Lyon plaque tournante de l'oenotourismeVincent Marissal
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Morgon, fierté du Beaujolais, avec sa butte et son arbre solitaire.
Photo: Vincent Marissal, La Presse Avec ses halles Paul Bocuse, ses «bouchons», sa rosette et ses grands restaurants étoilés, Lyon est connu des gourmands comme une incontournable étape sur le chemin des plaisirs. Ville superbe, revitalisée, souvent citée comme un modèle d'urbanisme, Lyon est jeune et vibrant, par son activité universitaire et culturelle, mais aussi très riche en «vieilles pierres» et en histoire.
Bon endroit où se poser quelques jours, certes, mais la position géographique de Lyon en fait aussi un parfait point central d'excursions oenotouristiques dans trois régions moins connues de l'immense vignoble français: la Savoie, le Beaujolais et le nord de la vallée du Rhône.
De Lyon, on peut aussi facilement découvrir Aix-les-Bains en Savoie ou Tain-l'Hermitage en Rhône septentrional, à environ 100 km, ou, plus près encore, les vignobles du Beaujolais.
Savoie: pour en finir avec la racletteSi vous entendez «Savoie», vous pensez ski alpin, mont Blanc et Chamonix; reblochon et raclette, mais pas forcément vin. Ou peut-être, à la rigueur, vin blanc de Savoie. Celui qui accompagne traditionnellement la raclette après le ski, justement.
Voilà précisément le cliché que voudraient bien casser les vignerons de ce coin de paradis.
Rien n'empêche (surtout pas!) de visiter Grenoble, Annecy, Chambéry ou Chamonix en sillonnant la région, mais poussez vos explorations un peu plus loin, vers des villages et des vins qui gagnent à être connus.
Le coup d'oeil sur ces vignes accrochées à flanc de montagne, sur des dénivelés impossibles, là où les vignerons et les vendangeurs doivent parfois travailler accrochés à des câbles, vaut à lui seul le déplacement.
D'autres endroits tout aussi spectaculaires, comme le vignoble de Jongieux, où il faut utiliser des marteaux-piqueurs pour planter les pieds de vigne tellement le sol est rocailleux!
Près de Monmélian, à Arbin plus précisément (à quelques kilomètres de Chambéry, dans la vallée de la Combe de Savoie), le domaine de la famille Magnin donne à la fois une bonne idée des défis auxquels sont confrontés les vignerons et un bon échantillonnage de ce qui se fait de mieux dans la région.
Le défi, par exemple, d'installer à flanc de montagne des centaines de mètres de clôture pour empêcher les sangliers de manger les raisins arrivés à maturité.
Et la récompense: des vins blancs frais et équilibrés faits avec de la roussette et de l'Altesse et des rouges étonnants produits, notamment, avec de la mondeuse.
«Les Savoyards en général parlent plutôt mal des vins de Savoie et les restaurateurs nous boudent, dit, dépitée, Béatrice Magnin lors d'une dégustation des vins du domaine. On aimerait bien entendre autre chose que l'après-ski, la raclette et tous les autres clichés.»
Impossible, toutefois, de nier l'existence de la montagne ici, avec la spectaculaire falaise Granier et les parcs naturels du massif des Bauges et de la Chartreuse.
À une vingtaine de kilomètres au nord-ouest, Aix-les-Bains et le somptueux lac du Bourget valent bien une escale d'une journée. Pour les vins, la charcuterie et les fromages de la région, faites un détour par le restaurant-bar à vin Vintage, sis dans le centre historique de la ville.
En face, de l'autre côté du lac, de Bourget-de-lac, on monte facilement vers des points de vue grandioses sur le lac et la région. C'est par là qu'on accède aux vignobles des appellations méconnues, comme Jongieux, où vous pourrez goûter les vins du pays et, qui sait, repartir avec des bouteilles à 4 ou 5 pour accompagner le reblochon acheté chez le producteur local.
Pour les repas plus raffinés, sachez que la région Savoie-Mont-Blanc compte 26 restaurants étoilés au Michelin.
De quoi, ça aussi, briser le cliché de la raclette.
Rhône septentrional: ruines, grands vins et chocolat
Tain-l'Hermitage, sur le Rhône.Difficile de trouver un décor plus agréable pour un petit pas de course matinal: une voie piétonnière le long du Rhône surplombée par des coteaux plantés de vignes, dont la mythique parcelle de l'Hermitage.
Normalement, on évite les usines et les autres installations industrielles lorsqu'on sort ainsi prendre un bol d'air. Pas ici, toutefois, puisque la plus importante usine du centre de la ville est la chocolaterie Valrhona, d'où s'échappent des effluves enivrants qui vous suivent le long du fleuve sous les caprices du vent. Une visite de la boutique de l'usine s'impose.
Tain-l'Hermitage n'est qu'à 70 km de Lyon, mais si vous décidiez de vous y arrêter une nuit, vous trouveriez facilement des restaurants, des cafés, des petits hôtels et même un terrain de camping (juste à côté de la chocolaterie, justement!) en bordure du Rhône.
Il est possible de marcher sur le Sentier des belvédères, dans les vignes, qui offre des vues spectaculaires sur le Rhône et la région. On peut aussi très facilement monter à la petite chapelle de l'Hermitage.
La maison Chapoutier est ouverte aux visiteurs au coeur de Tain-l'Hermitage, pour une dégustation, des achats ou même, sur réservation, pour un cours sur les vins
Une escale à VienneDe Lyon, nul besoin de rouler pendant des heures pour tomber sur l'un des coteaux les plus réputés du monde viticole: les Côtes-Roties, qui dominent le Rhône tout juste en face de Vienne, et d'où proviennent les vins parmi les plus prestigieux de la vallée, sinon même de France.
La ville de Vienne (à environ 20 km de Lyon) en soi vaut le détour pour ses ruines romaines, dont le théâtre antique, qui sert encore aujourd'hui de lieu de concert extérieur (pour le festival de jazz en juillet, notamment).
Du centre de Vienne, on peut aussi faire des excursions en bateau sur le Rhône, une façon relaxante de voir la ville et les vignobles qui la bordent.
On trouve aussi deux autres appellations réputées dans la région immédiate de Vienne, Condrieu et Saint-Joseph. Et, aux alentours de Tain-l'Hermitage, Cornas et Croze-Hermitage.
Beaujolais: mon GPS, ma brosse à dents...On n'arrête pas le progrès, c'est bien connu.
Vous avez envie de faire une petite virée dans le vignoble du Beaujolais? Rien de plus facile, allez d'abord sur
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et téléchargez les différents circuits oenotouristiques en MP3 ou, mieux encore, les cartes interactives compatibles avec votre navigateur GPS.
Pour un vignoble qui essaie désespérément de rajeunir et de relancer son image, le mariage entre l'histoire et la technologie est tout à fait indiqué.
«Le principe est simple, indique le site beaujolais.com. Le parcours audio peut être téléchargé pour une simple écoute (sur un lecteur MP3 par exemple ou sur un simple CD audio) ou pour une visite complète (audio et indications GPS) pour les visiteurs utilisant leur navigateur GPS.»
En partant de Lyon, vous mettrez environ une heure à atteindre le coeur du Beaujolais, en passant notamment par Theizé en Beaujolais, village magnifique tout en pierre dorée.
Poussez ensuite vers le nord, vers Morgon notamment, ne serait-ce que pour voir sa petite butte sur laquelle est planté un arbre solitaire. Le mot bucolique trouve une de ses origines ici, c'est sûr.
Et de là, le meilleur du Beaujolais à quelques kilomètres à la ronde: les morgons, les fleurie, les moulins à vent. Un petit détour chez un excellent producteur installé à Lancié, dont certains vins sont en vente au Québec: Château du Chatelard, qui vous réconciliera avec le Beaujolais.
Du Beaujolais, on connaît surtout les rouges, et, malheureusement, seulement les vins nouveaux, mais certains blancs issus de chardonnay n'ont rien à envier à leurs prestigieux voisins de la Bourgogne. Pour une fraction du prix, en plus.
Les dernières années ont été très difficiles pour les producteurs du Beaujolais, accusés, parfois avec raison, de «faire pisser la vigne», c'est-à-dire de surproduire au mépris de la qualité.
Des producteurs comme Château Chatelard, Jean-Paul Brun et d'autres redonnent toutefois ses lettres de noblesse à cette région.
Rendu là, plutôt que de reprogrammer votre GPS pour un retour à Lyon (après tout, c'est épuisant de conduire de vignoble en vignoble), faites escale, si votre budget vous le permet, au Château Pizay, à Saint-Jean-d'Ardières.
Les prix sont salés, mais l'endroit est magnifique et le spa de l'hôtel vous fera momentanément oublier les choses aussi bassement terrestres que les tarifs d'une nuitée dans un château.
Source: Cyberpresse.ca