(Québec)
La guerre d'usure observée dans l'industrie des voyages dans le Sud
semble sourire à Sunwing, dont les parts de marché ont progressé cet
hiver.«Sunwing est maintenant le numéro
deux au pays derrière Transat», indique l'analyste David Newman, de la
Financière Banque Nationale. Selon ce dernier, l'entreprise
familiale de Toronto occupe 25 % du marché des forfaits vacances au
Canada comparativement à 50 % pour Transat.Au cours du dernier hiver,
la progression de Sunwing a été fulgurante.
Le voyagiste a multiplié les offres dans 33 marchés au pays, dont
Québec, Sept-Îles, Bagotville et Val-d'Or. Résultat : le nombre de
sièges disponibles chez Sunwing a bondi de 25 %.
«On traite nos clients avec respect alors que nos affaires progressent
de façon prudente», fait valoir le grand patron de Sunwing Québec, Sam
Char.Société à capital fermé ne traînant aucune dette, Sunwing affirme que
ses activités seront rentables cette année malgré la forte compétition
dans l'industrie. «Chose certaine, on ne perdra pas d'argent», signale
M. Char.L'an dernier, Sunwing a engrangé des revenus de plus de 500 millions $
avec une marge bénéficiaire nette d'environ 4 %. Cette année, le
chiffre d'affaires pourrait tourner autour de 750 millions $ avec une
marge de profits nets beaucoup plus faible, assure-t-on.
L'analyste David Newman souligne que Sunwing peut mieux réagir face à
la compétition et aux aléas du marché en raison d'une structure de
coûts d'organisation moins imposante (employés, maintenance,
administration, etc.). La société possède notamment sa propre flotte de
15 Boeing 737-800.Chez Transat, on reconnaît que la surabondance de sièges cet hiver vers
le Mexique et les Caraïbes a eu un impact sur les marges bénéficiaires
des forfaits vendus. En Amérique, les marges de profit de Transat ont
fondu de 3,9 % en 2008 à 0,2 % en 2009.Cet hiver,
Transat dit avoir surtout augmenté sa capacité de sièges de
10 % pour répondre à la demande, mais également pour montrer les dents
envers une compétition de plus en plus féroce. «Nos ventes ont
progressé de 10,5 %, alors que le nombre de passagers dans nos avions a
bondi de 16 %», note le porte-parole de Transat, Jean-Michel Laberge.Détenant d'abondantes liquidités, Transat (qui est cotée à la Bourse de
Toronto) a d'ailleurs la souplesse de jouer sur les prix. Le voyagiste
ne cache pas qu'il doit demeurer compétitif pour défendre ses parts de
marché. Guerre de prixCette surcapacité de sièges a d'ailleurs joué en faveur des
consommateurs cet hiver. Selon l'analyste de Financière Banque
Nationale, les prix des forfaits dans le Sud se vendaient 4 % moins
cher cette année que l'an dernier.Plusieurs analystes croient de leur côté que le pouvoir de négociation
de Transat lui a toutefois fait obtenir de meilleurs prix de ses
partenaires hôteliers. Ce qui s'est aussitôt traduit par de meilleurs
prix offerts aux consommateurs.Il y a aussi la baisse des prix du carburant qui a permis à certains
grossistes comme Sunwing de «jouer» sur les marges cet hiver. Une
situation à l'inverse observée chez Transat, qui a notamment perdu de
l'argent en raison de son programme de couverture sur les prix du
carburant. Jeudi, à la Bourse de Toronto, le titre de Transat A.T. (TRZ.B) a terminé la journée à 8,93 $, en hausse de 24 ¢.