48 heures à Saint-PétersbourgLa Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La Grande cascade, dans les bas jardins de Peterhoff, est l'une des plus
grandes fontaines du monde.
Photo: Frédérick LavoieÀ la sortie du train, la première bouffée matinale nous emplit de la douce mélancolie romantique de la capitale tsariste. Nous sommes dans la ville de Dostoïevski et des plus grands poètes russes. Pour le meilleur et pour le pire, Saint-Pétersbourg inspire: de ses édifices sombres et oppressants jusqu'à ses églises et palais extravagants, en passant par l'eau crasseuse de ses canaux pontés...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le palais d'Hiver, où se
trouve une partie du musée
de l'Ermitage.
Photo: Frédérick LavoieJour 1
8 h 30 : Promenade sur la Nevski Des portes de la gare de Moscou, la célèbre perspective Nevski se déroule devant nous à perte de vue. Pratiquement chaque édifice de l'avenue principale, des chic palais tsaristes aux simples immeubles commerciaux, mériterait notre attention. Les personnages de pierre qui jaillissent des bâtiments Art nouveau donnent vie à la gigantesque artère à huit voies qui s'étire sur 4,5 km. Jusqu'au prochain passage d'une vieille Lada déglinguée, en ce dimanche matin encore assoupi, on se croirait presque en Europe. Mais le rêve de Pierre le Grand, qui avait fait bâtir Saint-Pétersbourg en 1703 sur le modèle d'Amsterdam, ne s'est jamais concrétisé. Les Pétersbourgeois et leur ville demeurent profondément russes.
9 h : Cathédrale Notre-Dame-de-KazanEn passant le pont du canal Griboïedov sur Nevski, on croirait arriver au Vatican. Construite sur le modèle de la basilique Saint-Pierre de Rome, la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan s'impose dans le paysage avec ses 96 colonnes corinthiennes. À l'intérieur, les vieilles babouchkas voilées prient et embrassent les icônes de saints, avant d'allumer un cierge protecteur. Puis, elles griffonnent les noms de proches sur une feuille, afin que les popes prient en leur nom, dans ce fastueux temple doré.
10 h 30 : L'ErmitageAprès 45 minutes de queue (bien peu en été!), la découverte de l'Ermitage peut enfin commencer. On pourrait passer des journées entières dans ce gigantesque musée qui n'a rien à envier au Louvre: les Picasso, Gauguin et Matisse y côtoient les momies égyptiennes et les trésors impériaux russes. Mais peut-être encore plus que les oeuvres d'art, ce sont les salles mêmes de l'Ermitage qui impressionnent. Construites et rénovées au fil des tsars et tsarines, elles possèdent chacune leur style particulier qui reflète l'extravagance des souverains.
15 h 30 : Le Sang versé et le marchéL'église du Saint-Sauveur-sur-le-Sang-Versé porte bien son nom. Elle a été construite à l'endroit même où le tsar Alexandre II a été assassiné par un attentat à la bombe en 1861. De l'extérieur, ses coupoles colorées lui donnent un fort air de famille avec la célèbre cathédrale Basile-le-Bienheureux, située sur la place Rouge de Moscou. La construction de l'église a pris 24 ans et sa rénovation... 27 années de plus. Le résultat est toutefois impressionnant. Les murs intérieurs sont presque entièrement recouverts de mosaïques en carrés de faïence. Comme pour plusieurs autres sites de Saint-Pétersbourg, le prix d'entrée pour cette courte visite (13 $ pour les étrangers) est toutefois prohibitif. Juste en face de l'église, un petit marché touristique permet de faire le plein de souvenirs: matriochkas (poupées russes), jeux d'échecs artisanaux, chapkas, effigies soviétiques, etc.
22 h : Restaurant géorgienLes Russes vous le diront: la meilleure nourriture en Russie est... géorgienne. Le Khatchapournaïa Kafé de la rue Gorokhovaïa fait honneur à la réputation culinaire du petit pays du Caucase. En entrée, on n'a pu résister au khatchapouri, le pain au fromage typiquement géorgien, qui se décline en plusieurs variétés régionales. Le sympathique propriétaire nous a ensuite montré comment manger correctement les khinkali, ces immenses raviolis juteux à la viande épicée. Les chachliks (brochettes sur le gril) de mouton sont venus clore le festin. Malheureusement, la politique nous a empêché de goûter au réputé vin géorgien. La Russie a en effet imposé un embargo sur ce produit en raison de son conflit avec son petit voisin.
1 h : Ouverture des pontsChaque nuit d'été, les 13 ponts sur la Neva s'ouvrent à heures différentes pour laisser passer les gros navires. À en juger par le nombre de touristes massés le long du rivage près du palais d'Hiver, nous n'étions pas les seuls à être intrigués par le mécanisme. L'image du pont du Palais séparé a quelque chose de romantique: pour quelques heures, la ville disséminée sur une quarantaine d'îles est morcelée.
Jour 2
13 h : PeterhoffPassage par le majestueux métro de Saint-Pétersbourg, puis une demi-heure en autobus, et nous voici à Peterhoff, le Versailles russe. Lorsque le tsar Pierre le Grand l'a fait bâtir en 1711, il ne voulait qu'en faire une résidence temporaire pour surveiller la construction de la forteresse de Kronstadt. Il est finalement tombé sous le charme des lieux, aux abords de la baie de Finlande.
La visite complète de tous les palais et musées de Peterhoff pouvant atteindre 75 $ (!), nous avons préféré ne nous attarder que dans les bas jardins qui, à eux seuls, valent le déplacement. La Grande Cascade s'avère l'attraction principale de ces jardins anglais. Cette immense fontaine - l'une des plus grandes au monde - compte 37 statues en bronze et or et plus de 150 éléments décoratifs dorés. La pièce maîtresse, Samson arrachant la gueule d'un lion, d'où sort un jet d'eau de 19 mètres, fait partie de la grande allégorie de cette fontaine: représenter les victoires maritimes de la Russie par les exploits de héros et de dieux antiques.
16 h 30 : Forteresse Pierre-et-PaulÉrigée comme défense contre de possibles invasions suédoises, la forteresse en a vu de toutes les couleurs au cours de ses trois siècles d'existence. Un tsar y a personnellement torturé son frère, Trotski y a été incarcéré, tout comme le frère de Lénine. Aujourd'hui, l'invasion est touristique. On vient notamment s'y faire photographier avec l'étrange statue de Pierre le Grand, à qui l'artiste russo-américain Mikhail Chémiakine a choisi d'attribuer une petite tête pour un long corps difforme. Les nouveaux mariés et leurs invités viennent également s'y balader, faisant paradoxalement de ce complexe militaire un lieu de détente et de réjouissance. La jaunâtre basilique Saint-Pierre-et-Saint-Paul permet de repérer de loin la forteresse, avec son clocher qui culmine à 122,5 mètres.
19 h : Théâtre MariinskiLe Mariinski est réputé mondialement pour ses ballets et ses opéras. C'est ici que s'est développé le ballet «à la russe». Dans sa majestueuse grande salle dorée, on joue d'ailleurs régulièrement les classiques de Tchaïkovski, Le lac des cygnes et Casse-noisette, qui affichent souvent complet. Pour faire face à la concurrence mondiale, l'institution a toutefois commencé à oser. La mise en scène de l'opéra Le nez, une adaptation de la nouvelle fantastique de Gogol par le compositeur Dmitri Chostakovitch, était pour le moins audacieuse, tout en confirmant le professionnalisme du théâtre.
Source: Cyberpresse.ca