Tallin et Turku - Et si la mer Baltique m'était contéeLio Kiefer [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Photo : Carolyne Parent
La place Raekoja à Tallinn Tallinn et Turku comme duo de capitales de la culture en Europe en 2010, est-ce arrangé avec le gars des vues? Ou avec les filles de la Baltique? Allez savoir...
Elles sont nées l'une et l'autre à des époques différentes et ont été la proie des envahisseurs à répétition, pour Tallinn, et des flammes, pour Turku.
À Tallinn, les premières traces de peuplement remontent au milieu du IIe millénaire av. J.-C.
Aux IXe et Xe siècles de l'ère chrétienne, Tallinn était une place de commerce très importante, connue jusqu'en Scandinavie et en Russie. C'est peut-être pour cette raison qu'elle a été envahie par les Russes, les Suédois, les Danois, mais pas les Finlandais..
Pour les célébrités, Jaan Kross et Lennart Meri, tous deux écrivains, sont natifs de Tallinn.
En 1997, le centre historique de Tallinn a été inclus dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, qui permet la préservation présente et future de la vieille ville.
Turku (Åbo en suédois) est une ville de la Finlande fondée en 1229... Longtemps sous domination suédoise, elle fut la capitale de la Finlande, jusqu'à ce que les Russes l'envahissent et trouvent qu'Helsinki était beaucoup mieux. Et, en 1827, les flammes eurent raison des vestiges prestigieux de la ville et en ravagèrent les deux tiers, soit près de 2500 bâtiments. La ville fut aussi rapidement reconstruite d'après les plans de l'architecte allemand Carl Ludvig Engel, sous la forme d'un quadrillage de rues plus larges et avec des édifices qui délaissèrent le bois pour le béton, la brique et le ciment. Moins beau, mais moins inflammable.
Pour ces deux villes, la Baltique a une signification différente. Pour Tallinn, cela a été synonyme de danger de l'envahisseur. Pour Turku, la mer a été associée à la prospérité.
À voir à TurkuÀ mon avis, Turku se visite idéalement en été, à l'automne et à Noël.
Du côté du patrimoine ancien: le château de Turku, d'abord (décentré de la ville). Construit en plusieurs étapes, entre le XIIIe et le XVIe siècles, c'est l'âme de fierté en pierre du peuple finlandais, la plus grande citadelle du pays et aussi la vedette du patrimoine médiéval.
Autre visite à l'ancienne: celle de la cathédrale, bâtie au XIIIe siècle, ravagée dans un incendie en 1318 puis restaurée au XIVe siècle. Il s'agit de l'édifice le plus ancien de la ville, le berceau et le siège actuel de l'archevêché de l'Église évangélique luthérienne finlandaise.
Les autres sites culturels majeurs se trouvent sur les rives du fleuve Aura et sont le tremplin de nombreuses festivités pendant l'été, entourés de nombreux bars et de restaurants. N'oublions pas que la Suède est passée par là... Et que le goût des alcools forts est ici une seconde nature.
Pour comprendre l'histoire de Turku, une visite de l'Aboa Vetus & Ars Nova. Ce musée archéologique et historique est installé sur des vestiges vieux de 500 ans, mis au jour lors des travaux de construction dans les années 1990.
Le Musée de l'artisanat de Luostarinmäkiest, conçu en rondins de bois datant du XVIIe siècle, vaut lui aussi le détour.
Turku est une ville d'eau. Baignée par les flots de la mer Baltique et traversée par le fleuve Aura, elle est un pôle maritime historique et, aujourd'hui, commercial. Au large, ce sont des traversiers en direction de la Suède, de la Belgique, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne qui y font l'aller-retour.
Sur les eaux de l'Aura, les croisières sont plus courtes et de nombreux bateaux-bus font la navette entre Turku et les îles environnantes.
L'été venu, les archipels délaissés l'hiver, situés dans la baie, attirent les touristes en quête d'une certaine sérénité.
Comme on sait tous que le Père Noël est finlandais et habite dans le nord du pays. Turku célèbre la plus grande fête chrétienne à sa façon.
Depuis le XIVe siècle, la tradition veut qu'une trêve de Noël soit déclarée publiquement — et très officiellement — le 24 décembre, à 12 heures précises.
Entre la fin de novembre et la mi-janvier, la Grand-Place, où se tient le marché de Noël, est l'épicentre des activités du Père Noël.
L'Académie des beaux-arts accueille de son côté, chaque année, 600 étudiants en cinéma, danse, musique, théâtre de marionnettes et cirque! L'enseignement est gratuit et ouvert aux étudiants étrangers.
Et, pour ne pas échapper au rock insulaire, le festival de Ruisrock sur l'île de Ruissalo.
Pour en avoir plein le nez: les festivals de harengs en automne.
Pour des renseignements touristiques:
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] À voir à TallinnÀ visiter toute l'année. Mais l'été ça glisse moins.
Pour ce qui est de la vieille ville (Vanalinn), il y a un impératif majeur. Oubliez les talons hauts ou les bottes de cow-boy chercheur, sous peine de voir ses chevilles adopter la foulure pour le reste des visites. On parle de pavés, mais surtout de pierres rondes juxtaposées les unes aux autres. Comme si vous marchiez sur des plages de galets, mais sans le sable. Les jours de pluie, on reconnaît les touristes... J'ai déjà donné à une grande perche yankee une note de 2 pour l'artistique et de 4,5 pour la technique.
Cette partie date du XIIIe siècle, siècle où on n'était pas pressé.
Elle est séparée en deux. La ville haute, sur les hauteurs de Toompea où vivait la bourgeoisie, et la ville basse, autour de la place de l'hôtel de ville. Les bases de défenses d'antan sont devenues des parcs aujourd'hui.
Pour les restaurants à la mode de chez eux et les boutiques de vêtements, c'est sur cette place. Deux détails amusants. Les publicités locales et quelquefois nationales sont déclinées sur des tricycles.
De jeunes étudiantes ont trouvé des emplois d'été qui croisent le commerce et les rencontres impromptues. Elles ont autour de leur taille un présentoir avec des cornets de plastique remplis de fraises ou de fruits. Les garçons sont plus tournés du côté des crevettes et du poisson mariné.
Tallinn, même sous influence soviétique, a toujours été une centre de pâtisseries de toutes sortes avec des cafés très animés et influents. C'est là que les nationalismes estoniens se manifestaient. En parlant d'influence soviétique, on pourra regretter les bunkers de béton dans la ville moderne ou la gare ferroviaire qui donne plus envie de fuir que de s'arrêter.
Pour en revenir aux cafés pour intellos révolutionnaires, le Maiasmokk Kohvik (le café de la dent sucrée) roule depuis 1864. C'était le café de l'élite durant la période pré-indépendance à la Deuxième Guerre mondiale. On y trouve une salle de thé art nouveau avec des pâtisseries débordantes, en plus de leur spécialité, la pâte d'amande (massepain). À la porte d'à côté, un musée à la gloire de cette spécialité.
Pour ce qui est de l'artisanat, mais avec aussi des lainages de la Norvège ou de la Finlande, c'est tout au long du mur médiéval qui fait 2,5 km de long.
Pour les incontournables, le Parc de la liberté, les extravagances de Pierrot le Grand au Palais de Kadriorg, qui est aussi un musée des beaux-arts, le quartier de Rotterman (le futur culturel de la ville), le passage Sainte-Catherine pour les galeries d'artisanat.
La cathédrale Sainte-Marie, la tour et l'église Saint-Olaf et le château de Tompea sont les plus prisés.
Une carte dénommée Tallinn Card donne accès à des musées et offre des réductions pas très conséquentes sur magasins et restos.
Un dernier détail qui m'a toujours fait hurler de rire pendant l'été. Ce sont les fonctionnaires et les secrétaires qui, l'été, sur l'heure du midi... vont au bord de la Baltique se bronzer l'ensemble.
Ils descendent chemise, cravate, corsage et boucle et bronzent debout... La mallette et le sac à main par terre... Une habitude qu'ils ont piquée aux habitants de Saint-Pétersbourg.
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Pour tous renseignements: [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Source: Ledevoir.com