Setúbal: le charme du Portugal Yves Ouellet
Le Soleil[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un panorama extraordinaire se dévoile lors d'une excursion dans la baie
de Setúbal, au large du parc naturel Serra de Arrábida.
Photo: Yves Ouellet, collaboration spéciale Setúbal a beau être l'une des plus importantes villes portuaires et industrielles du Portugal, on se croirait dans un gros village lorsqu'on y déambule durant la fin de semaine. Et, même en semaine, Setúbal élève à peine le ton.
Jamais une ville d'Europe ne m'a paru aussi tranquille et paisible. Les coups de klaxon sont rarissimes. Les éclats de voix se résument aux cris d'un marmot que sa mère saisit par l'oreille pour le faire marcher par là (ce qui n'émeut personne ici). De l'autre côté de la place, un chant choral traditionnel s'insinue mélodieusement à partir de l'immense structure carrée du Forum Municipal Luisa Todi, où un spectacle en plein air se termine.
Outre cela, quelques rires diffus proviennent des terrasses ombragées sur lesquelles le déjeuner s'étire jusqu'à la fin de l'après-midi. Sur les bancs du long parc verdoyant qui borde l'avenue Luisa Todi, les discussions des vieux se fondent aux relents persistants d'odeurs de poisson qui parviennent des quais.
À quelques pas de là, les bateaux colorés des pêcheurs sont au repos bien que quelques propriétaires zélés profitent des jours de pause pour réparer leurs filets. Sur la vaste baie de Setúbal, à l'embouchure du Rio Sado rejoignant l'Atlantique, les voiliers et les kayaks les ont remplacés. Le kayak de mer semble d'ailleurs relativement populaire et j'envie beaucoup cet homme qui, sur une mer étale et sous un soleil radieux, défile le long du cargo grec Hellenic ancré dans la baie depuis des jours.
Un peu en amont, dans le secteur portuaire, le traversier qui relie la ville à la péninsule balnéaire de Tróia ne fait jamais relâche. Impossible de ne pas voir cette chose flottante de couleur vert fluo qui traverse sans cesse l'horizon à vive allure.
La sardine à l'honneurComme sur tout quai qui se respecte, les pêcheurs du dimanche viennent tendre leurs perches démesurément longues en espérant tenter quelques grosses sardines. Car, à Setúbal comme ailleurs au Portugal, la sardine fait figure d'emblème halieutique. N'oublions quand même pas que nous nous trouvons dans le troisième port de pêche le plus important du Portugal et que les Portugais sont les plus grands consommateurs de poisson d'Europe.
Tout le long de l'imposant boulevard qui traverse le sud de la ville en épousant le pourtour de la baie, les restaurants de poissons et de fruits de mer se succèdent. Tous semblables, ils présentent un menu similaire et tentent de séduire le passant avec un étal de poissons frais assez convaincant par sa diversité de formes et de couleurs. Chaque bistrot possède sa terrasse qui avance sur le trottoir ainsi que son énorme gril au charbon de bois installé en permanence au bord de la rue.
La spécialité demeure la sardine géante grillée sur feu vif. Avis à ceux et celles qui s'étouffent à la première arête venue, le désossage de la sardine se veut une oeuvre de minutie dont les résultats ne sont pas assurés. À la carte, il y a tout aussi bien le calmar, la pieuvre, la sole, le thon, le flétan, le maquereau et tout ce qui fait saliver les amants des produits de la mer. Toutefois, la façon de les apprêter varie très peu.
Les Portugais adorent également les caracois, de petits escargots qu'on vend partout sur les quais et qu'il faut faire bouillir deux heures dans un court-bouillon avant de le déguster.
Le repas de poisson s'accompagne invariablement d'un pain divinement bon, de légumes et d'un excellent fromage local, le Queijo de Azeitão, ou bien d'un fromage de petit-lait frais, crémeux et sans goût. Tout cela s'arrose avant, après et même pendant d'un rafraîchissant Moscatel de Setúbal, un vin de muscat liquoreux et tout à fait exquis, détenteur d'une AOC depuis 1908.
Les vieux quartiersJ'ai goûté Setúbal par petites bouchées. Je l'ai humé aux vents fétides du marché de poisson comme à l'air du grand large. Je l'ai regardé vivre tranquillement en l'observant au marché, dans la rue, à la poissonnerie, au restaurant et sur les quais.
J'ai épousé son rythme en m'affalant sur un banc du parc central pour tromper mon régime en partageant avec les pigeons un sac de chips maison. Une bonne boisson gazeuse avec ça! Puis un doux cigare des Açores.
Et j'ai repris ma marche improvisée, attiré par les palmiers de la place du Brocage et par la statue d'une femme accroupie au bout d'une allée de fontaines. Sur la grande place inondée de soleil et ceinte de superbes bâtiments pastel, dont l'église São Julião avec ses portails manuélins, trône au haut d'une colonne de marbre la statue du grand poète Maria Barbosa l'Hedois du Bocage, né à Setúbal en 1765. De cet endroit, on a le choix des rues, des ruelles et des passages où se perdre. Rues commerciales étroites et, surtout, rues résidentielles où se succèdent les maisons aux extraordinaires devantures de faïence.
Tradition de faïenceParfois défraîchis, toujours fascinants ces pans de murs entiers recouverts de carreaux de céramique aux motifs éblouissants. Parmi les expressions culturelles les plus saisissantes du Portugal, cette très longue tradition de faïence décorative reste omniprésente dans les vieilles villes. Inspirée de la céramique importée de Chine par les marchands dès le premier voyage de Vasco de Gama aux Indes, ces oeuvres parfois monumentales couvrent des bâtiments entiers ou forment simplement des tableaux inspirés par la nature du commerce que l'édifice abrite : poissonnerie, taverne ou autre. Même les noms des rues sont peints sur la faïence.
Le plus saisissant trésor de Setúbal demeure toutefois la fabuleuse église de Jésus, Igreja Jesus, un chef-d'oeuvre gothique du XVe siècle (1491) qui définit merveilleusement un style architectural résolument portugais. C'est effectivement ici que le maître architecte Boytac, à qui on doit aussi le fameux monastère de Belém (Lisbonne), a introduit pour la première fois un décor qu'on a ensuite qualifié de «manuélin» puisqu'il se développe sous le règne du roi Manuel 1er, dit Manuel le Fortuné.
Setúbal en bref-Setúbal se situe au sud de la côte du Portugal, à moins de 50 kilomètres de la ville de Lisbonne.
-Avec le temps, cette ville est presque devenue une banlieue de la capitale, à laquelle elle est reliée par l'autoroute 2.
-Setúbal fait donc partie intégrante de ce qu'on appelle le Grand-Lisbonne, mais elle est également la principale agglomération du district qui porte son nom ainsi que la porte d'entrée de la région touristique de la Costa Azul, qui s'étend du sud de Lisbonne et du Tage jusqu'en Algarve.
-Setúbal compte 118 696 habitants pour une superficie de 172 kilomètres carrés.
-La baie de Setúbal est membre du Club des plus belles baies du monde aux côtés de la baie des Chaleurs et de celle de Tadoussac.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]-Complément de visite incontournable, le parc naturel Sierra de Arrábida se situe à l'ouest de Setúbal. D'une superficie de 10 000 hectares, cette région éblouit par son relief montagneux qui se découpe sur la mer.
-Plusieurs excursions sont offertes dans la baie de Setúbal à bord d'anciens bateaux de pêche ou sur un magnifique catamaran. Ces sorties en mer permettent naturellement de découvrir les beautés de la côte de la Serra de Arrábida, mais les plus chanceux ont également en prime une rencontre avec un petit groupe de dauphins qui vit dans la baie et qu'on appelle localement Roaz.
-À partir de Setúbal, au sud, la route nationale 261 permet d'accéder à une incroyable succession de plages demeurées sauvages grâce à leur statut de zone protégée.
-On trouve le Thasos Moscatel de Setúbal 2003 dans plusieurs succursales de la SAQ au prix de 11,80 $.
-Costa Azul :
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]-Le meilleur site d'information générale :
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-Guide de voyage : Portugal, Éditions Ulysse, 29,95 $,
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