La multiplication des croisières aux antipodesAndré Désiront, collaboration spéciale
La Presse[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le Aquamarine de Louis Cruises.
Photo: Bernard Brault, La Presse Le Spitzberg, les Malouines, Fujaïrah, Nosy Be, les Shetlands du Sud... autant de coins perdus. Pendant longtemps, bien des voyageurs n'en soupçonnaient même pas l'existence ! Ils commencent à émerger de l'anonymat auquel les condamnait leur éloignement des grands axes touristiques et c'est, en bonne partie, parce que les compagnies de croisières sont de plus en plus enclines à en faire des escales.
«Le consommateur nord-américain a beaucoup voyagé et il veut découvrir autre chose», dit Jean Colette, président de Club Voyages Dumoulin et ancien directeur des ventes au Québec de Carnival Cruise Line. «C'est la même chose pour les amateurs de croisières : ils ont fait plusieurs fois les Antilles et la Méditerranée. Certains sont allés en Alaska. Comme les croisières dans les destinations lointaines deviennent de plus en plus abordables, elle suscitent de plus en plus de demandes.»Jusqu'à tout récemment, seules les compagnies de luxe ou de grand luxe envoyaient leurs paquebots doubler le cap Horn ou croiser entre les îles de l'archipel indonésien. Seuls leurs clients fortunés avaient non seulement les moyens, mais aussi l'envie de naviguer aux antipodes.
Signe des temps ? Aujourd'hui les compagnies d'entrée de gamme, qui s'adressent principalement à une clientèle de masse, envoient plusieurs navires de l'autre côté du globe. Un paquebot des Norwegian Cruise Lines fait régulièrement la navette entre Valparaiso et Buenos Aires via le détroit de Magellan. Royal Caribbean affecte plusieurs navires aux antipodes : Extrême-Orient, golfe Persique, Australie. Et ceux des Costa Cruises sont partout : dans les Émirats du Golfe, en Inde, dans les îles de l'océan Indien, au Groenland...
«Puisque nous lançons chaque année de nouveaux navires, nous devons attirer d'autres clientèles, et c'est d'abord pour stimuler la demande sur les marchés locaux que nous déployons notre flotte en Australie ou en Asie», note Kenneth Brooks, directeur des ventes pour le Canada de Royal Caribbean et Celebrity Cruises. «La proportion de Nord-Américains sur ces navires reste encore faible. Mais elle augmente régulièrement et elle exploserait, probablement, si le coût des billets d'avion ne la freinait pas.»
Mais justement, Royal Caribbean et d'autres compagnies offrent une série de courtes croisières au départ des ports chinois, qui se combinent très bien à un circuit dans cette région du monde. Les croisières de cinq ou de sept jours au départ de Shanghai vers le Japon et la Corée sont des compléments naturels à un circuit en Chine.
Et les régions polaires suscitent de plus en plus d'intérêt. En 2007, par exemple, 34 354 passagers, dont 12 % de Canadiens, avaient embarqué sur un des 40 navires qui effectuent des croisières dans les eaux antarctiques, le plus souvent au départ d'Ushuaïa, la ville la plus méridionale du globe.
Voici 10 ans, la croisière en Antarctique était la chasse gardée des agences dites «d'expéditions», comme G.A.P. Adventures ou Quark Expeditions, qui reconvertissent d'anciens brise-glaces en petits navires de croisières. Aujourd'hui, Norwegian, Princess, Crystal et la très chic Compagnie du Ponant envoient leurs paquebots dans les eaux glacées du continent austral. Les grandes compagnies programment aussi des expéditions au Groenland et au Spitzberg, cet archipel norvégien situé bien au-delà du cercle polaire arctique.
Bientôt, ce sera le tour de l'Afrique, à peine effleurée présentement par quelques navires de plaisance. «C'est que la croisière offre un environnement et un encadrement sécuritaire qui incite certains consommateurs à visiter des destinations où ils n'iraient pas dans d'autres contextes, pour des raisons d'hygiène ou encore parce qu'ils ont peur d'y côtoyer la pauvreté», observe Jean Colette.
Source: Cyberpresse.ca