48 heures à LiègeAndré Désiront, collaboration spéciale
La Presse [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le palais Curtius, siège du plus grand musée liégeois.
Photo fournie par le musée du Grand Curtius Liège, principale ville francophone de Wallonie, bénéficie d'une histoire riche, qui abonde en épisodes turbulents. Même si la cité est plus que millénaire, les maisons les plus anciennes ne datent que de la fin du XVe siècle. La ville fut entièrement rasée en 1468 par Charles de Téméraire, duc de Bourgogne, qui n'épargna que les églises. Hélas, la plus remarquable - la cathédrale Saint-Lambert, qui se dressait au centre de la place éponyme - fut démolie en 1794 par des révolutionnaires trop zélés!
JOUR 19HJ'arrive sur l'immense place Saint-Lambert, point de départ pour la découverte du coeur historique de la ville. Hormis l'ancien palais des Princes-Évêques, aujourd'hui siège du gouvernement provincial, la place n'a rien de remarquable. Il y a une cinquantaine d'années, elle était bordée de beaux bâtiments néoclassiques. Ils ont été démolis pour faire place à un noeud autoroutier, qui, heureusement, n'a jamais vu le jour, et remplacés par des édifices modernes et des galeries commerçantes. Je me dirige vers la place du Marché où se dresse le perron - une fontaine surmontée d'une colonne symbolisant les libertés communales. Elle est bordée de maisons anciennes et par le bel édifice classique de l'hôtel de ville.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'Hôtel de Ville.
Photo: André Désiront, collaboration spéciale10HÀ Liège, tout le monde vous dira qu'il ne faut pas manquer les impasses de la rue Hors-Château. Ainsi nommée parce qu'elle courait à l'extérieur des remparts, la rue elle-même est festonnée de demeures anciennes et de beaux hôtels particuliers de style classique ou baroque. Amorcées par un passage aux allures de coupe-gorge, les impasses charment le visiteur, avec leurs vieilles maisons restaurées, aux façades de guingois envahies par des rosiers et du lierre grimpants. Parfois, elles débouchent sur une cour agrémentée d'arbres et de massifs fleuris. Dans la cour Saint-Antoine, signalée par les guides, l'architecte Charles Vandenhove a réussi à marier harmonieusement l'ancien et le moderne.
11HAu bout de la rue, se dressent les deux tours romanes de la plus vieille église de la ville, la collégiale Saint-Barthélemy. La peinture jaune safran, soulignée par un liséré sang-de-boeuf, dont on a paré le bâtiment suscite l'étonnement. Explication: au Moyen-Âge, en Rhénanie et dans les régions voisines, les églises étaient couvertes d'un enduit polychrome. À l'intérieur, les sculptures en relief des fonts baptismaux en laiton sont considérées comme le chef-d'oeuvre absolu de l'art mosan du Haut Moyen-Âge.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'Église Saint-Barthélemy parée de son enduit polychrome.
Photo: André Désiront, collaboration spéciale MidiPour regagner le centre, j'emprunte le sentier des Coteaux auquel on accède par l'impasse des Ursulines. Tracé au flanc d'une des collines qui corsètent la ville, le sentier traverse un bois et les charmants jardins en terrasses d'un ancien couvent. Il ménage de larges panoramas sur la Meuse et la ville encastrée dans sa vallée étroite. Un peu moins d'une heure de flânerie bucolique plus tard, je suis de retour sur la place du Marché où je m'attable dans une des salles de la plus vieille taverne de Liège: le Pilori. Je commande l'incontournable spécialité locale, les boulets à la liégeoise, accompagnés de frites, comme il se doit en Belgique.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une impasse de la rue Hors-Château.
Photo: André Désiront, collaboration spéciale14HVisite de l'Archéoforum, un itinéraire aménagé en sous-sol sur le site des fouilles archéologiques menées sous la place Saint-Lambert. Des traces de campements du néolithique, à la crypte de l'ancienne cathédrale St-Lambert, en passant par les vestiges d'une villa gallo-romaine, on glane quelques aperçus sur 9000 ans d'occupation du site. La scénographie, conçue par le Québécois Yves Durand de la firme Expérience International, rend le parcours intéressant.
16HJ'arrive face à la spectaculaire gare des Guillemins, devenue une des étapes touristiques obligées de la ville. Inaugurée l'an dernier, c'est l'oeuvre de l'architecte espagnol Santiago Calatrava. Comme les autres édifices dessinés par cette diva de l'architecture contemporaine, celui-ci tient davantage de la sculpture que du bâtiment fonctionnel. Les mauvaises langues murmurent d'ailleurs que c'est un carrefour de courants d'air. Mais il faut avouer que le résultat est esthétiquement séduisant.
20HAprès un repas sur la terrasse de La Brasserie, place de la Cathédrale (un poste d'observation idéal pour zieuter les gandins et les élégantes!), je m'enfonce dans le Carré, un polygone quadrillé par des rues piétonnières qui exhalent des effluves de bière. C'est l'épicentre de la vie nocturne. Hormis quelques rescapés des années 70, la clientèle est majoritairement jeune. Liège est une ville universitaire et «faire guindaille» (traduction québécoise: «partir sur la go») est un élément du cursus académique qui conduit, sinon à un diplôme, du moins à la lointaine sagesse.
JOUR 2
9HBallade dans Outremeuse, quartier qui, comme son nom l'indique, s'étend sur l'autre rive du fleuve qui incise la ville. Le plus illustre des auteurs liégeois, Georges Simenon, a grandi dans le quartier et sa mémoire est évoquée partout. Il y a sa rue. L'auberge de jeunesse, aménagée dans un ancien couvent, porte son nom. Tout comme un petit hôtel de la place de l'Yser, que les propriétaires, menacés de poursuites par les ayants droit de l'écrivain, ont astucieusement renommé «Hôtel Si Mais Non». Les inconditionnels ne manqueront pas l'église Saint-Pholien, qui a inspiré un des premiers romans du père du commissaire Maigret: Le pendu de Saint-Pholien. À signaler: la rue Roture, une des plus charmantes venelles tortueuses de cette ville qui en compte pourtant des dizaines.
10H30Longeant les quais de la Meuse, je gagne le Grand Curtius, un complexe muséal aménagé dans un enchevêtrement d'édifices patrimoniaux et modernes, dont le principal est un énorme bâtiment de la Renaissance: le palais Curtius. En suivant le parcours suggéré (il faut compter deux heures), on passe d'un département d'Égyptologie à une collection de verres et de cristaux (les Cristalleries du Val Saint-Lambert, en banlieue de la ville, figurent parmi les plus réputées d'Europe), d'une galerie de peintures (quelques beaux primitifs flamands) à une exposition d'armes (installée en banlieue, la Fabrique nationale, est une des principales manufactures d'armes du monde), sans oublier les reconstitutions de fastueux intérieurs liégeois de la Renaissance et du siècle des Lumières. On a rassemblé ici quelques un des plus beaux échantillons du patrimoine local pour illustrer des milliers d'années d'histoire.
13HSaturé de nourritures muséales je passe l'après-midi à musarder de terrasses en vitrines, dans le quadrilatère d'artères piétonnières dont la rue Vinâve d'Île constitue l'épine dorsale. C'est ici qu'on retrouve la plus grande concentration de bistros et de boutiques élégantes.
19HSoirée au cabaret-théâtre La Bouch'Rit, rue Saint-Gilles. Ça commence par un repas «trois services» et ça se poursuit par une comédie: Les indésirables dans le bain. La nourriture est correcte, le prix (20 euros sans le vin) l'est aussi, la pièce (20 autres euros) l'est tout autant et l'ambiance bon enfant contribue à faire de cette soirée un succès.
Source:
Cyberpresse.ca