Aéroport Trudeau: L'enfer aux douanesHéloïse Archambault[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Depuis trois ans, près de deux millions de
passagers ont dû faire preuve de patience
aux douanes de l’aéroport international de Montréal.
© Agence QMI / Mon Topo Près de deux millions de voyageurs ont dû patienter au-delà du délai normal pour franchir les douanes de l'aéroport de Montréal, depuis trois ans. Une statistique peu enviable qui place le terminal parmi les pires au Canada.
Cette statistique, compilée par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), a été obtenue en exclusivité par le Journal en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Entre janvier et novembre 2011 seulement, ce sont plus de 225 903 voyageurs qui ont été retardés par un délai anormal (plus de 20 minutes) aux douanes de l'aéroport international Pierre-Elliott Trudeau (PET).
Montréal à la traîne au CanadaPar ailleurs, les données compilées par l'ASFC démontrent que l'aéroport PET fait piètre figure au niveau national en ce qui concerne le pourcentage d'atteinte des standards aux douanes.
En 2011, 5,4 % des voyageurs ont dû patienter plus de 20 minutes aux douanes à Montréal. Seuls les aéroports de Vancouver (7 %) et d'Ottawa (8,2 %) ont fait pire (voir tableaux). En 2009, Montréal a terminé bon dernier, alors que 25 % des passagers ont été retardés. En 2010, seul l'aéroport d'Ottawa a été moins efficace que Montréal.
«Je ne suis pas du tout étonné, lance M. Lamothe, un voyageur rencontré à la sortie de l'aéroport. La semaine dernière, ça m'a pris une heure aux douanes. Le processus pourrait sûrement être amélioré.»
La pire des quatre dernières années à Montréal est sans contredit 2009, alors que plus d'un million de passagers ont été retardés.
Tout n'est pas "au beau fixe»«On ne peut pas dire que tout est au beau fixe, ce n'est pas toujours beau lorsqu'on regarde les statistiques, avoue Christiane Beaulieu, vice-présidente des affaires publiques à l'aéroport Montréal-Trudeau. Il y a certaines problématiques qui créent de la congestion.»
De son côté, l'ASFC refuse de commenter le classement des aéroports, sous prétexte que les temps d'attente ne peuvent être comparés.
«Les méthodes de compilation diffèrent d'un aéroport à l'autre, alors on ne peut pas affirmer que Montréal est moins performant, explique Véronique Lalime, porte-parole de l'ASFC. Des initiatives ont toutefois été entamées pour essayer d'uniformiser les résultats.»
Autre technique d'ici l'étéAfin d'améliorer la situation, l'aéroport Montréal-Trudeau compte mettre en place le «contrôle frontalier automatisé» d'ici l'été prochain. Ce système informatisé fait notamment en sorte que moins de voyageurs rencontrent un douanier, puisqu'ils sont sélectionnés aléatoirement.
«Le projet-pilote a très bien fonctionné à Vancouver. On croit donc que ça va nous aider à accélérer le processus», pense Christiane Beaulieu.
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Plusieurs problèmes causent l'attenteLes délais d'attente aux douanes, à Montréal, sont dus à des problèmes d'infrastructures et de manque de personnel, selon le syndicat des douaniers.
«De la manière que l'aéroport est conçu, il n'y a pas beaucoup de flexibilité pour accueillir tout le flot de voyageurs, croit le président du Syndicat national des douanes et de l'immigration du Canada, Jean-Pierre Fortin. En ce sens, Toronto et Vancouver sont carrément mieux conçus.»
Pénurie de 20%Un problème de pénurie de personnel douanier d'environ 20 % est aussi soulevé par le syndicat. L'attente aux douanes se fait donc surtout sentir durant l'heure de pointe du soir, soit entre 15 heures et 20 heures.
«Il y a beaucoup trop d'avions qui arrivent en même temps, alors ça crée des délais, poursuit Jean-Pierre Fortin. Il faudrait répartir les voyageurs sur une plus grande plage horaire.»
Questionné à ce sujet, l'aéroport Montréal-Trudeau réfute cet argument.
«Les avions ont des heures de départ dans le monde entier, indique Christiane Beaulieu, vice-présidente des affaires publiques à l'aéroport. Même si on dit qu'on n'aime pas les plages horaires, c'est comme ça.»
Avec la collaboration de notre bureau de recherche à Québec
Source: Canoe.ca