Chez Emirates, le synonyme de « crise » est «
opportunité ». Malgré la baisse quasi générale du trafic aérien
international, la compagnie de Dubaï entend en effet poursuivre sa
croissance à deux chiffres. Avec pour objectif de passer de 22 millions
de passagers en 2008 à 35 millions en 2013. Alors que la plupart des
grandes compagnies ont revu à la baisse leur offre en 2009, Emirates
prévoit encore d'augmenter ses capacités en 2009 de 14 % pour le nombre
de sièges et de 17 % pour le cargo. Son PDG, Sheik Ammed bin Saeed
Al-Maktoum, l'a annoncé avant-hier à Dubaï, prenant ainsi le
contre-pied de la tendance mondiale. « 2009 ne sera pas une année facile pour le transport aérien, mais nous y voyons une opportunité », a-t-il
souligné. Le fondateur d'Emirates, qui a commandé 165 avions long-
courriers à Boeing et Airbus, dont 58 A380, a également exclu toute
annulation ou report de livraisons. La flotte de 129 avions
long-courriers devrait ainsi s'enrichir de 17 appareils sur l'année
2009 : 11 Boeing 777-300ER, 1 Boeing 777-200 LR et 5 A380, dont le
prochain est attendu en mars.
Emirates
espère ainsi profiter des réductions de capacités opérées par ses
concurrents pour prendre des parts de marché. Non pas que la compagnie
soit immunisée contre la crise. Après la flambée du prix du pétrole,
qui a fait reculer son bénéfice net de 88 % au premier semestre
(avril-septembre) 2008-2009, la réduction des déplacements et
l'effondrement du trafic cargo, ajoutés à l'éclatement de la bulle
spéculative immobilière à Dubaï, devraient sévèrement impacter ses
bénéfices.
Différentiel de coûts
Après
les profits record de l'an dernier (1,37 milliard de dollars pour 10,8
milliards de chiffre d'affaires), le résultat net devrait tomber à 543
millions, estime son directeur général, Tim Clark. Mais l'entreprise
peut compter sur le différentiel de coûts avec ses principaux
concurrents, généré par la jeunesse de sa flotte, l'absence de taxe à
Dubaï et sa bonne situation financière après vingt années de profits
interrompus, pour continuer à dégager des bénéfices là où les
compagnies européennes n'y arrivent plus. Ainsi, quand Air France-KLM
doit se résoudre à fermer sa desserte de Madras, c'est autant de
passagers à prendre pour Emirates, dont l'offre sur l'Inde est passée
de 131 à 162 vols par semaine sur dix destinations. C'est également ce
différentiel de coût qui lui permet d'opérer cinq vols par semaine au
départ de Nice sans y perdre sa chemise. Au total, son trafic France a
ainsi augmenté de 25 % sur un an et de 31 % en janvier, selon son
directeur France et Benelux, Jean-Luc Grillet. Au différentiel de coûts
s'ajoute également l'attrait de l'A380. Alors que les avions de British
Airways se vident, l'A380 Emirates affiche ainsi un taux de remplissage
de 95 % en « haute contribution ».