Compagnies aériennes: les frais cachés fourmillent encore

Compagnies aériennes: les frais cachés fourmillent encore
Jean-François Cloutier - Agence QMI

Malgré de nouvelles dispositions dans la loi provinciale pour mieux encadrer les frais cachés dans l’industrie, force est de constater que l’appétit des transporteurs aériens pour les extras de dernière minute n’a guère été freiné.

Emboîtant le pas à son grand concurrent WestJet, Air Canada a annoncé aujourd’hui qu’il allait désormais exiger une surcharge de 20$ pour le transport d’un deuxième bagage dans certains vols.

«Les clients qui achètent des billets en classe économique à partir du 11 novembre 2010 (tarifs Tango, Tango Plus et Latitude) pour des voyages effectués à compter du 19 janvier 2011 à bord de vols intérieurs et de vols pour les Antilles, le Costa Rica et le Mexique devront désormais payer des frais de 20 $ pour l'enregistrement d'un deuxième bagage, conformément à la pratique des autres transporteurs», indique Air Canada par voie de communiqué. L’entreprise montréalaise n’a pas rappelé Argent jeudi.

Ces frais supplémentaires s’ajoutent à la pléthore de frais qu’imposent les transporteurs aériens en sus du tarif de base annoncé en gros dans la plupart des promotions.

Un simple coup d’œil à des publicités récentes montre que les compagnies aériennes n’ont pas changé leurs mauvaises habitudes, en dépit de la modification de la loi québécoise sur la protection du consommateur, et qu’ils continuent d’afficher des prix grossièrement inférieurs à ce qu’il en coûte réellement au client au bout de la ligne.

Depuis le 30 juin dernier, l'article 224 c) de la Loi sur la protection du consommateur interdit aux commerçants d'exiger, outre les taxes de vente, quelque montant que ce soit en sus du prix annoncé.

Or, Air Canada annonce en ce moment sur son site un «super spécial» de 263$ pour un vol Montréal-Barcelone. Après avoir fait l’exercice concret d’un achat de billet, on s’aperçoit cependant que ce prix ne concerne qu’un billet aller. Il faut donc doubler ce montant si on compte revenir à Montréal à la fin de son voyage. En outre, à ce prix s’ajoute des suppléments divers obligatoires qui font grimper la facture pour un billet aller-retour Montréal-Barcelone à… 973,02$, dans le meilleur des cas.

Charles Tanguay, président de l’Union des consommateurs, estime que les compagnies aériennes prennent encore les consommateurs pour des valises. «Dans bien des cas, l’écart entre le prix annoncé et le prix payé pour un billet d’avion est de l’ordre du simple au double», signale-t-il.

Son organisme a déposé en juillet une demande de recours collectif en Cour supérieure contre Air Canada. L'Union des consommateurs estime que lors de l'achat de billets d'avion, les résidants du Québec n'ont pas à payer des frais supplémentaires que l'entreprise a ajoutés au prix annoncé. D’après Moscou Côté, directeur général de l’agence Voyages Constellation, les transporteurs canadiens se moquent de la loi en argumentant qu’ils sont sous juridiction fédérale.

M. Côté juge aussi déplorable la dernière initiative des transporteurs en vue de faire payer les voyageurs pour le transport d’un deuxième bagage. «Les transporteurs vont devoir payer des frais de gestion importants pour aller chercher quelques dollars supplémentaires. Cela risque de frustrer encore davantage les clients et rendre l’expérience de vol plus déplaisante», mentionne-t-il.

Source: Canoe.ca