grand Case, ou en traversier, à partir de Marigot ou de Philipsburg, selon la destination.
Pour louer un voilier ou obtenir des renseignements sur le nautisme: Métimer, 05 90 51 94 25; Voile sans frontière,
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]À consulter: Le Guide du routard Guadeloupe-Saint-Martin-Saint-Barth 2010, éditions Hachette; Saint-Martin, Saint-Barthélémy, éditions Ulysse, 2010, 6e édition; Le Petit Futé Saint-Martin-Saint-Barthélémy, 2009-2010, Nouvelles Éditions de l'Université.
Office du tourisme de Saint-Martin: 05 90 87 57 21.
Pour voir l'atterrissage à l'aéroport de Grand Case tel que le pilote le voit: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Site Internet utile: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Source: Ledevoir.com