Antilles de l'Est: l'archipel aux diamants Pierre Champagne
Le Soleil [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Paradise Point. Une balade en téléphérique s'impose à l'escale de Saint-
Thomas dans les îles vierges américaines. À quelques centaines de mètres
du quai où s'accostent les navires de croisières, un téléphérique
vous mène, pour environ 20 $, de la rue Principale à Paradise Point,
le point le plus haut de l'île. De là, un panorama divin s'offre à vos yeux :
une baie superbe couleur turquoise, quelques petites îles plus ou moins
vierges, vertes comme des émeraudes, et un horizon de toutes les couleurs
de la tanzanite lorsqu'il se marie avec la mer.
Photo: Pierre Champagne, collaboration spéciale Les Antilles de l'Est forment un arc de cercle de 3500 km de long, s'étendant depuis Cuba jusqu'au large du Venezuela, dans la mer des Antilles. Ce sont 235 830 km2 de terres émergées où vivent 40 millions d'habitants. Des centaines d'îles toutes plus petites les unes que les autres. Depuis leur «découverte» par Christophe Colomb en 1492, elles ont été convoitées par les pirates, les boucaniers, les militaires et les aventuriers parlant toutes les langues de l'Europe occidentale : l'espagnol, évidemment, mais aussi l'anglais, le français, le portugais et le hollandais. Et elles le sont encore, convoitées, par des millions de touristes chaque année.
Au moment où vous lisez ces lignes, la saison touristique ne fait que débuter, comme la nôtre vient de finir. Elle a commencé le jour même où les premiers bateaux de croisière de l'année ont quitté le port de San Juan, à Porto Rico, le dimanche 31 octobre, en fin d'après-midi. Il y en avait quatre, dont le Carnival Victory. Le nôtre! Destination : les Caraïbes de l'Est. Plus précisément les îles de Saint-Thomas, Dominique, Barbade, Sainte-Lucie, Saint-Kitts, Saint-Martin (ou St. Marteen) et d'autres, selon les bateaux, avant le retour à Porto Rico, habituellement une semaine plus tard. Départ tous les dimanches!
Partout ou presque, des Français ont laissé des traces de leur passage. Il y a très longtemps, ils ont eux aussi participé à la prise de possession de l'archipel. Sur la toute petite île de Saint-Thomas, qui appartient aux Américains, la plus grande baie de l'île a pour nom The Frenchman Bay; l'île de la Dominique, qu'il ne faut pas confondre avec la République dominicaine, a été cédée par la France à l'Angleterre lors de la signature du traité de Paris en 1763. Comme Québec! Sa géographie est remplie de noms francophones : la Soufrière, Roseau, Massacre, Saint-Joseph, Saint-Paul, etc. À Saint-Kitts, la capitale de l'île, pourtant infiniment anglophone, a pour nom Basseterre. Encore faut-il savoir que l'autre nom officiel de Saint-Kitts est la Fédération de Saint-Christophe et Niévès.
L'île de Sainte-Lucie - ou de St. Lucia - fut elle aussi d'abord colonisée par la France. Elle fut ensuite disputée entre la France et le Royaume-Uni, lequel en obtînt le contrôle complet en 1814. Des noms français partout, là aussi : Gros Piton, Petit Piton, Vieux Fort, Soufrière, etc.
À Saint-Martin, l'île est divisée en deux : un côté hollandais et un côté français. On transige en euros du côté français et en florins antillais de l'autre, mais partout, c'est le dollar américain qui vaut son pesant d'or. On ignore complètement le dollar canadien, même s'il est au pair ou presque.
Bref, les Français ont été, à une certaine époque, terriblement présents dans toutes les Antilles. Et partout où passent les touristes d'aujourd'hui, l'histoire est là pour le leur rappeler. L'anse aux Épines sur l'île de Grenade; Pointe-à-Pierre à Trinidad; les Coteaux à Tobago, sans compter les îles véritablement françaises comme la Martinique, la Guadeloupe, Marie-Galante et Haïti, la perle des Antilles.
Les trésors des piratesLorsqu'on parle des Antilles, l'imagerie populaire nous présente souvent un coffre au trésor enterré quelque part, sur une petite île sablonneuse et volcanique, dans lequel Rackam Le Rouge ou tout autre flibustier du même genre déposait ses richesses : des perles, des pierres précieuses et, surtout, à cette lointaine époque, des pièces d'or transportées par des galions espagnols.
Eh bien, ça n'a pas tellement changé, pour tout vous dire. Aujourd'hui, 200 ans plus tard, ce sont des bateaux de croisières remplis de touristes qui visitent les principales îles sablonneuses et volcaniques de l'archipel des Antilles sur lesquelles, partout, des centaines de bijoutiers, de joailliers et de diamantaires vous présentent leur coffre aux trésors à eux. Ils ne s'appellent plus Olivier Levasseur ou François l'Olonnais, deux des corsaires les plus célèbres des Antilles; ils ont maintenant des noms de compagnies anglophones.
Si les bateaux de croisières partent de Miami pour visiter les Bahamas et la côte est de l'Amérique centrale, ils partent normalement de San Juan, à Porto Rico, pour visiter les Caraïbes. Et puisque ce sont essentiellement des Anglo-saxons qui voyagent sur les bateaux de croisières, ce sont surtout les îles anglo-saxonnes qui ont la cote. Désolé, mais c'est comme ça.
À toutes les escales, une nuée de marchands de pierres précieuses vous attendent dans leurs échoppes dont les vitrines sont le reflet du contenu de leur coffre au trésor, en l'occurrence, des diamants. Des diamants partout. De toutes les grosseurs et de tous les éclats. Des diamants et des tanzanites. C'est la pierre à la mode, la tanzanite. Elle déclasse tous les saphirs, les émeraudes et les rubis de ce monde par les temps qui courent.
Parmi les diamantaires et les joailliers les plus réputés que l'on retrouve à chacune des escales, et sur le bord des quais, mentionnons Diamonds International, fier de ses 120 joailleries dans le monde; Effy Jewelers, le seul détaillant autorisé des joyaux dessinés par DiVersa et Bellissima Jewelry; Milano Diamond Gallery, spécialisé dans les bijoux de moins de 1000 $; Abbott's Jewellery dont le coffre au trésor présente surtout des montres de marques réputées comme Rolex, Tissot, Cartier, Tag Heuer, Gucci, etc. Glitter Jewelry, Jerry Jewelers, Ashburry's, Del Sol, Goldfinger Jewelry et d'autres encore. Des noms qui sont, curieusement, inconnus sur les quais du Vieux-Port de Québec où débarquent, pourtant, plus d'un million de croisiéristes par année. À Québec, faut-il le dire, ce sont les marchands de fourrure qui prennent la place.
Source: Cyberpresse.ca