Les professionnels du tourisme, déjà touchés par la crise économique,
redoutent les conséquences de l'attentat meurtrier commis jeudi par
l'ETA aux Baléares, une destination très appréciée des vacanciers
étrangers frappée en plein pic d'activité estivale. Majorque, son
soleil, ses plages, ses discothèques bon marché, qui attirent chaque
année des millions de touristes, a été surprise par une puissante
explosion qui a tué deux jeunes gardes civils dans la localité de bord
de mer de Palmanova.
« On ne peut pas nier que cet attentat a
été une douche froide pour le secteur », a déclaré Pedro Iriondo,
président de l'Association des agences de voyages des Baléares.
Depuis
les quatre plages et les nombreux hôtels de Palmanova (30 000
chambres), les vacanciers, principalement britanniques, ont assisté
stupéfaits à la mise en place d'un grand périmètre de sécurité.
Nombre d'entre eux ont été confinés pendant plusieurs heures dans leur chambre d'hôtel.
Au
moment de l'attentat, quelque 400 000 vacanciers se trouvaient sur
l'île qui a été provisoirement bouclée, aéroport et ports inclus.
«
On ne s'attendait vraiment pas à cet attentat, vu les caractéristiques
insulaires de Majorque », a souligné M. Iriondo, précisant qu'aucune
annulation n'avait encore été enregistrée au lendemain de l'attentat
attribué à l'organisation indépendantiste basque armée ETA.
M.
Iriondo a cependant affirmé qu'il se sentait personnellement «
tranquille » et a déploré des initiatives comme celle du ministère
britannique des Affaires étrangères, qui a prévenu jeudi sur son site
internet, peu après l'attentat, de l'existence d'une « menace élevée de
terrorisme » en Espagne.
Même calme apparent à la Fédération
hôtelière des Baléares. « Nous espérons que la normalité sera totale
dans les prochaines heures ou jours », a déclaré son porte-parole,
Antonio Fuster.
« Nous ne pensons pas que ce triste événement
puisse avoir un impact important », a indiqué le tour-opérateur TUI qui
compte actuellement 50 000 clients sur l'île, assurant ne pas prévoir «
un nombre conséquent d'annulations ».
L'ensemble des îles
Baléares (Majorque, Minorque, Ibiza, Formentera) dégage 80% de leur
Produit intérieur brut de l'activité touristique, directement ou
indirectement.
L'archipel a été en juin la destination
espagnole préférée des touristes étrangers, selon les dernières données
officielles disponibles.
En 2008, ils ont été 10 millions à y
séjourner, dont 4 millions d'Allemands et 3,4 millions de Britanniques
qui plébiscitent l'archipel depuis des années.
La presse
espagnole parlait vendredi de « coup porté à l'épicentre touristique
des Baléares », d'autant que le secteur est déjà touché par la crise
économique.
Depuis le début de l'année, le nombre de
touristes a reculé de 12,5% par rapport à 2008, selon les données du
ministère de l'Industrie et du Tourisme.
L'Espagne, touchée
dans son ensemble, a été dépassée cette année par les Etats-Unis comme
deuxième destination touristique mondiale derrière la France.
Les
médias espagnols s'en prenaient durement vendredi au traitement réservé
à l'attentat par certains journaux étrangers, en particulier
britanniques.
El Mundo, qui évoque « Les titres de la honte
», estime que le tabloïd The Sun a choisi un angle « misérable » en
évoquant « un enfant britannique terrorisé, assistant au retrait du
corps d'un policier de sa voiture détruite ».
Sont également
critiqués les choix de titres comme « Chaos à Majorque » ou « Une bombe
gâche les vacances britanniques », passant au second plan le sort des
gardes civils tués.