Le loueur
américain d'avions ILFC, filiale de l'assureur AIG et premier client
d'Airbus, a averti mercredi qu'il risquait de se retrouver confronté à
une crise de liquidités menaçant sa survie.
International Lease
Finance Corporation (ILFC), le premier loueur d'avions au monde, a
besoin d'argent au plus vite. C'est à dire d'ici fin avril. Sans quoi, "il pourrait y avoir à l'avenir des doutes sur notre capacité à continuer comme entreprise", indique le groupe en préambule de son rapport annuel.
Bâtir une flotte de 955 avions nécessite en effet de beaucoup
s'endetter. Or, avec la crise financière, la dégradation de sa note par
les agences de notation, et la crise du marché aérien, ILFC a du mal à
faire face à ses obligations et, a fortiori, à trouver des fonds
supplémentaires.
Une des solutions traditionnelle d'ILFC était de se tourner vers sa
maison-mère. Mais celle-ci n'est autre qu'AIG, l'assureur américain
lui-même sauvé de la faillite grâce à 170 milliards d'argent public.
Malgré ses difficultés, AIG a continué à soutenir sa filiale, lui
accordant un prêt de 800 millions d'euros pour lui permettre de
poursuivre ses activités en mars.
Pour avril, AIG a accepté d'apporter 900 millions de dollars
supplémentaires, dont le déboursement doit encore être approuvé par la
branche new-yorkaise de la Réserve fédérale. Mais il en faudra
vraisemblablement plus. "Sans soutien additionnel d'AIG ou de
financement garanti d'une tierce partie", est-il écrit dans le rapport
annuel, ILFC envisage le risque d'une faillite.
AIG a toutefois indiqué jeudi à l'AFP s'être engagé à poursuivre le
financement de sa filiale jusqu'en mars 2010. Mais il ne cache pas non
plus son espoir de le vendre d'ici là.
Boeing et Airbus en première ligne
Une défaillance du premier loueur d'avions au monde aurait des
conséquences évidemment très négatives pour les deux principaux
constructeurs d'avions. Dans son rapport annuel, ILFC indique en effet
avoir commandé 168 appareils à Airbus et Boeing pour des livraisons
d'ici 2019 et un montant estimé de 16,7 milliards de dollars. Pour la
seule année 2009, 49 appareils doivent être livrés pour une facture de
3 milliards de dollars.
Le cri d'alarme lancé par ILFC ne fait qu'illustrer les sombres
prévisions de l'Association internationale du transport aérien (IATA)
qui a indiqué mardi s'attendre à une "grande baisse" des livraisons
pour Boeing et Airbus, ces prochaines années.
Alors qu'au premier semestre 2009, le financement de la plupart des
appareils commandés est assuré, la situation devrait aller en se
dégradant. En 2011, IATA table sur une baisse des livraisons à 700
avions fabriqués par Airbus et Boeing, contre 858 pour les deux
avionneurs en 2008.