Retour à Carthagène

Retour à Carthagène
Mario Fontaine
La Presse


(Carthagène, Colombie) Une ville coloniale espagnole sur la mer des Caraïbes, des kilomètres de fortifications, des restos imaginatifs, des hôtels prestigieux, de riches musées. De toutes les destinations soleil, Carthagène est peut-être la plus belle. Avec, en prime, un esprit ludique, raffiné, qui vous suit dans ces multiples ruelles bordées de maisons ancestrales aux balcons suspendus.

Cette perle de la Colombie est à nouveau accessible par vol direct depuis Montréal, une première en huit ans. Les liaisons directes avaient en effet été abandonnées par crainte du terrorisme, en particulier de ces impitoyables FARC qui ont notamment gardé prisonnière Ingrid Bétancourt.

«Pendant des années, les rues ont été désertes ici. Il n'y avait plus de touristes, plus de croisières. Personne. C'était très dur pour les hôtels, les restaurants» ... et les guides comme lui, explique Juan de la Cruz.

Heureusement les FARC ont perdu de leur mordant. De plus, Carthagène n'a jamais été menacée, même au pire de l'insurrection. Le ministère canadien des Affaires étrangères recommande tout de même de faire preuve d'une grande prudence en Colombie. Mais il précise qu'aucun indice ne suggère une possible reprise des activités terroristes dans le pays.

Pour en finir avec la question et se rassurer complètement, voici le slogan de la toute dernière campagne de promotion du gouvernement de Bogotá, où l'humour a résolument remplacé la peur: «Colombie, le seul risque est de vouloir y rester»...

Une richesse préservée
Et pour vouloir y rester, on veut y rester! Carthagène compte 1,1 million d'habitants, mais la vieille ville n'en a que 14 000. Et c'est là que tout se passe, dans un décor de carte postale classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est que Cartagena de Indias, selon l'appellation locale, a vécu une longue et fructueuse ère de prospérité sous l'administration espagnole, comme en témoigne son riche bâti ancien.

L'or que les Espagnols volaient aux nations amérindiennes, notamment aux Incas, transitait par Carthagène après être passé par Panama. La ville s'est aussi enrichie grâce à la traite des noirs. Elle seule, avec Veracruz, avait le «privilège» d'agir comme plaque tournante dans le commerce des esclaves. De cela les brochures ne parlent pas beaucoup...

Il en est resté des églises magnifiques, des places vibrantes d'amuseurs en tout genre, des rues étroites aux habitations bourgeoises, huit kilomètres de remparts sur lesquels on peut marcher et qui offrent des vues inusitées sur ce petit bijou colonial.

Tout ça, bien sûr, sur front de mer. On traverse le boulevard, et hop, nous voici dans des vagues à l'eau d'autant plus chaude qu'elle a transité par une série de baies. Le sable est toutefois assez foncé, et la plage, très étroite. En plus, il faut traverser la rue avec tout son équipement, ce qui n'est pas très pratique.

La plupart des grands hôtels sont situés dans le quartier de Bocagrande, à distance de marche de la ville historique (4$ en taxi). Un quartier neuf, touristique, sans grand cachet. Curieusement, autant le centre historique est impeccable, tiré à quatre épingles, autant l'avenue en bord de mer est décrépite à la hauteur de Bocagrande, sans trottoirs dignes de ce nom, zéro mobilier urbain et vendeurs insistants.

Au fil de l'eau
Si les amateurs d'histoire et d'art passeront facilement une semaine à Carthagène, les simples adeptes de la bronzette risquent, eux, de rester sur leur appétit. Mais il y a une solution: Baru, une presqu'île à 90 minutes de là, où les prestations hôtelières sont excellentes et d'où des excursions quotidiennes vers Carthagène sont offertes.

On peut donc avoir le meilleur des deux mondes, un ou deux jours d'histoire, le reste à se prélasser sur la plage. Malheureusement, il n'y a pas cette année de possibilité de couper le séjour en deux, quelques nuits à Baru et le reste à Carthagène, même si cette alléchante option avait été envisagée.

Si les visiteurs d'un jour, ou d'une semaine, veulent une vue plongeante sur la ville, c'est à la forteresse de San Felipe de Barajas et au couvent de la Popa qu'il faut aller. On y entend vibrer «l'autre Carthagène», celle des plus pauvres d'où provient un tintamarre incessant de klaxons et de musique tonitruante. On y découvre aussi les édifices phares de la vieille ville... et d'autres plus contestés. Comme quelques gros immeubles insignifiants érigés avant le resserrement des normes patrimoniales.

La maison de l'écrivain Gabriel García Márquez n'échappe pas non plus à la controverse. Une maison très acceptable en soi, mais dont le style méditerranéen jure dans ce décor colonial. Marquez n'y loge qu'épisodiquement, le Prix Nobel de littérature étant désormais installé au Mexique.

De Carthagène, plusieurs excursions d'un jour sont offertes. L'une vers les 27 îles du Rosaire (Rosario), le plus souvent des îlets rocheux au fil de l'eau où des maisons de bien nantis occupent parfois tout l'espace disponible. Ou encore vers Isla Palma, plus loin, au dépaysement garanti avec sa languette de sable perdue en pleine mer, dans un silence réparateur.

Ce reportage a été réalisé à l'invitation de Nolitours.

REPÈRES??
Des forfaits tout inclus avec vols directs Montréal-Carthagène sont offerts jusqu'au 18 avril prochain. On peut aussi réserver un vol «sec» et se débrouiller par soi-même sur place. Durée du vol : 5h30.

> L'aéroport de Carthagène n'est qu'à quelques minutes de la vieille ville et de Bocagrande.

> Bien vérifier les prestations hôtelières : les tout-inclus sont de qualité variable, consulter son agent de voyages. Certains hôtels de la ville historique sont excellents (Santa Clara, Santa Teresa), mais chers. Carthagène compte aussi plusieurs hôtels-boutiques.

> La table est exceptionnelle. Parmi les restaurants recommandés : le San Pedro, le Club de Pesca, l'Etnia, le Club Nautico, le Santisimo.

Source: Cyberpresse.ca