48 heures à MunichMathieu Perreault
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Neuhauserstrasse
Photo: Bureau de tourisme de MunichMunich a récemment acquis un statut de ville à la mode. Le New York Times en a chanté les louanges à la mi-avril.
La douceur de vivre bavaroise, ses magnifiques parcs et ses sympathiques biergarten en font l'une des villes les plus conviviales d'Allemagne. De multiples célébrations sont prévues cette année pour le 850e anniversaire de Munich.Jour 1
16 h : Accueilli par Mozart et VivaldiL'entrée dans la vieille ville est particulièrement agréable. À partir de Karlsplatz, on suit Neuhauserstrasse puis Kaufingerstrasse jusqu'à Marienplatz (les rues changent souvent de nom en Allemagne). Le samedi soir, il y a souvent un quatuor à cordes qui joue sous les arcades. Vivaldi, Mozart, rien de bien original, mais ça se marie mieux aux façades baroques que l'accordéon, la guitare ou le synthétiseur. Comme dans toutes les grandes villes européennes, des terrasses ont envahi la rue piétonne. Mais en Allemagne, et particulièrement à Munich, la concurrence des biergarten, qui n'ont pas à payer pour l'espace qu'occupent les tables, signifie qu'on ne payera pas plus cher sur la terrasse qu'à l'intérieur. Sur Marianplatz, on admire la façade XIXe siècle du «nouvel hôtel de ville», et son horloge avec des personnages qui font un petit spectacle mécanique chaque jour à 11 h, midi et 17 h.
19 h : Classique ou avant-gardeOn peut choisir un restaurant d'avant-garde comme G-Munich ou Essneun. Mais on peut aussi rester dans les sentiers battus avec des restaurants typiquement bavarois: Glöckl am Dom, (juste à l'est de la Frauenkirche, devant un fantastique magasin de vêtements d'enfants), qui fait des wienerschnitzel à mourir; ou Park Cafe, dans le parc Alter Botanisch Garten, qui combine un biergarten très convivial avec des salles intérieures Art déco.
Jour 210 h : Le marché aux victuaillesLa gastronomie bavaroise est idéale pour les amateurs de viande et de pommes de terre. On peut commencer par le Viktualienmarkt, le «marché aux victuailles», excellent exemple de la qualité germanique. Sur Marienhof, une visite à Dallmayr, dont la quinzaine de comptoirs offrent tous les raffinements imaginables sur le thème de la viande, est incontournable.
12 h : DachauMunich a été le siège des premières actions politiques de Hitler et a reçu le surnom de «capitale du mouvement». Les Bavarois s'offusquent quand on en parle, soulignant qu'il était autrichien, et que les nazis avaient eu moins de votes en Bavière à cause de l'opposition de l'Église catholique face à un parti en théorie athée. Dachau, le premier camp de concentration, est à 30-45 minutes du centre-ville par S-Bahn (les transports en commun munichois sont excellents). La nouvelle synagogue, érigée dans la vieille ville voilà quelques années, témoigne d'une élégance moderniste. On ne peut la visiter que sur rendez-vous, et comme souvent en Europe, de jeunes hommes qui ont l'air directement sortis des rangs du Mossad fouillent minutieusement les sacs à l'entrée.
17 h : Musique bavaroiseEnglisher Garten. C'est le parc mythique de Munich, situé entre le quartier (autrefois bohème, maintenant bourgeois) de Schwabing et le fleuve Isar. Ses sentiers interminables sont très fréquentés, et ses pelouses sont parsemées de Munichois de tous âges par beau temps. Au beau milieu, on trouve la «tour chinoise», un biergarten aménagé autour d'un kiosque à musique d'inspiration orientale où jouent parfois des orchestres à vent bavarois en costumes d'époque. Ce n'est pas le seul biergarten du parc. La formule est très sympathique, il y a un grand nombre de tables à pique-nique, et des stands vendent nourriture et boissons. Pour les sportifs, il y a du panaché, nommé «radler», étymologiquement à partir de «fahhrad», le mot allemand pour vélo. Au sud, le long de Prinzregentenstrasse, on peut voir des surfeurs braver la cascade provoquée par une brusque dénivellation d'un des canaux du parc (difficile à croire, mais c'est vrai!).
20 h : Un cochon embrochéLa version hivernale des biergarten est la bräurei, la brasserie. La plus célèbre est dans une place de la vieille ville si petite qu'elle s'appelle Platz. Hofbräuhaus est un immense espace bruyant rempli de grandes tables, que fréquentent tout autant les Munichois que les touristes. Au beau milieu trône un orchestre bavarois. C'est là que le programme du parti nazi a été proclamé, en 1920. Pour une expérience plus modeste, mais tout aussi typique et bruyante, la brasserie Augustiner, dans Landbergerstrasse entre Donnersbergerbrücke et Hackerbrücke. Un cochon embroché nous accueille à l'entrée, et le service est presque exclusivement en allemand. Curieusement, les serveuses des brasseries portent le costume bavarois, même quand il ne s'agit pas d'endroits touristiques. Et l'habitude perdure: il n'est pas rare de voir une jeune ou une vieille femme avec un «mass bier», un litre de bière, devant un jarret de porc de 20 centimètres de haut.
Jour 3
10 h : Des muséesRendez-vous sur Königsplatz, construite au milieu du XIXe siècle par le roi Louis Ier de Bavière. Grand amateur d'architecture antique, il a réussi à placer son fils Othon comme roi des Grecs et a écrit des maximes en grec ancien sous son arc de triomphe. Cette brève aventure a donné un air résolument classique aux monuments de Munich. On a le choix: la Glyptothèque, consacrée à la sculpture gréco-romaine, les Pinacothèques ancienne et nouvelle, où on peut notamment voir un cycle de peintures émouvantes de naïveté sur le règne d'Othon en Grèce. Et la Lenbachhaus, qui abrite des peintures figuratives de Kandinsky et de Paul Klee, avant leur période abstraite qui les a rendus célèbres. Ils gravitaient autour d'un groupe, dit du «Chevalier bleu», qui se passionnait pour la peinture naïve des campagnes. À voir absolument: Kandinsky en shorts, peint par son amante.
12 h : Belles découvertesLes biergarten sont tellement liés à une expérience munichoise qu'ils figurent sur les cartes touristiques. Deux d'entre eux, qui sont un peu à l'écart des circuits touristiques, sont le Rosengarten, dans le parc Westende, qui surplombe un petit lac avec des cygnes, et l'Augustiner d'Arnulfstrasse. Ce dernier, à l'est de la gare, est tout à fait authentique - pas de chichi - et attire les jeunes familles des nouveaux projets domiciliaires voisins. La Bavière est très bien représentée par ses bibelots de moines ventrus et rieurs, qui personnifient la «Gemütlichkeit», une expression signifiant «relaxer en s'asseyant ensemble pour prendre une bière». La tradition de la bière a d'ailleurs été lancée par les moines, qui s'en servaient pour survivre aux nombreux jours de jeûne (on pouvait boire, mais pas manger). Les poissons fumés piqués sur des bâtons sont particulièrement impressionnants.
14 h : Le château de NymphenburgL'une des attractions touristiques les plus célèbres de la ville est le Deutsches Museum, consacré à la technologie. On peut y passer une journée entière. On y voit notamment les premiers avions à réaction, inventés à la fin de la guerre en Allemagne. Pour rester dans le secteur moins culturel, il faut mentionner l'aquarium, dans le Parc olympique, qui a de beaux hippocampes, et les musées BMW, tout juste au nord. Si on veut faire une excursion dans la verdure qui soit plus intellectuelle, le château de Nymphenburg, dans l'est de la ville, est tout indiqué. On y découvre les aléas des rois de Bavière, notamment la «galerie de beautés» qu'avait commandée Louis Ier, et qui comptait une cinquantaine de portraits des plus belles femmes de la région. Notamment Lola Montez, la célèbre danseuse espagnole pour laquelle Louis a renoncé à sa couronne au milieu du XIXe siècle.
Saviez-vous que...la première Oktoberfest a eu lieu en 1810 pour les noces de Louis Ier de Bavière.
Source: Cyberpresse.ca