Un symbole de l'Holocauste volé à AuschwitzUrsula Hyzy
Agence France-Presse
Varsovie[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La célèbre inscription «Arbeit macht frei» était installée au-dessus de la
porte d'entrée de l'ancien camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau.
Photo: AFP La célèbre inscription en allemand «Arbeit macht frei» (Le travail rend libre), à l'entrée de l'ancien camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau (sud de la Pologne), a été dérobée par des inconnus vendredi, soulevant une vive émotion.
«L'inscription a été volée tôt le matin», a déclaré à l'AFP Jaroslaw Mensfelt, porte-parole du musée de ce camp installé par l'occupant allemand sur le territoire polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.
«C'est une profanation de l'endroit où plus d'un million de personnes ont été assassinées. C'est honteux», a dit M. Mensfelt. «Il s'agit du premier cas aussi grave de vol en ce lieu», a-t-il ajouté.
Le musée a promis 100.000 zlotys, soit environ 25.000 euros, pour toute information pouvant contribuer à retrouver l'inscription.
L'Allemagne nazie a exterminé de 1940 à 1945 à Auschwitz-Birkenau environ 1,1 million de personnes, dont un million de Juifs. Les autres victimes de ce camp furent surtout des Polonais non juifs, des Tziganes et des prisonniers soviétiques.
Ce vol a suscité de vives réactions en Pologne, en Israël et parmi les anciens déportés, notamment.
«C'est impensable!», s'est exclamé le chef historique du syndicat Solidarité et ancien président polonais, Lech Walesa, sur la chaîne de télévision TVN 24. «Mais je n'y verrais pas un acte idéologique. C'est une affaire criminelle. Impossible de le comprendre autrement», a ajouté le prix Nobel de la Paix.
Le président polonais Lech Kaczynski s'est déclaré «bouleversé et indigné». «C'est un symbole connu dans le monde entier du cynisme des bourreaux hitlériens et du martyre de leurs victimes qui vient d'être volé», a-t-il déclaré.
Israël a qualifié le vol d'«acte abominable qui relève de la profanation». «Ce geste témoigne une fois de plus de la haine et de la violence envers les Juifs», a déclaré le vice-Premier ministre et ministre du Développement régional israélien, Sylvan Shalom.
Le mémorial israélien de la Shoah à Jérusalem, Yad Vashem, a fait part de son indignation. «Cet acte constitue une véritable déclaration de guerre, provenant d'éléments dont nous ne connaissons pas l'identité, mais je suppose qu'il s'agit de néo-nazis animés par la haine de l'étranger», a déclaré son président, Avner Shalev.
L'inscription «Arbeit macht frei» est devenue «un des symboles clés de l'Holocauste parce que tout le monde savait qu'à cet endroit (le camp d'Auschwitz) le travail ne libérait personne. C'est l'endroit où des millions d'hommes, de femmes et d'enfants ont été transférés dans un seul but : celui d'être assassinés», écrit dans un communiqué le rabbin Marvin Hier, fondateur et directeur du Centre Simon Wiesenthal, dont le siège est à Los Angeles et qui a pour mission d'entretenir la mémoire de l'Holocauste.
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a dénoncé un «acte ignoble».
Cet événement provoque «une grande peine et un choc pour tous les survivants et les descendants des survivants», a réagi un responsable de la communauté juive en Allemagne. L'Union française des déportés d'Auschwitz a parlé de «destruction de l'histoire».
La police polonaise a ouvert une enquête. Plusieurs dizaines de policiers, accompagnés de chiens, étaient sur les lieux vendredi et des barrages routiers ont été mis en place.
«Toutes les pistes sont possibles mais nous privilégions celle d'un vol sur commande d'un collectionneur privé ou d'un groupe de gens», a déclaré à l'AFP Malgorzata Jurecka, porte-parole de la police d'Oswiecim (Auschwitz en polonais).
Le musée a immédiatement placé vendredi au-dessus de la porte d'entrée du camp une copie du panneau métallique de cinq mètres de long. L'année dernière, plus d'un million de personnes ont visité Auschwitz.
Source: Cyberpresse.ca