Croisières: une empreinte écologique de plus en plus légèreAndré Désiront, collaboration spéciale
La Presse [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'Oasis of the Seas, un des plus gros... et des moins polluants bateaux de croisière.
Photo: Reuters Un navire de croisière est une ville flottante et, comme toute ville, c'est une formidable usine à générer de la pollution. Mais aiguillonnées par diverses agences gouvernementales et internationales et soucieuses de leur image dans un contexte où les voyageurs se sensibilisent à l'impact de leurs déplacements sur l'environnement, les sociétés qui les exploitent multiplient les initiatives destinées à minimiser les dégâts.
Depuis 10 ans, tandis que le nombre de voyageurs a crû de 8% par année, les déchets et les émissions polluantes générés par l'industrie de la croisière ont diminué de moitié. Ainsi, l'Oasis of the Seas, qui est, avec ses 220 000 tonnes, le plus gros paquebot du monde, pollue beaucoup moins qu'en son temps le Titanic, qui ne jaugeait que 46 328 tonnes.
Mais les compagnies de croisières équipent désormais leurs navires de systèmes de traitement des eaux usées et des déchets, et d'installations permettant de réduire les émissions de CO2. Pour ce faire, elles ont dépensé, en moyenne, 2 millions par paquebot depuis 2004. Et elles modifient leurs comportements.
Ainsi, Carnival n'utilise plus que des détergents biodégradables et a équipé ses nouveaux paquebots de moteurs moins polluants. Norwegian Cruise Line recycle chaque année des milliers de gallons de graisses de cuisson. Holland America et Princess Cruises ont conçu les moteurs de leurs navires (qui produisent l'électricité du bord) de manière à leur permettre de se connecter à des sources de courant extérieures, lorsqu'ils sont amarrés dans un port. Holland America a fait installer des toilettes et des douches fonctionnant avec de faibles débits d'eau.
En janvier 2009, l'organisme Les Amis de la Terre (
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] a publié un rapport dans lequel il accordait une note (de A à F, comme sur les bulletins scolaires) évaluant les efforts des 10 principales sociétés en matière d'empreinte environnementale. Holland America a obtenu la meilleure note (B), suivie par Norwegian Cruise Line et Princess Cruises (B-). Royal Caribbean et Disney Cruises font figure de cancres avec une note de F.
Ce résultat a littéralement fouetté Royal Caribbean, dont le nouveau mastodonte, l'Oasis of the Seas, lancé quelques mois après la publication du rapport, est désormais un des moins polluants de la flotte mondiale. Ses moteurs sont liés à des épurateurs qui éliminent complètement les émissions d'oxydes de soufre et qui réduisent celles d'oxydes de carbone de 20%. Ils brûlent 25% de carburant de moins que des navires un peu plus petits. En outre, l'Oasis est équipé d'un système de traitement et de recyclage qui lui permet de ne rejeter aucune eau usée.
Les membres de la Cruise Line International Association (CLIA), qui regroupe les principales compagnies de croisières mondiales, se conforment aux normes édictées par MARPOL (pour MARine POLlution, qui désigne la Convention internationale pour la prévention de la pollution générée par les navires) et à celles des différentes agences gouvernementales des pays où les paquebots accostent. Ces normes prévoient notamment que les matières recyclables soient ramenées à terre et que les eaux usées ne soient rejetées à la mer (et à 12 milles des côtes) qu'après avoir été traitées.
La CLIA estime que ses membres recyclent annuellement 80 000 tonnes de papier, de bouteilles et de canettes. Les eaux huileuses (les eaux de cales présentes dans tous les navires) sont aussi traitées et elles ne sont rejetées à la mer que lorsqu'elles ne contiennent plus que moins de 15 parties d'huile par million.
Faut-il en déduire qu'un paquebot n'est plus une source de pollution? Certainement pas. Mais son empreinte écologique, jadis très marquée, s'atténue de plus en plus. Déjà, sur certains navires, les croisiéristes polluent moins que s'ils restaient chez eux.
Source: Cyberpresse.ca