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 Que faire de Guantanamo ?

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2 participants
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Buena Dias
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Buena Dias


Vierge Localisation : Magog
Emploi/loisirs : voyage
Votre pays : Que faire de Guantanamo ? Ca10

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MessageSujet: Que faire de Guantanamo ?   Que faire de Guantanamo ? Clock210Mer 1 Juil 2009 - 5:44

Il faut un sens du divertissement teinté de sadisme pour envisager de
transformer Guantanamo en destination vacances. Ou cela relève
peut-être simplement d’un manque d’imagination. Au lieu d’hommes
enchaînés, à genoux et vêtus de combinaisons orange, imaginez une plage
impeccable, un littoral protégé où nichent des carets, une espèce
menacée de tortue de mer, aux côtés des iguanes de Cuba. Les terres qui
bordent la baie, trop abruptes pour la culture de la canne à sucre,
sont couvertes de forêts qui abritent des boas de Cuba, longs de 3
mètres, des rainettes et des colibris-abeilles [les plus petits
oiseaux-mouches au monde]. Un nirvana de l’écotourisme, en somme. Et,
au lieu du centre de détention, imaginez un complexe de recherche
consacré à l’étude de l’écologie particulière de la région, ou
combinant le meilleur de la médecine américaine et cubaine. Ou pourquoi
pas un musée qui parvient, par une extraordinaire prouesse de ses
conservateurs, à conserver la mémoire de ce centre de détention sans
chercher à justifier son passé trouble. Ce sont là quelques-unes des
idées pour la conversion future de Guantanamo, et certains travaillent
déjà à les concrétiser.

Alors que les Etats-Unis mènent deux
guerres de front et que l’économie américaine est sous perfusion,
Guantanamo n’est peut-être pas une priorité pour le président Obama.
Mais c’est le problème le plus épineux. En promettant de fermer la
prison, l’administration s’est elle-même obligée à répondre à une
multitude de questions difficiles : faut-il libérer certains détenus ?
Comment garder leur trace ? Où placer ceux qui ne seront pas libérés et
comment engager des procédures à leur encontre (faut-il le faire ?) ?
Que faut-il révéler de ce qui s’est déroulé là-bas ?
L’un des aspects du problème n’a cependant pas reçu la même attention : que faire avec le site de Guantanamo ?


Le sort du centre de détention n’a pas le même poids que celui des
hommes qui y sont actuellement détenus. Après tout, cette question
n’implique pas de vies humaines. Mais, plus encore que toute autre
considération pratique, cet enjeu soulève la question du message que
l’on souhaite adresser au monde. Pendant plus d’un siècle, la base
navale américaine de Guantanamo a servi des objectifs principalement
symboliques. Indéracinable et longtemps peu utilisée, elle servait à
rappeler – de manière assez désagréable – à Cuba et au reste de
l’Amérique latine l’hégémonie militaire américaine. Plus récemment,
elle est devenue un symbole de la brutalité et des excès de la guerre
contre le terrorisme. Pour le président Obama et pour nous tous, la
question est maintenant de savoir quel nouveau symbole nous souhaitons
ériger à sa place ? Construite en 1903, la base navale de la baie de
Guantanamo est la plus ancienne base américaine à l’étranger à être
toujours en activité, même si sa survie n’est certainement pas fondée
sur une véritable nécessité militaire : pendant plusieurs dizaines
d’années, Guantanamo s’est cherché une raison d’être. Bâtie sur des
terres louées à Cuba par les Etats-Unis en échange du retrait des
troupes américaines après leur prise de contrôle de l’île pendant la
guerre hispano-américaine [1898], la base était à l’origine une station
d’approvisionnement en charbon pour les navires de guerre américains
patrouillant la mer des Antilles. Lorsque la marine américaine a adopté
le pétrole, la base de Guantanamo est devenue inutile. C’est seulement
avec la révolution cubaine que la base a trouvé ce qui allait être sa
vocation: agir en symbole de la détermination américaine à rester dans
le champ de vision de Fidel Castro de toutes les manières possibles.
Avant le 11-Septembre, les rares fois où la base a été appelée à agir
étaient dues aux particularités de sa juridiction : une base militaire
en sol étranger – et que le pays d’accueil ne peut expulser. Dans les
années 1990, Guantanamo a servi de centre de détention pour les
Haïtiens et les Cubains interceptés en mer alors qu’ils cherchaient à
rallier les Etats-Unis. L’administration Clinton ne souhaitait pas les
amener sur le sol américain car ils auraient pu y demander l’asile
politique.


La marine elle-même semble imaginer une vocation "post-guerre
contre le terrorisme" qui va dans ce sens pour Guantanamo. Au cours des
quelque trois ans qui ont passé depuis que Raul Castro a remplacé son
frère à la tête du pays, attisant les craintes d’instabilité politique,
la base a renforcé ses installations et peut maintenant facilement
accueillir 10 000 réfugiés, ce qui laisserait le temps aux autorités
américaines d’examiner les demandes d’asile et de déterminer quels
réfugiés pourraient pénétrer en territoire américain.

Les
propositions émanant de l’extérieur du gouvernement fédéral sont plus
créatives. Peter J. Hotez, qui dirige le département de médecine
tropicale de l’université George Washington, a proposé de convertir la
prison en centre de recherche international consacré au développement
de vaccins et de traitements pour certaines maladies tropicales moins
connues qui affectent durement les populations d’Amérique latine.
"Réinventer Guantanamo pour faire face aux problèmes les plus urgents
et négligés de notre hémisphère en matière de santé pourrait contribuer
à améliorer la réputation des Etats-Unis et son héritage dans la
région", écrit Peter J. Hotez.


Selon Larry Birns, directeur de l’ONG Council on Hemispheric
Affairs, Cuba serait certainement intéressé à instaurer une relation de
collaboration dans le domaine médical. Un projet commun pourrait en
effet permettre de trouver une solution à l’un des principaux problèmes
de la médecine cubaine : l’écart entre l’excellente formation des
médecins et la vétusté et la rareté des équipements médicaux. Nathaniel
T. Wheelwright, professeur de biologie à l’université Bowdoin, imagine
pour sa part la création d’un centre de recherche en biologie, mais
aussi celle d’une toute nouvelle économie fondée sur la richesse
écologique de la région de Guantanamo et s’inspirant du modèle de
l’écotourisme au Costa Rica.
D’autres propositions s’appuient sur la neutralité improvisée de
Guantanamo pour en faire un endroit unique destiné à accueillir non pas
les réfugiés et les criminels internationaux, mais les fonctionnaires
et les chefs d’Etat. Karen Greenberg, directrice du Centre sur la loi
et la sécurité de l’université de New York, suggère de convertir le
centre de détention en une sorte de site permanent destiné à accueillir
des rencontres entre représentants de différents pays – dont les
relations sont parfois tendues – afin d’aborder toutes sortes de
sujets. Un lieu où pourraient se tenir des réunions secrètes sans avoir
à craindre les fuites et la présence indiscrète des médias.


Quelques spécialistes de Cuba estiment pour leur part qu’après
le départ des détenus, il serait tout simplement temps de restituer
Guantanamo aux Cubains. Julia Sweig, du think tank Council on Foreign
Relations, se montre favorable à cette solution. La rétrocession de
Guantanamo susciterait la bienveillance des autorités cubaines et
pourrait potentiellement permettre de rétablir le contact entre les
deux gouvernements, , estime-t-elle. "Je crois qu’il ne se passera rien
à Guantanamo tant que la relation ne connaîtra pas d’améliorations
significatives", soutient pour sa part Peter Hakim, président
d’Inter-American Dialogue, une cellule de réflexion spécialisée dans le
continent américain. Pourtant, que ce soit pour Guantanamo ou la
politique cubaine en général, tous ceux qui suivent la question de près
ont l’impression que le nœud particulier de facteurs diplomatiques et
politiques qui a fait que les relations entre les Etats-Unis et Cuba
ont été si longtemps tendues pourrait bien être en train de se
relâcher. Et si les premiers six mois du mandat de l’administration
Obama nous ont appris quelque chose, c’est bien son goût pour les
grands gestes accompagnés de changements progressifs. Réinventer
Guantanamo pourrait bien s’inscrire dans cette démarche.
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Nicole C
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MessageSujet: Re: Que faire de Guantanamo ?   Que faire de Guantanamo ? Clock210Mer 1 Juil 2009 - 8:49

Ça sera intéressant de voir ce qu'ils en feront!!! Merci, Daniel!
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